CLAUDEL Philippe
L'ARBRE DU PAYS TORAJA, roman, Stock, 2016, 209 pages
Un roman d'une écriture sobre, éclairée qui dès le début attaque avec un rituel de la mort en Indonésie.L'auteur se questionne et nous questionne sur le sens de la mort, ses représentations, ses approches, ses perceptions. Certains vivants nous semblent sans vie et certains morts nous semblent vivants par leur passé actif, leurs souvenirs imprégnés dans notre mémoire collective et individuelle.
"Mon corps a plus de mémoire que moi."
L'amitié, l'amour, l'enfance, la collaboration, les voyages, les rencontres laissent des traces en chacun de nous et survivent malgré la mort.
"Quel est le plus haut degré du vivant? Et que nous enseigne notre corps à ce propos? Ne pas se soucier de lui, ne pas le sentir, ne pas s'en préoccuper: est-ce cela être vivant?"
Un sujet touchant, toujours actuel, un auteur de talent qui aborde le sujet à sa manière.
Gilles Lagrois, Auclair, Québec
www. livresentete.vip-blog.com
"Sur l'île de SULAWESI vivent les TORAJA. L'existence de ce peuple est obsessionnellement rythmée par la mort...l'organisation de ses funérailles occupe des semaines, des mois, parfois des années"
"Le mot cancer dans nos sociétés résonne comme une antichambre de la mort."
"On est en rémission dans meilleur des cas. Il s'agit souvent d'un mensonge, car il existe des cancers très pressés."
"La mort fait de nous tous des enfants."
"L'alpinisme n'est pas seulement un sport, c'est un désir de mesurer la disparités des proportions, celles de l'espace comme celles du temps. Là-bas, là-haut nous ne sommes rien.L'alpinisme est une leçon rugueuse de philosophie. "
"Vivre, en quelque sorte, c'est savoir survivre et recomposer la force de durer."
"Et peut-on relier le mal et l'homme? Sommes-nous toujours et simplement les victimes de nous-mêmes ou coupables de notre propre chute?
"Le corps est en quelque sorte un produit brut, qui se métamorphose et dont l'enfant explore les possibilités.
Pour en savoir davantage:
Résumé :
"Qu’est-ce que c’est les vivants ? À première vue, tout n’est qu’évidence. Être avec les vivants. Être dans la vie. Mais qu’est-ce que cela signifie, profondément, être vivant ? Quand je respire et marche, quand je mange, quand je rêve, suis- je pleinement vivant ? Quand je sens la chaleur douce d’Elena, suis-je davantage vivant ? Quel est le plus haut degré du vivant ? "
Un cinéaste au mitan de sa vie perd son meilleur ami et réfléchit sur la part que la mort occupe dans notre existence. Entre deux femmes magnifiques, entre le présent et le passé, dans la mémoire des visages aimés et la lumière des rencontres inattendues, L’Arbre du pays Toraja célèbre les promesses de la vie."L'ÉDITEUR
"Si vous décidez d'ouvrir ce livre, d'écarter les larges feuilles vertes sur fond bleu turquoise de la couverture qui accroche l'oeil, sachez que vous entrerez symboliquement dans l'arbre du pays Toraja, c'est à dire dans la sépulture destinée aux très jeunes enfants de ce pays. Oui, carrément !
Mais non, votre lecture ne sera pas triste, morne et larmoyante, bien au contraire. C'est un arbre symbole de vie et d'espoir d'un pays où la mort côtoie la vie naturellement, où elle est longuement célébrée, contrairement à chez nous.
« Une cavité est sculptée à même le tronc de l'arbre. On y dépose le petit mort emmailloté d'un linceul. On ferme la tombe ligneuse par un entrelacs de branchages et de tissus. Au fil des ans, lentement, la chair de l'arbre se referme, gardant le corps de l'enfant dans son grand corps à lui, sous son écorce ressoudée. Alors peu à peu commence le voyage qui le fait monter vers les cieux, au rythme patient de la croissance de l'arbre. »
Le ton est donné dès le début : le style est beau, direct, l'histoire énigmatique et simple à la fois. Un quinqua cinéaste, le narrateur, s'interroge à la mort de son meilleur ami et producteur sur la place qu'il occupait dans sa vie, sur sa nouvelle « présence » auprès de lui, sur la force des liens amicaux même au-delà de sa disparition physique.
« Le texte est devenu l'arbre du pays Toraja. »
La métaphore, même évidente, est belle. Philippe Claudel a déposé dans son arbre-hommage des lambeaux d'âmes défuntes, des souvenirs de vie et de magnifiques interrogations sur les rameaux qui poussent…après, car la vie continue et doit continuer, car « Vivre, en quelque sorte, c'est savoir survivre et recomposer. »
www.babelio.com