STRÉVEZ LA SALLE Dominique
LE SAINT PATRON DES BACKPACKERS, XYZ, 2015, 166 pages.
Un roman mais surtout un récit de voyage d'un jeune homme Québécois de dix-neuf ans en Europe de l'Est: Bratislava, Slovaquie. Budapest. Un jeune homme qui recherche l'amour ou plutôt qui aimerait avoir une première expérience sexuelle avec une belle femme de son goût. Il fait la connaissance d'un jeune homme lui aussi Québécois mais grand et du genre tombeur de femmes avec une gueule à la Marlon Brando, quelque peu arriviste et profiteur.
Un roman intime, une expérience de vie d'hommes à femmes à la recherche de conquête féminine hors Québec avec un sac à dos comme unique ménagerie.
Gilles Lagrois, Auclair, Québec
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NIL.JÉRÔME." NIL était assez perspicace pour se douter que je regrettais en silence ma position délicate de contrevenant aux lois de l'Union européenne et du monde entier.
"J'ébranlais sa fierté d'homme dont la valeur cardinale était de ne rien devoir à personne, je l'avais vu dans toute sa faiblesse: il me devait la liberté."
"Il me restait à apprendre combien la séduction d'une femme nécessite qu'on suspende momentanément tout orgueil personnel."
"Parler avec mon coeur, mais penser avec ma graine."
"Entraîne ton outil. Le reste va suivre."
"...les filles le sentent tout de suite que tu cherches l'âme soeur. C'est beaucoup trop lourd. Tu leur fais peur. Au début, les filles veulent s'amuser. Faut pas brûler les étapes. Arrête de faire la diva, cibole!"
"Toi, tu vois juste l'absolu."
"Tout est à tout le monde."
"Mais si je partais, il faudrait qu'il s'arrange sans sa vache à lait!"
Pour en savoir davantage:
" Le saint patron des backpackers, premier roman de Dominique Strévez La Salle, se fond avec le récit de Jérôme Baril, un jeune roux romantique de 19 ans qui a quitté la maison familiale de Saint-Silence-sur-la-Lièvre, dans l’Outaouais, pour s’offrir une année « sabbatique » en Europe après son cégep. Avec son sac à dos et un cahier Canada rempli de poèmes. Et investi d’une « mission fondamentale » : perdre sa virginité.
« À dix-neuf ans, les lois du sexe me semblaient aussi mystérieuses que le boson de Higgs. Ma fascination pour les femmes était vouée à une déception perpétuelle, frustrante, d’autant plus que le sexe semblait aller de soi pour tout le monde. Tout le monde fourrait. »
De Munich à Budapest, en passant par Bratislava et le nord de la France, ce court roman d’apprentissage et de fascination se résume à quelques mois de découvertes et de galère voyageuse, dont l’apothéose, dans une auberge de jeunesse de Bratislava, sera sa rencontre avec Nil, un autre Québécois. Plus vieux de quelques années, cet ancien étudiant en philosophie, anarchiste et activiste de l’ombre, « vénère le rire et le sexe comme les plus grands biens de la Terre ». Avec sa voix d’une autre époque,« comme un vinyle de Plume Latraverse, la gravelle des chemins de rang pognée dans la gorge », il roule sa bosse en Europe depuis déjà quelques années.
Aux yeux de son cadet, avec son charisme et sa grâce naturelle, Nil n’est rien moins qu’un dieu, l’incarnation même de la route, de la liberté, d’un infini pouvoir de séduction. Un professeur de désir doublé d’un road bum, avec qui se succèdent les magouilles, les beuveries à coups de grosses Pilsner Urquell et les petites trahisons.
Ni femme, ni dieu, ni maître
Mais toujours pas de femme pour Jérôme, jamais bien loin pourtant de ces beautés slaves qui lui font tourner la tête, lui qui semble jouer toute son existence à chacune de ses manoeuvres d’approche. « Je me vautrais dans mon drame personnel, j’écrivais dans ma tête des poèmes qui me faisaient saigner par en dedans, mais rien n’était plus fort que la croix de Gaspé plantée dans mon jeans. »
http://www.ledevoir.com/culture/livres/449244/critique-la-lecon-de-cynisme-du-professeur-de-desir