BOUYSSE Franck
GROSSIR LE CIEL,2014, France, 198 pages
Un roman réussi. Un village, deux voisins. La vie au jour le jour. Deux hommes sans famille, sans femme. Deux solitaires. La vie de deux voisins où le quotidien prend toute la place, le temps, les tâches saisonnières jusqu'à ce qu'un événement va bouleverser ce quotidien tranquille, sans histoire.
J'ai aimé ce roman pour son écriture pénétrante, à fleur de peu, d'une grande sensibilité et d'intériorité. Il ne ne passe rien sinon dans la mémoire et la conscience de chacun.
Un roman qui pose la question à savoir quel est le lien entre les deux personnages. Chacun a le choix de sa vie sans réponse possible, sans justification. Les relations ne sont pas aux confidences et aux échanges personnels.
Un auteur à découvrir pour son intériorité et le respect du choix de vie de chacun.
Gilles Lagrois, Auclair, Québec>
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"C'était une drôle de journée, une de celles qui vous font quitter l'endroit où vous étiez assis depuis toujours sans vous demander votre avis."
"Le hameau le plus proche s'appelait Grizac, situé sur la commune du Pont-de-Mont-Vert."
GUS. "Les distances, dans ce coin-là, c'était du temps, pas des mètres et GUS n'était pas un oiseau."
"Pas malheureux, pas vraiment heureux non plus."
"Tout ce qu'il avait jamais su faire, ce qu'on attendait de lui."
"Un drôle de pays de brutes et de taiseux."
"Mais qui aurait pu raisonnablement affirmer qu'un voisin et un chien représentaient une vraie famille? Juste mieux que rien."
"La solitude est point commun à beaucoup d'hommes et de femmes, comme si la mort
s'invitait à tous les mariages."
"Têtu les gens du cru!|"
"Les gens sans opinion n'intéressent personne."
"Le diable,il habite pas les enfers, c'est au paradis, qu'il habite."
"Ça aussi, c'était sa liberté, pouvoir choisir d'être seul dans cette obscurité promise."
Résumé :
" L' abbé Pierre vient de mourir. Gus ne saurait dire pourquoi la nouvelle le remue de la sorte. Il ne l' avait pourtant jamais connu, cet homme-là, catholique de surcroît, alors que Gus est protestant. Mais sans savoir pourquoi, c'était un peu comme si l'abbé faisait partie de sa famille, et elle n'est pas bien grande, la famille de Gus. En fait, il n'en a plus vraiment, à part Abel et Mars. Mais qui aurait pu raisonnablement affirmer qu'un voisin et un chien représentaient une vraie famille ? Juste mieux que rien. C'est justement près de la ferme de son voisin Abel que Gus se poste en ce froid matin de janvier avec son calibre seize à canons superposés. Il a repéré du gibier. Mais au moment de tirer, un coup de feu. Abel sans doute a eu la même idée? Non.
Longtemps après, Gus se dira qu'il n aurait jamais dû baisser les yeux. Il y avait cette grosse tache dans la neige. Gus va rester immobile, incapable de comprendre. La neige se colore en rouge, au fur et à mesure de sa chute. Que s'est-il passé chez Abel ?"
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Un lecteur
"Deux fermes éloignées de quelques centaines de mètres dans ce coin paumé des Cévennes. Au lieu-dit appelé Les Doges. Autour, des grands espaces, des montagnes, des forêts et des prairies. Recouverts de neige une bonne partie de l'année. C'est ici que vivent Gus et son chien, Mars, et Abel. Deux paysans isolés des hommes. Qui s'occupent de la terre et élèvent quelques vaches et veaux. Ils ne demandent rien à personne, vivent et se contentent de peu. Ils se rendent de menus services, à l'occasion, mélangent leurs solitudes en buvant un coup, chez l'un ou chez l'autre. Mais se connaissent très peu finalement, bien qu'ils soient voisins depuis toujours. En ce jour du décès de l'abbé Pierre, la vie de chacun va brutalement être chamboulée...
Franck Bouysse nous plonge au coeur de ces espaces sans fin. Dans les Cévennes, loin de tout, l'on fait ainsi la connaissance de Gus et son chien Mars, et Abel. Deux taiseux qui ne parlent pas pour ne rien dire. Deux âmes solitaires, un lourd passé et des secrets familiaux qui semblent peser. L'auteur dévoile peu à peu la vie de Gus, un homme confronté à la rudesse de la vie, une vie rythmée par le temps et les bêtes. Il prend son temps et s'attarde sur de menus détails de la vie quotidienne et décrit avec précision la nature environnante, les silences et la solitude. L'écriture, élégante, d'une incroyable justesse et précision, sert à merveille ce récit aux personnages forts et complexes. Les dialogues, si rares, sont savoureux et percutants. Ce roman, inquiétant, sauvage, âpre et profondément sombre, est un véritable hymne à la nature, froide et minérale, et aux hommes."
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