SLIMANI LEÏLA
CHANSON DOUCE, roman, Gallimard, 226 pages,Prix Goncourt 2016
Un roman étonnant, éclatant par son style et surtout par son sujet, l'histoire d'une nounou atteinte de "mélancolie délirante".
Gilles LAGROIS, Auclair, Québec
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Une nounou pour leurs enfants."Pour le reste, pas trop vieille, pas voilée et pas fumeuse.L'important c'est qu'elle soit vive et disponible. Qu'elle bosse pour qu'on puisse bosser."
"MYRIAM ne le sait pas mais ce que LOUISE préfère, jouer à cache-cache."
"LOUISE, c'est pas drôle. Où es-tu?L'enfant s'énerve, tape des pieds. LOUISE attend. Elle les regarde comme on étudie l'agonie du poisson à peine pêché."
"Le désespoir de l'enfant ne la fait pas plier."
"LOUISE s'enfonce dans une rêverie obscène."
"La nounou avait l'air soucieuse et elle avait fini par parler de ses problèmes d'argent...comme un ballon se vide de son air, de plus en plus vite."
"Sa mâchoire tremble tellement qu'elle ne peut même plus appeler la fillette, MILA."
"Enfermée dans l'appartement des MASSÉ, elle a parfois l'impression de devenir folle."
LOUISE."Mélancolie délirante". Une haine monte en elle. Une haine qui brouille tout."
"LOUISE. Ce bébé, elle le désire avec une violence de fanatique, un aveuglement de possédé...au point d'avoir mal, au point d'être capable d'étouffer, de brûler, d'anéantir tout..."
"Son âme est lestée de cailloux. Son coeur s'est endurci."
Pour en savoir davantage:
Résumé :
"Lorsque Myriam, mère de deux jeunes enfants, décide malgré les réticences de son mari de reprendre son activité au sein d'un cabinet d'avocats, le couple se met à la recherche d'une nounou. Après un casting sévère, ils engagent Louise, qui conquiert très vite l'affection des enfants et occupe progressivement une place centrale dans le foyer. Peu à peu le piège de la dépendance mutuelle va se refermer, jusqu'au drame.
À travers la description précise du jeune couple et celle du personnage fascinant et mystérieux de la nounou, c'est notre époque qui se révèle, avec sa conception de l'amour et de l'éducation, des rapports de domination et d'argent, des préjugés de classe ou de culture. Le style sec et tranchant de Leïla Slimani, où percent des éclats de poésie ténébreuse, instaure dès les premières pages un suspense envoûtant."Les éditeurs
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Un lecteur:
"Tout a été dit déjà sur le livre de Leïla Slimani, et j'arrive après la bagarre- après le carnage plutôt.
Je viens de le lire d'une traite, ce matin, pour ne pas penser à ces lendemains- gueule-de- bois des élections américaines ni à ces autres lendemains gueule-de-bois bien français qui nous attendent dans quelques mois…
Je dois dire que le remède est souverain : j'ai été emportée par ce thriller terrible dont les premières pages, atroces, nous disent d'emblée à quoi il faut nous attendre. Sans rien enlever, pour autant, à la terrible fascination d'un récit dépouillé, factuel, ni à la pertinence de l' analyse impitoyable du lent processus de désagrégation et d'entropie qui fait de Louise, nounou trop parfaite, une folle infanticide .
Le récit de Leïla Slimani, en effet, démonte brillamment le mécanisme d'une impitoyable aliénation sociale, morale, sentimentale et psychique qui transforme une pauvre créature sans amour en machine à tuer.
Ce qui, à chaud, me frappe plus que tout, est l'importance que prend, dans cette folie dévastatrice, le manque douloureux, béant, d'un « quelque part où aller ». Une citation en exergue de Dostoïevski indique déjà cette piste : « Car il faut que tout homme puisse aller quelque part ».
Toute femme aussi.
Sans lieu à elle- c'est-à-dire sans lieu conforme à ce qu'elle est, Louise, vraie maniaque d'ordre, de propreté, de confort- qu'elle dispense si bien et si miraculeusement dans son lieu de travail- est vouée à l'inexistence ou à la vie machinale des bêtes et des fous.
C'est pourquoi la vue de l'homme qui défèque sans vergogne dans la rue, devant la porte de son misérable appartement où la douche pourrie s'est effondrée, la renvoie à une vision terrible de son propre avenir.
Si elle perd son travail, si la famille qu'elle a investie, charmée, circonvenue, ne refait pas un autre bébé pour l'occuper, s'ils ne l'emmènent pas en vacances dans cette île- mirage de Sifnios où elle rêve de trouver asile, si la voisine de ses patrons ne lui permet pas de gagner quelques sous supplémentaires pour payer les dettes qui l'accablent, Louise sait qu'elle ira grossir la cohorte des sans domicile fixe, des clochards et des fous qu'elle voit errer dans les rues de Paris.
Et quand cette menace se précise, elle bascule dans la folie meurtrière."
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