CUSSET Catherine
L'AUTRE QU'ON ADORAIT, roman, 2016, 290 pages
Roman dont à la lecture, on ne reste pas indifférent au personnage principal, THOMAS. Un homme de grande taille rempli de belles qualités qui ne passent pas inaperçues.
Il fait fureur comme homme autant en FRANCE qu'aux ÉTATS-UNIS. C'est un fonceur, un discoureur, un verbal d'une sensibilité d'artiste, d'une grande culture et d'un charme fou dont on ne peut ignorer l'intelligence et les performances tant sociales qu'amoureuses. Il est à l'aise partout peu importe la masse, la classe, le rang social.Il vise grand et juste. Il manipule tout son entourage et se surestime.
Tout individu finit par affronter ses limites et être confronter à une autre réalité que la figure qu'il projette.
Un personnage admirable, un roman remarquable,une auteure brillante, épatante.
Gilles Lagrois, AUCLAIR, Québec
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THOMAS."Ils sont supposés chasser les casseurs,ceux qui profitent du désordre social et des manifestations pacifiques pour foutre le bordel, mais c'est le prétexte officiel:il s'agit de massacrer du Black et du Basané. France raciste."
"Devaquet a démissionné et Chirac a retiré le projet de loi. Vous levez le poing en l'air, vous vous embrassez, vous criez de joie. Vous avez gagné."
"Il est mignon . Nicolas, avec ses fossettes, ses taches de rousseur, ses cheveux bouclés et ses yeux gris-vert."
"Il était clair dans ton esprit que le plaisir de la chair n'était pas lié à l'amour."
"Je ne suis pas une dépuceleuse, et que sexuellement j'ai besoin d'être dominée. Ma franchise t'électrise."
"Tu aimes ce côté tranchant que j'appelais buté."
"Notre relation physique est de plus en plus forte.Tu es un amant imaginatif aux doigrs et la la langue agiles."
"La civilisation japonaise est celle du feu au cul."
"La sodomie dès la première fois, tu te rends compte?
"L'intensité du bonheur que tu goûtes avec elle est la mesure de l'angoisse qui a tordu tes nuits."
"La baise est la seule façon d'échapper à l'ennui; le désir la seule aiguille indiquant la vie."
"C'est à la cime du particulier qu'éclôt l'universel." PROUST
"Tu comprends: oui, la faiblesse fait partie de la force, et le doute de la création. PROUST aussi avait la conviction de n'avoir aucun talent, de ne pas être un poète, d'être médiocre, de décevoir sa mère."
"La misère et le luxe dans la même rue, la vie grouillante, le mouvement incessant: NEW YORK."
"C'est cela que j'ai pensé à l'instant où mon frère m'a appris ta mort: qu'il y aurait moins de rire sur la terre."
Pour en savoir davantage:
Résumé :
"L’autre qu’on adorait fait revivre Thomas, un homme d’une vitalité exubérante qui fut l’amant, puis le proche ami de la narratrice, et qui s’est suicidé à trente-neuf ans aux États-Unis. Ce douzième roman de Catherine Cusset, où l’on retrouve l’intensité psychologique, le style serré et le rythme rapide qui ont fait le succès du Problème avec Jane, de La haine de la famille et d’Un brillant avenir, déroule avec une rare empathie la mécanique implacable d’une descente aux enfers."LES ÉDITEURS
Un lecteur:
"Bel hommage à un ami perdu, à travers de portrait sans complaisance mais beaucoup de tendresse.
C'est à la fin du lycée, dans les années 80 que la bande se constitue, des étudiants prometteurs, y compris Thomas, même si, déjà, les résultats dont il ne doutait pas ne sont pas à la hauteur de ses espérances. Sciences-Po, c'est un piètre succédané quand on vise Normale Sup. Ça ne marche pas en France, qu'à cela ne tienne, Les Etats-Unis sauront reconnaître sa valeur. et Thomas s'embarque dans des années de déménagements, de postulation, d'amours aussi définitives que transitoires, d'alcool, un peu, d'insomnie, beaucoup, d'exubérance et de déconvenues qui peu à peu sapent les bases fragiles d'une personnalité pas ordinaire.
On est immergé avec Thomas dans le milieu universitaire américain, avec sa hiérarchie des établissements, ses codes internes, sa liberté pédagogique et ses limites infranchissables (le principal piège que Thomas n'évite pas, c'est l'interdiction absolue d'avoir une relation avec une étudiante). Les repères historiques sont également adroitement insérés. c'est une belle évocation, à la fois littéraire et pédagogique, des Etats-Unis de la fin du vingtième siècle, sans oublier les références nombreuses à la musique, et à la littérature, puisque Thomas est un
"vingtièmiste" spécialiste de Proust.
Parlons des amours de Thomas, et de son talent de séduction. Elles sont toutes vite attirées par le charme et le bagout du frenchy, prêtes à passer sur ses excès. Ana, Elisa, Olga (une folle grave celle-là), Nora, elles ont toutes été sincèrement aimées. Aucune n'est restée.
Peu à peu, le portrait révèle les failles qui expliquent le prologue dramatique, avec la découverte du corps de Thomas. Les indices sont subtilement amenés, l'insomnie, les excès, les échecs aussi, dont on ne connaît pas clairement la cause, mais qui pourraient bien être liés à des agissements inopportuns du jeune homme. Pour aboutir à une claire explication qui donne la cohérence et la raison d'être du récit.
Tout cela est très bien fait mais…
Le choix de l'auteur de s'adresser au personnage principal par un tutoiement est une épreuve pour le lecteur. On comprend l'intention, qui correspond à une sorte d'éloge funèbre où l'on s'adresse au défunt, en retardant le moment où l'on ne pourra plus s'adresser à lui. Mais il faut, en tant que lecteur, presque visualiser ce dialogue mortuaire pour suivre l'intrigue. D'autant que c'est Catherine, l'auteur, qui parle. Certes, au fil de la lecture, la gymnastique s'acquiert, mais il faut tout de même un certain temps pour naviguer aisément dans le texte.
Belle écriture." www.babelio.com