GARY Romain
CHIEN BLANC, 1970, 219 pages, ****
Un récit, non pas un roman sur la haine raciale aux États-Unis dans les années fin soixante, au moment même où en France c'était la crise, la révolte de Mai 1968.
Ce livre est un récit de ROMAIN GARY,auteur Français marié à une actrice Américaine, JEAN SEBERG. Ils droit de résidence autant en France qu'aux États-unis.
Un récit avec toute la lucidité de l'auteur qui est intrinsèquement pacifique, tolérant, non engagé et non partisan d'un parti politique.
Un homme lucide qui ne prend pas parti sauf contre les connards, les dictateurs et les injustices sociales.
Ce récit relate des faits, des leçons de vie contre le racisme noir dont le récit de CHIEN NOIR qui est un chien qui a été dressé spécifiquement pour agresser toute personne noire sous prétexte de protection personnelle. Un chien de garde personnel.
Nous devenons témoins de situations raciales contre les Noirs en Amérique Blanche, de l'histoire des NOIRS se battant pour leurs droits et la reconnaissance de leur égalité humaine.
ROMAIN GARY est un homme d'une belle nature, d'une bonne nature. Il observe sans juger, sans exploser, sans interférer.
Ce récit est dense, réfléchi; celui d'un observateur averti avec une écriture éloquente doublée d'une réflexion politique incontestable.
Un moment historique touchant mais définitivement jamais résolu.
Quelle doit être la couleur de la peau d'un humain libre?
Gilles LAGROIS, Auclair, Québec
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"C'est assez terrible, d'aimer les bêtes. Lorsque vous voyez dans un chien un être humain, vous ne pouvez pas vous empêcher de voir un chien dans l'homme et de l'aimer. Vous n'avez jamais la paix. "
"C'est un chien gris avec une verrue comme un grain de beauté sur le côté droit du museau et du poil roussi autour de la truffe, ce qui le faisait ressembler au fumeur invétéré sur l'enseigne du CHIEN-QUI-FUME, un bar-tabac à Nice, non loin du lycée de mon enfance."
"Je me rappelai alors que l'employé de la Western Union était également Noir."
"CHIEN BLANC était sur la défensive. La haine était là, mais la peur empêchait la bête d'attaquer."
"Il est moins grave de perdre que de se perdre."
ROMAIN GARY." Je leur explique que j'ai, de me négresse, un fils de vingt-six ans, qui est membre du Parti communiste français...que de GAULLE avait été témoin à mon mariage à BANGUI et qu'il est parrain de mon fils nègre communiste français."
"...que la crainte sexuelle joue un rôle souterrain étrange dans les rapports entre Blancs et Noirs.La légende de l'outil noir a, à cet égard, quelque chose de profondément cocasse,"
"Le "géant noir" devient probablement un symbole envié, donc redouté et haï."
"Les Noirs et les Noires ont été obligés de passer par la prostitution."
"...le mépris et la haine qu'inspire encore souvent le Noir au Noir lui-même ... une forme de haine pour sa conditinon. Du matériel humain."
"Plus on baisera, et plus ils seront baisés.C'est du désespoir. Le génocide ou l'amour, qu'une solution. "
"Ce qui manque aux Blancs et aux Noirs américains, c'est une communauté de souffrance."
"Le Noir américain est ce qu'il y a de plus traditionnellement américain. La population noire est d'un américanisme encore proche de la source... par l'éducation et la culture...ils croient encore au "Rêve Américain."
Pour en savoir davantage:
Résumé :
«C'était un chien gris avec une verrue comme un grain de beauté sur le côté droit du museau et du poil roussi autour de la truffe, ce qui le faisait ressembler au fumeur invétéré sur l'enseigne du Chien-qui-fume, un bar-tabac à Nice, non loin du lycée de mon enfance.
Il m'observait, la tête légèrement penchée de côté, d'un regard intense et fixe, ce regard des chiens de fourrière qui vous guettent au passage avec un espoir angoissé et insupportable.
Il entra dans mon existence le 17 février 1968 à Beverly Hills, où je venais de rejoindre ma femme Jean Seberg, pendant le tournage d'un film.»
L'Amérique à feu et à sang, vue par l'auteur de La promesse de l'aube et des Racines du ciel, prix Goncourt 1956. Les éditeurs.
Un lecteur:
Je ne ferai pas une longue critique.
Le sort de ce chien blanc, dressé pour sauter à la gorge des Noirs, m'a troublée, plus que le destin des hommes, car lui n'avait rien demandé, il voulait juste être le meilleur ami de l'homme et lui obéir.
Ce chien blanc est devenu agressif envers les Noirs, car on l'a éduqué ainsi. Tout comme l'homme Blanc, dans les années 60 aux États -Unis est formaté pour la haine des Noirs.
Le sort réservé à ce chien est épouvantable, comme si les hommes ne se satisfaisaient pas de s'entre déchirer, il faut qu'ils y mêlent leur soi-disant meilleur ami.
Ce roman est un miroir sur l'Histoire de ce pays à cette époque. Une réalité qui est hélas trop souvent encore d'actualité. www.babelio.com
"Alors qu'il vit aux États-Unis avec son épouse, Jean Seberg, Romain Gary recueille un berger allemand. L'animal trouve rapidement sa place dans la maison, auprès de l'autre chien et des chats. Il est ce qu'on appelle communément une bonne pâte, affectueux avec tout le monde. Tout le monde, sauf les noirs. Batka est un chien blanc, un chien dressé par les hommes blancs pour chasser les hommes noirs. Pour Gary et Seberg, il est impensable d'abattre le chien : ils le confient à un chenil qui a pour consigne de le guérir de cette haine que l'homme lui a chevillée au corps. Et c'est Keys, un soigneur noir qui se charge de réformer Batka.
Quand Romain Gary recueille le chien, le pays est au bord de l'explosion. L'assassinat de Martin Luther King est pour bientôt, la guerre de Vietnam traumatise les foules et les haines raciales mettent le pays à feu et à sang. « Je suis en train de me dire que le problème aux États-Unis pose une question qui le rend pratiquement insoluble : celui de la Bêtise. Il a des racines dans la profondeur de la plus grande puissance spirituelle de tous les temps, qui est la Connerie. » (p. 37) Romain Gary observe de loin les implications de son épouse dans la cause noire, mais c'est un militant désabusé en qui le feu sacré de la révolution couve encore. Son action à lui, c'est l'écriture et il y met toutes ses réflexions. « J'éprouve le besoin dévorant d'une ségrégation absolument sans précédent dans l'histoire de la solitude. Avec en moi un tel besoin de séparatisme, il faudrait pouvoir créer un monde nouveau. Je m'y mets immédiatement : je passe tout l'après-midi à écrire. » (p. 128)
Outre la chronique du sauvetage du chien, Romain Gary interroge son rapport à l'autre, cet étranger à lui-même. « le seul endroit au monde où l'on peut rencontrer un homme digne de ce nom, c'est le regard d'un chien. » (p. 152) Ni meilleur, ni plus généreux qu'un autre, l'auteur fait face à ses démons. « Je me suis résigné à admettre une fois pour toutes le fait que je ne parviens pas à civiliser entièrement l'animal intérieur que je traîne partout en moi. » (p. 17) En s'identifiant à l'animal, en prenant plus qu'à coeur le traumatisme que le chien a subi, Romain Gary écrit un bel hymne à l'homme. Et finalement, sauver le chien, c'est sauver l'espoir. « Toujours cet infernal dilemme : l'amour des chiens et l'horreur de la chiennerie. » (p. 182) C'est bien pour cela que la fin de ce texte est un crève-coeur, une véritable tragédie pour tous ceux qui aiment les animaux et la race humaine « C'est assez terrible, d'aimer les bêtes. Lorsque vous voyez dans un chien un être humain, vous ne pouvez pas vous empêcher de voir un chien dans l'homme et de l'aimer. » (p. 212)
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