BLY Nellie
10 JOURS DANS UN ASILE, reportage de 1887, Éditions du sous-sol, 2015, 125 pages
Un reportage digne d'un grand roman du genre thriller, grands frissons garantis. L'homme est vraiment un loup pour l'homme. sans gêne, sans pitié, sans humanité. La cruauté, la dégradation à l'état pur avec les pires abus humains.
Un reportage datant de 1887 sur les conditions des femmes internées dans un asile. Un reportage qui a eu pour effet de changer les conditions des femmes internées.
A lire sans faute si le sujet et les conditions de la femme de l'époque vous touchent.
Gilles LAGROIS, Auclair, Québec
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"Le 22 septembre 1887, Le WORLD me donna comme mission de me faire interner dans l'un des asiles de fous de New-York. Mon rédacteur en chef, JOSEPH PULITZER, souhaitait que je décrive en termes simples et directs les soins apportés aux patientes, les méthodes de la direction, etc ..."
"Mais chose étrange, plus je parlais et me comportais normalement, plus les médecins étaient convaincus de ma folie..."
"Ce n'est que dans les épreuves que l'on réalise à quel point la gentillesse et la compassion sont rares dans ce monde."
Ambulance avec cocher.
"Face à mon silence obstiné, on ordonne de me conduire dans le pavillon des aliénées."
"Autant que vous le sachiez, vous êtes dans un hôpital psychiâtrique."
"Vous n'êtes pas près de sortir si vous vous obstinez à désobéir."
"L'asile de fous de BLACKWELL'S ISLAND, votre dernière destination."
"En comparaison, la potence me semble préférable à cet horrible tombeau."
"Une autre se laissait traînée par deux patientes. Estropiée, aveugle, jeune ou décrépite, laide ou belle: le plus absurde des échantillons humains, le plus ignoble des destins."
Retraite no 4." La violence qui règne là-bas est à peine croyable...un endroit pire qu'une porcherie."
"Son martyre devait ressembler aux tourments de l'enfer."
"L'asile d'aliénées de Blackwell's est une souricière à taille humaine."
"Elle devait avoir dans les 70 ans et était aveugle. Pourquoi vous me traitez comme ça? J'ai si froid. Quel crève-coeur que de l'entendre gémir. Donnez-moi un oreiller et une couverture, j'ai trop froid."
Pour en savoir davantage:
Résumé :
"Engagée en 1887 au journal New York World du célèbre Joseph Pulitzer, Nellie Bly se voit confier une mission pour le moins singulière : se faire passer pour folle et intégrer un asile, le Blackwell's Island Hopital à New York. Intrépide, courageuse et soucieuse de dénoncer les conditions de vie des laissées-pour-compte, elle accepte le défi et endosse le rôle. Elles reste dix jours dans l'établissement et en tire un brûlot. D'abord publié en feuilleton, ce reportage undercover met en lumière les conditions épouvantables d'internement des patientes ainsi que les méthodes criminelles du personnel. L’œuvre de Nellie Bly, jusqu'alors inédite en France, marque la journalisme dit "infiltré" et préfigure les luttes pour l'émancipation des femmes."
LES ÉDITEURS
Une lectrice:
"A l'origine, traduction et réédition des Editions du Sous-sol, puis édité en poche par Points, ce petit livre contient trois reportages de Nellie Bly : 10 jours à l'asile, Dans la peau d'une domestique et Nellie Bly, esclave moderne - Une immersion dans une fabrique de boîtes.
Les trois textes se complètent très bien, car ils décrivent chacun dans un milieu particulier la vie des femmes pauvres à New York, souvent venues dans cette grande ville pour trouver du travail, sous-payées, hébergées dans des pensions misérables, et mal traitées.
10 jours à l'asile montre d'une façon terrible comment la moindre attitude étrange ou non conforme peut être jugée comme de la folie. Au début de son reportage, Nellie Bly ne sait pas trop comment s'y prendre : elle ne veut pas recourir à des personnes de sa connaissance et risquer de les impliquer contre leur gré dans une supercherie. Elle définit elle-même sa stratégie, l'applique sans aide aucune.
A chaque étape de son parcours vers l'asile, elle pense se heurter à la sagacité des médecins et être rapidement démasquée. Surprise et ravie de la facilité avec laquelle elle a pu se faire interner, elle démontre l'incompétence et la légèreté des médecins qui la déclare folle, simplement parce qu'elle se trouve déjà dans l'asile. Et si y elle arrive aussi facilement, c'est que ni la police, ni la justice ne savent quoi faire d'une jeune femme sans protection, à l'esprit apparemment égaré.
Le parcours de ses compagnes d'infortune est plus terrible encore : des femmes seules, pauvres, souvent étrangères, que personne ne connaissait, pouvaient, sans autre forme de procès, être enterrées vivantes à Blackwell's Island, et parfois même avec leur enfant. Nellie Bly s'attache de façon touchante à les appeler par leur nom, s'enquiert de leur situation une fois libérée, mais certaines ont purement et simplement disparu. Personne ne peut dire ce qu'elles sont devenues.
A l'asile, c'est surtout la folie des infirmières qui se déchaîne, brutale et sadique ; c'est la violence en toute impunité envers des personnes enfermées, qui ne trouvent aucun soutien, et surtout pas auprès des médecins complices par surdité volontaire.
On regrette de ne pas disposer en fin d'ouvrage de plus de renseignements sur l'évolution de l'asile et du traitement des internées, de savoir si la prise de conscience de la ville et le million de dollar octroyé a permis un vrai changement et la libération de celles qui avaient toute leur tête à leur arrivée.
Aujourd'hui, l'asile a disparu, et Roosevelt Island, de son nouveau nom, peut être décrit comme un "îlot de paix au coeur de New York" sur un site internet.
Les deux autres reportages sont des immersions dans la vie de domestiques et ouvrières, à la merci du bon vouloir des agences de placement ou des patrons des petites fabriques, travaillant dix à douze heures par jour pour des salaires qui suffisent à peine à payer leurs loyers.
Ces trois reportages nous plongent dans une histoire de New-York oubliée dans le mouvement perpétuel de cette ville moderne et gigantesque, et elle le fait du point de vue d'une femme jeune, intrépide, libre et intelligente, curieuse de la vie de ses contemporaines pauvres et méprisées."
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