BORDAÇARRE Olivier
ACCIDENTS, 2016, 203 pages, ****
Un roman qui nous fait connaître la vie en France spécialement à Paris mais surtout un roman genre suspense bien construit, d'une écriture efficace et juste.Ce roman nous fait connaître une peinture de la société française moderne. La fragilité de la détresse d'une femme psychopathe, contrôleuse, belle mais dangereuse par ses caprices et ses exigences.Un sourire devient une menace, un danger de mort.
Une belle découverte.
Gilles LAGROIS, Auclair, Québec
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"Une odeur de gomme cramée atteint les narines de la jeune femme. Les roues bloquées par la tenaille des freins, les pneus ont explosé sur le bitume."
"La passagère tâtonne, cherche à déverrouiller la ceinture. Ses doigts atteignent la poignée de la portière aux gonds tordus par l'impact, la tôle résiste, grince, se bloque."
"SERGI répliqua qu'il vomissait ce milieu où il fallait à tout prix savoir déblatérer et montrer son cul à tout bout de champ pour avoir une chance de conquérir une place."
"PAUL. Une immigrée dans la famille, quelle horreur! Un ver sournois entrait dans un fruit d'or. J'étais le plus décevant des héritiers."
ROXANNE. Elle tremble devant le résultat des multiples interventions chirurgicales. Elle pleure comme jamais elle n'a pleuré. D'un oeil. Son visage est coupé en deux."
"Ceux qui jugent l'injugeable se déshonorent en énonçant des verdicts. Ils n'ont que ça dans la bouche, des sentences, des accusations, de la morale. Grand bien leur fasse. Ils sont infréquentables. Garde tes larmes et ta colère."
"Tu es toi-même. Ne te sens pas réduite à ce que tu pèses."
"Chacun porte le drame de sa vie et souvent, le dissimule d'un masque."
"Notre ennemi, c'est la haine que tu as de toi-même."
"Le MOI, c'est la prison du nombril.. Ça empêche de construire son individualité. Ça pétrifie, ça désocialise."
"On n'aime pas son visage, on l'accepte. Il n'y a pas d'alternative."
"La seule façon de vivre sa vie, c'est de la rêver."
"Non JULIA, c'est elle qui est tarée! Elle a voulu me planter avec son couteau!"
Pour en savoir davantage:
Résumé :
Sergi Vélasquez, artiste peintre et prisonnier des apparences, s'amourache d'une rousse flamboyante qu'il croise dans l'ascenseur. Il est dingue de son corps, mais elle est hystérique ; c'est du moins ce que pense Julia, psychanalyste et soeur de l'artiste. Faut-il s'en inquiéter ?
Roxane, elle, est photographe. Il y a quelques années, son visage a été brûlé dans un accident de voiture. Aujourd'hui, elle se réconforte, isolée dans une nature sans voisinage. Jusqu'à ce qu'elle prenne des clichés de son corps, pour mieux l'accepter, et que ses photographies, exposées à Paris, séduisent Sergi Vélasquez.
La France tranquille et Dernier désir ont fait connaître Olivier Bordaçarre des lecteurs de romans noirs. En suivant les conséquences de deux coups de foudre dans le milieu de l'art, il renouvelle ici la thématique du double. Et nous offre, à la fois, une savoureuse chronique familiale et un récit à suspense.
Une lectrice:
"Selon le dictionnaire, un accident est un, je cite, "événement fortuit qui a des effets plus ou moins dommageables pour les personnes ou pour les choses". Olivier Bordaçarre a quant à lui bien raison de mettre un "s" à ce mot concernant le titre de son dernier roman.
Tout commence par un accident. On pourrait presque le mettre au pluriel, cet accident, tant il aura de conséquences sur le reste de l'histoire. Il s'agit en premier lieu d'un accident physique, un accident de voiture, avec des effets très dommageables sur la femme qui est à l'intérieur, puisqu'elle en portera les stigmates jusqu'à la fin de ses jours. Cette femme, on ne sait qui elle est, si elle conduisait ou était passagère, mais on la retrouvera plus tard. Ce premier accident aura bien d'autres effets, tout aussi dommageables pour tout un tas de personnes.
Et puis, un nouvel accident, aux effets nettement moins dommageables, pense-t-on, a lieu, à Paris, quelques années plus tard : Sergi tombe amoureux ! Sergi est un peintre d'origine espagnol, qui a son atelier (et sa couche de sédiments, nécessaire à sa création artistique) en face de l'appartement et du cabinet de psychanalyse de sa soeur. Et, comme dans la chanson de Calogero, en prenant l'ascenseur pour monter jusqu'à son atelier, il se retrouve en tête à tête avec un ange. Mais contrairement à la chanson, il ne se mélange pas les pinceaux (ce serait un comble pour un peintre) avec les chiffres et repère très bien que la femme fatale à la longue chevelure rousse dont il est sous le charme s'arrête comme lui au 3ème étage, et est une cliente de sa soeur !
Accidents est ma première incursion dans l'univers d'Olivier Bordaçarre, et c'est plutôt une belle découverte, que je dois à Babelio et aux éditions Phébus (qui font des livres bien conçus et à la couverture soignée). J'y ai trouvé un belle écriture sensorielle, des dialogues familiaux plus vrais que nature, un sens du rythme plutôt bien maitrisé, de jolies réflexions sur l'art et l'artiste, et une touche d'humour pas désagréable.
La première partie de l'ouvrage installe les personnages, l'histoire, amorce le suspense qui prendra le pas sur la seconde partie, plus intense. J'ai un peu moins aimé certaines facilités, comme l'artiste indépendant et coureur de jupon qui se transforme en "presque mari" modèle, le fait de tomber amoureux par "procuration", au travers de l'art, quelques personnages secondaires qui manquent un peu de finesse (le monde de la mode et de la publicité, par exemple), voire même une ou deux petites ficelles scénaristiques.
Ceci dit, j'ai trouvé ce livre de Bordaçarre très convaincant, agréable à lire, intéressant, et mystérieux. Une chouette découverte !"
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