CLAUDEL Philippe
INHUMAINES, 2017, 129 pages, roman des moeurs contemporaines
Nous sommes devenus des monstres. On pourrait s'en affliger. Mieux vaut en rire.
Ce livre ne correspond pas à mon genre d'humour peu importe les dires de l'auteur. Il a ses raisons que je ne partage pas. Rire des autres ne me dit rien, ne me fait pas grandir ni ne fait de moi une meilleure personne humaine. De l'humour noir, socialement déplacé. Excessif, amoral.
Un livre un peu fou, disons humour exagéré comme manger du Juif ou du Roumain qui est meilleur au goût. Humour social déplacé.
Gilles LAGROIS, Auclair, Québec
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"L'homme est un risque à prendre." KOFI ANNAN.
"Hier matin j'ai acheté trois hommes.Une tocade. C'est Noël. Ma femme n'aime pas les bijoux. Je ne sais jamais quoi lui offrir. La vendeuses me les a emballés."
"Mon sexe disparaît. Son sexe avait bel et bien disparu. Le sexe de Bredin s'est effacé. Plus rien. En effet. Les bourses elles aussi avaient disparues. L'entrejambe de Bredin était parfaitement lisse."
"Il a collé sur le front du mort une pastille rouge. Un homme est arrivé en courant. Vendu. Vendu. Demain. Je pense en avoir un autre assez semblable."
"Morel du service comptabilité a épousé une ourse. L'ourse était en blanc. J'ai trouvé cela douteux. Ma femme aussi. On se moque de nous. L'ourse était un peu serrée dans sa robe."
"Un village. Un faux. un village de vacances. Le village appartient au comité d'entreprise. La mer est là. Pétanque. Courses en sac. Urologie. Concours de châteaux. Les animateurs sont jeunes et musclés...ils s'accouplent avec la femme d'un des vacanciers. Pour les hommes, il y a les masseuses. elles sont exotiques. Ne parlent pas notre langue."
Pour en savoir davantage:
Résumé :
Nous sommes devenus des monstres.
On pourrait s’en affliger.
Mieux vaut en rire.
« Le rire contre les armes. Et l’ironie pour se moquer de nous.
L’homme est sans doute le seul animal à commettre deux fois les mêmes erreurs. Il est aussi l’unique à fabriquer le pire et à le dépasser sans cesse. À observer le monde comme il va, on hésite alors entre les larmes et le rire.
J’ai choisi dans Inhumaines de m’affubler d’un nez rouge, d’exagérer le vrai pour en saisir l’atroce. Ma volonté était de cette façon de tempérer la cruauté née de notre société en la croquant de façon grotesque, ce qui permet de s’en moquer, en espérant contribuer à la corriger aussi, même si je n’ai guère d’illusion sur ce point : restons modeste.
En 2000, j’avais déjà écrit un roman, J’abandonne, sur la vulgarité de notre monde et sa bêtise. Cela ne me faisait pas rire à l’époque, et le texte était serré comme un coup de poing. Avec le temps, j’ai préféré l’humour et la satire, comme dans Le Paquet ou dans L’Enquête, pour dire comment nous allions droit dans le mur, un mur plus solide que nos pauvres caboches.
Je suis convaincu qu’il est des situations où la littérature doit se transformer en papier de verre pour décaper les cervelles : cela fait un peu mal au début mais cela chatouille aussi. Et après tout, à mon très petit niveau, je ne fais avec ce roman de moeurs que m’inscrire dans un sillon tracé depuis longtemps par des aînés prestigieux, Pétrone, Rabelais, Molière, Voltaire, Villiers de L’Isle-Adam, Jarry, l’Apollinaire des romans érotiques et absurdes, Georges Fourest, les Surréalistes, Ionesco, Roland Topor, Pierre Desproges et bien d’autres qui se sont
servis de l’outrance et de la farce pour transcrire nos errements, et amuser leur public en le déshabillant.
Bien des peintres et graveurs aussi m’ont inspiré depuis longtemps, qui ont su se pencher sur les monstres : Jérôme Bosch, Brueghel, Jacques Callot, Monsu Desiderio, Füssli, George Grosz, Alfred Kubin, Otto Dix, le Topor dessinateur, Reiser, Jean Rustin, Cardon, sans oublier la joyeuse bande du mythique Hara-Kiri. Et dans le cinéma, comment ne pas citer Dino Risi et ses propres Monstres, mais aussi plus près de nous le devenu culte désormais
C’est arrivé près de chez vous de Rémy Belvaux, André Bonzel et Benoît Poelvoorde,
Inhumaines est inspiré de faits réels. Toute ressemblance avec des personnes ou des situations existant est totalement volontaire. J’ai simplement forcé un peu le trait. À peine. Et je n’ai d’autre ambition que faire rire, même jaune, à nos propres dépens, à commencer par les miens.
Inhumaines est à la vérité ce que le palais des glaces est au réel : exhibant un reflet convexe, parfois concave, rétréci ou agrandi, même s’il déforme, il ne ment jamais. »
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Une lectrice:
Que dire? Que dire?
Que si les vingt premières pages m'ont fait sourire (voire rire), les quarante suivantes m'ont troublée (voire mise mal à l'aise) et que les cent dernières m'ont agacée.
Philippe Claudel prend ici le parti de se moquer de la société actuelle et tout le monde en prend pour son grade; les vieux, les pauvres, les cancéreux, les réfugiés, les femmes, les arabes, etc. La toute puissance des banques et des multinationales est décriée; et ce qu'il advient des pauvres employés de base est ici souvent critiqué, voire moqué. "On est toujours le con de quelqu'un" a chanté Pierre Perret. C'est on ne peut plus implicitement répété ici.
Mais si encore il n'y avait eu que ce côté satirique des travers de notre société, passe encore. Ce que j'ai déploré, c'est l'omniprésence d'une sexualité débordante, sans morale et sans raison d'être. Ici tout le monde "couche" avec tout ce qui traîne (vivant ou non), et surtout avec les maris et femmes de la même entreprise. Franchement, au fur et à mesure des pages, cet univers lubrique et glauque lasse plus que tout le reste.
Bref, j'ai été attirée par la lecture des débuts de plusieurs de ces nouvelles, mais bien trop déçue par leur suite.
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