MALTE Markus
LE GARÇON, Zulma, 2016, 534 pages, ****
Roman qui part du style d'un conte et puis nous ramène à la réalité historique dans un style d'écriture éblouissant. Le texte est enrichi de faits, de passages de l'histoire de l'humanité de façon assez fréquente, le lien est omniprésent.L'auteur suit les traces de notre civilisation dans ses découvertes, ses personnages marquants de pays en évolution.
Des personnages hors du commun, inédits, particuliers se rajoutent à la vie du garçon, sans nom: un garçon pur, une âme pure. On le nomme MAZEPPA.
Le lecteur va y trouver son compte dans les quelques trente pages licensieuses, érotiques d'un haut niveau d'écriture.
On entre dans un monde à part entière.
Le garçon mène une vie simple de contestataire. Il refuse les inégalités sociales et religieuses.
Le livre commence comme une fable et se termine en un roman plus réaliste.
Chacun des personnages doit faire ses propres choix de vie.Les ami-es et les parents demeurent de bons contacts et consultants mais chacun est responsable de sa vie, de ses choix, de sa destinée.
La meilleure façon de vivre est de mettre les choses au clair pour chacun.Vivre et laisser vivre.
Certains sont lumineux, d'autres ternes et ordinaires. Chacun a droit à sa personnalité, son développement personnel, sa vie unique.
Le bonheur est à la portée de tous si on sait voir, bien regarder autre chose que son nombril.
Chacun est responsable de ses choix de vie.
Un grand roman et un auteur de marque à découvrir.
Un génie de l'énumération de file, longue, parfois des pages de précision, d'histoire élaborée, documentée.
Gilles LAGROIS, Auclair, Québec
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"Même l'invisible et l'immatériel ont un nom, mais lui n'en a pas. Du moins n'est-il inscrit nulle part, sur aucun régistre ni aucun acte officiel que ce soit."
"Le jour n'est pas encore levé et ce que l'on aperçoit tout d'abord au loin sur la lande est une étrange silhouette à deux têtes et haut membres dont la moitié semble inerte...on est bien obligé de lâcher les monstres. Les vrais. Légendes et mythes remontent...On frisonne. Ainsi donc ils sont deux.
C'est l'enfant portant la mère."
"...ça crève les yeux, vos dieux sont des valets comme les autres, ni plus ni moins."
"Parce ce qui fait le valet ce n'est pas son maître, ce qui fait le valet c'est son désir de devenir maître. Cela et rien d'autre."
"Il n'a pas de père et ne s'en cherche pas."
"L'air que tu respires est une combinaison.Tu es une combinaison."
"L'assemblée. L'homme-renard, la femme-mante, l'homme-dindon, l'homme-chevreuil, la femme- papillon, l'homme-taupe, l'enfant-ver,la femme-musaraigne, la femme-vipère, l'homme-bouc, l'enfant-crapaud éviscéré. L'enfant, sans nom."
"MILES a toujours paru différent de tous les autres: il semblait posséder une force magnétique, animale, qui modifiait l'ambiance dès qu'il entrait dans une pièce. Était-ce le pouvoir de ses silences...la nature mystérieuse et fermée de sa personnalité""
"MAZEPPA. il s'appelle MAZEPPA mais on l'appelle autrement. On l'appelle FÉLIX. On l'appelle soldat. On l'appelle fantassin. On l'appelle matricule."
"Temps du bonheur et temps du malheur ne sont ni d'égale mesure ni d'égale valeur."
"Au petit bonheur des uns, au grand malheur des autres."
"BRAKEK.Le coeur. Il parle du coeur. Il dit que c'est ici qu'elle repose, la beauté. À l'intérieur. C'est ici qu'elle palpite et irradie.Ils croyaient à ces choses.Aux présages et aux sortilèges."
"Il grogne, elle halète, elle gémit, il râle, et tous ces sons se fondent dans le vacarme qui les environne. Elle réclame. Il donne. Il accélère. Elle exige.Elle ordonne. Il martèle.Il pilonne. Elle rayonne.
Il irradie. Ils sont le déluge. Ils sont la nature même."
Pour en savoir davantage:
Résumé :
"Il n’a pas de nom. Il ne parle pas. Le garçon est un être quasi sauvage, né dans une contrée aride du sud de la France. Du monde, il ne connaît que sa mère et les alentours de leur cabane. Nous sommes en 1908 quand il se met en chemin, d’instinct.
Alors commence l’épreuve du monde : la rencontre avec les hommes – les habitants d’un hameau perdu, Brabek, l’ogre des Carpates, lutteur de foire philosophe, Emma, mélomane et si vive, à la fois soeur, amante et mère. « C’est un temps où le garçon commence à entrevoir de quoi pourrait bien être, hélas, constituée l’existence : nombre de ravages et quelques ravissements. » Puis la guerre, l’abominable carnage, paroxysme de la folie des hommes et de ce que l’on nomme la civilisation.
Itinéraire d’une âme neuve qui s’éveille à la conscience, émaillé d’expériences tantôt tragiques, tantôt cocasses, et ponctué comme par interférences des petits et grands soubresauts de l’Histoire, le Garçon est l’immense roman de la condition humaine."
Un lecteur:
"Marcus Malte est régulièrement catégorisé auteur de romans noirs. Il est pourtant bien davantage que cela et ce nouveau roman en est une preuve éclatante.
Dire que le garçon est un bijou littéraire est presque insuffisant, tant il est difficile de trouver les mots pour décrire l'immensité de ses qualités. Cette lecture m'aura laissé sans voix, ce qui est un comble lorsque l'on sait que le personnage central est mutique. Un garçon qui se complait dans le silence au point de se raconter à travers les paroles des autres.
Un héros du quotidien qu'on découvre à l'âge de 14 ans, alors qu'il n'est en contact, depuis sa naissance, qu'avec sa seule génitrice ; un jeune homme vierge de toute humanité ou presque. Une page presque blanche qui va commencer à s'écrire au gré des rencontres et d'un monde auquel il n'est pas préparé. Itinéraire d'un enfant pas toujours gâté.
Le garçon est une véritable fresque de 550 pages qui dépeint toute la première partie du XXème siècle ; monde en plein bouleversement.
Bouleversé le lecteur l'est régulièrement, à suivre ce garçon anonyme, observateur autant qu'acteur. Car cet homme qui se construit par mimétisme, va rencontrer ce qui se fait de meilleur et de pire.
C'est un tour de force qu'accomplit Marcus Malte à nous faire vivre ainsi la vie, les expériences et les émotions d'un personnage à travers ses yeux de conteur et ceux des autres protagonistes. le garçon est comme une éponge qui absorbe tant d'apprentissages, et comme un miroir qui nous renvoie l'image des gens qu'il croise et des évènements qui le promènent à travers tout le début du siècle dernier.
Je n'hésite pas à qualifier ce livre de roman initiatique ultime. Parce qu'il nous fait vivre l'amour au plus près. Parce qu'il nous fait supporter le pire également lorsque Marcus s'en va en guerre (de 14-18). Une narration protéiforme, qui évolue à l'image du personnage principal, emplie d'émotions, de tendresse, de bruits et de fureur.
Marcus Malte est un conteur doublé d'un écrivain exceptionnel. Sa qualité d'écriture est hors-norme depuis ses débuts. Avec ce roman, il passe une nouvelle étape dans sa carrière. Il y aura un avant et un après cette histoire ; leçons de vie proposées par un auteur qui ne nous fait pas la leçon pour autant.
Que sa plume nous narre des rencontres, nous plonge dans les horreurs de la guerre, nous susurre des passages érotiques ou nous amuse à travers des morceaux de texte un brin décalé, elle est si belle et si fouillée qu'on en reste bouche-bée.
Oui, Marcus Malte est un immense écrivain. Ce roman, qui nous touche par la candeur de son héros tout autant que par la beauté et le carnage des émotions qu'il vit, restera une lecture inoubliable. le genre de livre qui marque un lecteur profondément, intensément, durablement. Juste indispensable."
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