HEGLAND Jean
DANS LA FORÊT, roman, 1996, 2017, 301 pages
Un roman remarquable pour le réalisme de notre époque contemporaine et de notre mode de vie capitaliste, de consommateurs d'énergie irresponsables.Notre réalité peut basculer: pas d'électricité, pas de téléphone, pas d'internet,pas d'essence, les magasins sont fermés. Tout est fermé. Pas de pompe à eau.
La solution: rester ou partir pour une autre région ou un autre pays.
NELL et EVA décident de rester chez eux, à la campagne, près d'une forêt pleine de ses richesses à découvrir.Un monde irréel, une vie irréelle sans énergie. NELL, la narratrice a dix-sept ans.
Un roman qui nous fait découvrir une réalité, une possibilité, un avertissement mais également des possibilités insondées, oubliées. Ce roman me fait penser à la vie de mes grands-parents qui sont nés à la fin du 19è siècle, de mes parents nés en 1918.
Un roman non pas alarmiste mais confiant, optimiste car la nature est encore à notre portée, seules les connaissances et les habitudes nous manquent. Nous devons changer notre mode de vie de consommateurs irresponabltes et frivoles.
Une auteure de talent à découvrir pour son écriture explicite, claire.
Gilles LAGROIS, Auclair, Québec
"C'est étrange, d'écrire ces premiers mots, comme si je me penchais par-dessus le silence moisi d'un puits, et que je voyais mon visage apparaître à la surface de l'eau..."
"Joyeux Noël semi-païen, légèrement littéraire et très commercial, annonçait toujours notre père le matin de Noël..."
"L'air frais et vivifiant et la forêt nettoyaient nos sens et nos palais...notre père déclarait immanquablement: Voilà le vrai cadeau de Noël, nom de Dieu--la paix, le silence et l'air pur. Pas de voisins à moins de six kilomètres, pas de ville à moins de cinquante...nous vivons au bout de la route."
"Ce Noël-ci, il n'y a rien de tout cela. Nous ne sommes pas chrétiens, nous sommes capitalistes...avec un taux d'utilisation des ressources vingt fois supérieur à celui de n'importe qui d'autre sur cette pauvre terre. Et Noël est notre occasion en or d'augmenter la cadence."
"EVA...et ne s'inquiète jamais de ce qui est perdu."
"... qu'après des décennies d'avertissement et de prédictions les choses commençaient vraiment à manquer."
"Ici au moins nous étions protégés des obsessions, de la cupidité eet des microbes des autres."
"Si le corps d'un gamin sait ce qu'il lui faut pour grandir et être en bonne santé, pourquoi son esprit ne le saurait-il pas?"
"...cette fois en me mettant face à la pire des vérités: il n'y aura pas de secours. Je suis lasse de ma soeur triste. Les civilisations périclitent, les sociétés s'effrondent et de petites poches de gens demeurent, rescapés et réfugiés, luttant pour trouver à manger..."
"Je veux apprendre à manger des vers."
"Je crois que je pourrais tuer un sanglier. Je crois que je vais essayer."
" ...pourquoi qui que se soit voudrait marcher sur l'eau..alors qu'on peut danser sur la terre."
".. chacune de nous nostalgique de la famille qu'elle a perdue, chacune de nous apprenant à vivre seule dans la forêt."
"Bientôt nous traverserons tous les trois la clairière et entrerons dans la forêt pour de bon."
Pour en savoir davantage:
Résumé :
"Rien n’est plus comme avant : le monde tel qu’on le connaît semble avoir vacillé, plus d’éléctricité ni d’essence, les trains et les avions ne circulent plus. Des rumeurs courent, les gens fuient. Nell et Eva, dix-sept et dix-huit ans, vivent depuis toujours dans leur maison familiale, au cœur de la forêt. Quand la civilisation s’effondre et que leurs parents disparaissent, elles demeurent seules, bien décidées à survivre. Il leur reste, toujours vivantes, leurs passions de la danse et de la lecture, mais face à l’inconnu, il va falloir apprendre à grandir autrement, à se battre et à faire confiance à la forêt qui les entoure, emplie d’inépuisables richesses.
Considéré depuis sa sortie comme un véritable choc littéraire aux États-Unis, DANS LA FORÊT, roman sensuel et puissant, met en scène deux jeunes femmes qui entraînent le lecteur vers une vie nouvelle." Les éditeurs
Un lecteur:
"Enfin ! Enfin un roman réaliste et saisissant sur la fin de notre civilisation de consommation où l'essence, l'électricité viennent à manquer… Enfin un roman ne nous proposant pas une fin du monde suite à une invasion extra-terrestre, une infection, une attaque de mutants, une météorite (ou que sais-je encore) le tout dans une époque lointaine et futuriste où le personnage central aurait pour mission de sauver le monde. Bref, une fin du monde souvent décrite comme un aléa venant de l'extérieur où l'homme serait une victime et non un acteur. Non, rien de tout cela. Un roman simple, reprenant le vécu de Nell à travers son journal. Cela parle immédiatement au lecteur qui peut de suite s'identifier à cette jeune fille et sa soeur qui au départ restent dans l'expectative en espérant un retour à la « normale » puis qui prennent leur destin en main lorsqu'elles comprennent que ce qu'elles ont connu est du passé et qu'une nouvelle ère plus proche de la nature, moins dépendante de tout ce qui est matériel s'ouvre devant elles.
Un roman magnifique qui au départ peu dérouter par sa simplicité. Effectivement, les raisons du changement sont évoquées brièvement, aucune information n'est donnée au lecteur qui se retrouve plongé dans une sorte de huis clos au milieu d'une forêt avec deux jeunes filles loin de tout, attendant et vivotant. le lecteur a envie d'en savoir plus sur les raisons, les conséquences d'un point de vue terrestre mais les seules informations sont celles que donne Nell. Très rapidement, le lecteur comprend justement que dans une situation identique, le commun des mortels serait dans la même situation ; à savoir peu informé, dépendant des rumeurs, des on-dit qui courent et se préoccupant surtout de survivre en attendant des jours meilleurs.
Un roman réaliste puisque l'auteur ne se permet pas d'édulcorer la situation et le récit ne tombe à aucun moment dans le pathos. Les deux jeunes filles se retrouvent livrées à elle-même sans mère, puis sans père. La société qu'elles ont connue se désagrège à vue d'oeil, l'homme devient égocentrique, cherchant à survivre au détriment des autres, et ce par le vol, le viol. Voir les espérances futiles (entrée à Harvard, devenir danseuse) de Nell et Eva petit à petit disparaître au profit d'une prise de conscience de la réalité et de problèmes essentiels (faim, soin, danger) et les voir réagir en faisant appel à leur instinct primal (inné) et non à leurs acquis scolaires est passionnant. Leur découverte que la forêt n'est pas seulement un lieu mais une source de richesse et pourvoyeuse de besoin est magnifiquement décrite dans ce livre.
Un roman écrit il y a plus de vingt ans et qui pourtant reste d'actualité, abordant des problématiques réalistes comme la fin des énergies fossiles, une société basée et dépendante de l'électricité, des machines, des ordinateurs où l'homme n'a qu'une place de consommateur. La perte de cet acquis permet à l'homme de se retrouver avec lui-même mais également de redécouvrir la nature qui l'entoure. Cela redonne sa véritable place à l'homme qui a tendance à se croire supérieur, invulnérable et autonome. Comme l'auteur le dit si bien dans son récit au travers d'un échange entre les deux soeurs, notre civilisation « électricité » n'existe que depuis à peine deux cents ans alors que l'homme, lui était là bien avant et sans en avoir besoin.
Comme le démontre l'histoire, des civilisations se sont créées et ont été détruites… pour permettre à l'homme à chaque fois de rebondir. Ce livre n'est pas seulement un roman « apocalyptique » mais un beau message d'espoir concernant l'homme et un retour à l'humilité de celui-ci. Un livre qui ne laissera pas indifférent dans tous les cas." www.babelio.com