BOYLE T.C.
LES VRAIS DURS, roman, 2016, 441 pages, États-Uniis
ADAM, le personnage principal, souffre depuis longtemps d'une forme aiguë de psychose paranoïde et délirante (il est notamment persuadé d'être la réincarnation d'un trappeur du X1Xe siècle). Il est solitaire, bagarreur, passe sa vie en forêt mais il n'a pas d'amis, évidemment. Les représentants de la loi, de la justice, du système politique et social sont pour lui des aliens.Il réagit agressivement à tout ce qui le contredit, le contrecarre. Il se réfugie en forêt et développe des moyens étonnants de survie digne d'un trappeur et d'un soldat de brousse. Un personnage étrange mais étonnant par ses capacités phénoménales de survie dans la nature.C'est un homme costaud, robuste de vingt-cinq ans qui ne craint personne, sans conviction profonde que sa propre survivance.
Un roman complexe, décapant de la littérature nord américaine. .
Gilles LAGROIS, Auclair, Québec
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« L'âme américaine est dure, solitaire, stoïque, c'est une tueuse. Elle n'a pas encore été délayée.
D.H. Lawrence. Études sur la littérature américaine. »
« Le soleil se trouvait au-dessus de sa tête, juste là, brûlant, il le faisait transpirer, ses vêtements le gênaient et sa chemise collait à sa eau. »
« CAROLE, sa mère. Elle avait envie d'action:à quoi ça sert d'être à la retraite si on reste à moisir, le cul sur une chaise. »
« ADAM. Mais sa voix était devenue mécanique, comme s'il pensait à autre chose, comme s'il était ailleurs. Faire la fête. Je suis en fêtard.Un vrai, un super fêtard. Écoute, Adam.--COLTER. Pas de réponse, Il s'était à nouveau figé. »
« Mais, maintenant, ça allait vite en lui, la petite roue dans sa tête tournait à toute vitesse... La roue ralentit. Il revint aux choses telles qu'elles étaient. »
« ADAM. Se laisser porter par le courant. »
« Ça donnerait aux animaux et l'environnement une chance de reprendre du poil de la bête. Retour à l'Âge de pierre. Vivre de la terre. »
« ADAM. COLTER. Il ne voulait dépendre de personne,il ne voulait pas se laisser attendrir par les lasagnes de cette femme, par ses grosses lèvres veloutées et par ses gros nichons moelleux ni par le reste. Non, non, lâchez-moi! »
« STEN, son père, éprouva une bouffée de fierté.ADAM était vraiment futé. Il était insaisissable. Il connaissait le terrain. »
« Sauf qu' ADAM avait la rage en lui et que cette rage devait trouver une cible. »
« Un garçon à problèmes—pire : un psychopathe, un meurtrier, un électron. »
Pour en savoir davantage :
Résumé :
« Alors qu’il est en croisière en Amérique centrale avec son épouse, Sten Stensen, proviseur à la retraite et ancien Marine vétéran du Vietnam, tue à mains nues un des hommes qui s’apprêtaient à les détrousser. Retenu un temps à quai, il fait la Une de tous les journaux, mais ne tarde pas à retrouver avec bonheur et sans la moindre poursuite judiciaire le calme de sa vie californienne. Sara Hovarty Jennings est une jeune femme en colère. Elle vit seule avec son chien, et regarde le reste du monde comme son ennemi. Elle nourrit une haine viscérale contre «le gouvernement illégitime des États-Unis d’Amérique» et se rebelle contre toute forme d’autorité. Quand, un matin, elle se fait arrêter par un flic au volant de sa voiture, elle refuse de montrer ses papiers et crie au harcèlement. Pour tout résultat, elle finit au poste, sa voiture à la fourrière et son chien en quarantaine au chenil. Sara fait alors la connaissance de Adam Stensen, 25 ans, un jeune homme séduisant mais qui souffre d’une forme aiguë de psychose paranoïaque, et d’un délire de persécution. Il est persuadé d’être entouré d’aliens et s’inquiète de la menace qu’ils représentent. Il se prend pour Colter, un coureur des bois du XIXe siècle, vit dans la maison isolée de sa grand-mère décédée et, comme son héros, disparaît souvent dans la forêt pour vivre au plus près de la nature et s’occuper de ses plantations de pavot et de marijuana. Mais lorsque Sten décide de vendre la maison qu’occupe son fils incontrôlable, le destin de ces trois personnages bascule et les violences enfouies refont surface. »
Une lectrice :
« C'est une lecture que j'ai bien appréciée. Si j'ai choisi ce titre de T.C. Boyle, je me suis rendue la tâche ardue car il s'agit là d'un roman complexe et difficile à avaler. Mais il contient tous les ingrédients que j'apprécie dans la littérature nord américaine décapante. Tout d'abord, le récit se met en place brillamment avec action et tension. Tout semble ne pas aller comme sur des roulettes pour le vieux couple que forment Sten et sa femme. Ils ont décidé de faire un voyage et ce voyage tourne mal. A la manière d'un road movie avorté, l'auteur nous amène à rencontrer Sten, ce père, ce héros, que tout américain souhaiterait avoir.
Et parce que T.C. Boyle adore abuser de votre naïveté et de votre candeur, il se joue de vous, vous dépeint tout sauf une Amérique carte postale, loin des contrées désertiques du Wyoming, des clichés New Yorkais ou des forêts d'Alaska. Non. Loin de là avec T.C. Boyle vous rentrez dans le vif du sujet même si ce sujet est symbolisé par une terrible envie d'uriner. Blague potache ? Ou image au vitriol de l'Amérique profonde ?
L'auteur nous fait ensuite le portrait au crayon à gros traits de Sara, d'âge plutôt déjà mûr, du genre parano, du genre à voter Trump, du genre à détester les téléphones, les flics, le gouvernement, la Maison Blanche. Et lorsque l'on croit que Sara est le pire du pire chez Boyle, loin s'en faut ! Elle fait la rencontre fortuite du cher fils de Sten, le prénommé Adam qui n'a rien d'un type sorti du Jardin d'Eden, bien que le clin d'oeil soit bien là, biblique et cynique chez T.C. Boyle (d'où une scène mémorable de nudité).
Oui, parce que rien n'est laissé au hasard chez T.C. Boyle, qui, vous le remarquerez à la lecture de la fin du roman, s'en prend au "Nature writing". Ce genre littéraire ambigu que pourtant j'adore mais qui prône un retour de l'homme à la bête, de l'humanité à la violence et vice versa. Et le roman tourne alors brusquement à la course folle, à la chasse à l'homme, Adam, armé d'un fusil... « www.babelio.com