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L'ART DE PERDRE, roman 5* d'Alice ZENITER, 2017, 506 pages
24/05/2019 13:10
ZENITER, Alice
L'ART DE PERDRE, roman, 2017, 506 pages
Un grand roman dans un style d'écriture élaborée dans la lignée de Victor Hugo.
Un roman qui nous fait connaître en profondeur l'histoire de l'ALGÉRIE sous la
domination de la France de
1830- à 1962 et même jusqu'à 2017 , l'après Libération et la naissance des
Pieds-Noirs. Rien n'a jamais été clair et défini
pour les Algériens. La Libération de l'Algérie mais surtout sauver les intérêts
de la France.
Ce roman est une description minutieuse des gestes et actes des Algériens de ces
époques mais surtout l'après
Libération, l'après 1962 sous le régime du général De Gaulle.
Une écriture précise, sans tabous, une ouverture sur l'Algérie d'avant et
d'après la présence de la France.Une écriture éclatante.
Un roman qui se lit comme un récit de vie personnelle, d'un mode de vie sociale,
la réalité algérienne des années 1955.
Les Algériens:" Ils veulent une vie entière, pas une survie. Voilà, c'est ça
qu'ils ont eu jusqu'ici: une vie de miettes."
Gilles LAGROIS, Auclair, Québec
www.livresentete.vip-blog.com
Résumé :
L'Algérie dont est originaire sa famille n'a longtemps été pour Naïma qu'une
toile de fond sans grand intérêt. Pourtant, dans une société française traversée
par les questions identitaires, tout semble vouloir la renvoyer à ses origines.
Mais quel lien pourrait-elle avoir avec une histoire familiale qui jamais ne lui
a été racontée ?
Son grand-père Ali, un montagnard kabyle, est mort avant qu'elle ait pu lui
demander pourquoi l'Histoire avait fait de lui un « harki ». Yema, sa
grand-mère, pourrait peut-être répondre mais pas dans une langue que Naïma
comprenne. Quant à Hamid, son père, arrivé en France à l'été 1962 dans les camps
de transit hâtivement mis en place, il ne parle plus de l'Algérie de son
enfance. Comment faire ressurgir un pays du silence ?
Dans une fresque romanesque puissante et audacieuse, Alice Zeniter raconte le
destin, entre la France et l'Algérie, des générations successives d'une famille
prisonnière d'un passé tenace. Mais ce livre est aussi un grand roman sur la
liberté d'être soi, au-delà des héritages et des injonctions intimes ou
sociales.
LES ÉDITEURS
UNE LECTRICE:
"Peut-être que le mot « chef d'oeuvre » est excessif et doit être réservé aux
romans de Zola, Hugo ou Balzac. Peut-être…
Alors, je vais essayer de vous parler d'un livre magistral, un livre qui habite
longtemps le lecteur avec des personnages qui au fil des pages deviennent des
compagnons de route pour lesquels on a de la tendresse, qui vous font vibrer et
partager leurs souffrances, leurs amours, leurs vies.
Ce livre, c'est « L'art de perdre » d'Alice Zeniter, une saga familiale
foisonnante qui débute dans l'Algérie des années 30.
Dans la première partie, nous rencontrons Ali qui, dans sa Kabilie natale,
semble promis à un avenir bouché à se casser le dos à essayer de cultiver une
terre rocailleuse jusqu'à ce qu'un jour, comme un cadeau du ciel, un pressoir
charrié par la rivière croise sa route, manquant de peu de l'estropier.
Dès lors, sa vie se transforme, Ali se lance dans la culture des oliviers et
produit de l'huile, les affaires sont florissantes.
Mais ce que l'on appelle pudiquement « les évènements » sont en marche et le
destin de bien des hommes et celui d'Ali devenu Harki va basculer, jusqu'à ce
qu'un bateau l'emmène sous d'autres cieux.
Dans la deuxième partie, Ali essaie de survivre avec sa famille dans un camp à
Rivesaltes et Hamid, son fils va poser des questions qui resteront sans réponse.
le père à jamais blessé, garde le silence. Un fossé d'incompréhension va se
creuser peu à peu.
Naïma, la petite fille d'Ali, vit heureuse à Paris, jusqu'à ce que les attentats
de 2015, l'obligent à se poser des questions sur le passé de sa famille dont
elle ignore tout.
Il y a beaucoup d'émotion et d'amour dans ce livre, même si les sentiments
restent muets, faute de mots pour dire je t'aime ou je te comprends.
Ce roman poignant évoque avec subtilité et émotion les destins brisés par L
Histoire et l'irrationalité des hommes, les séquelles de la colonisation,
l'exil, le déracinement, le lourd poids de l'héritage familial mais aussi la
force de l'amour filial.
La plume d'Alice Zeniter est élégante, tour à tour musicale et brutale. J'ai
tourné les pages avec passion. La fin du livre m'a tiré des larmes.
Et j'ai relu ce livre, à haute voix, cette fois-ci, pour en partager l'émotion
avec un proche qui a perdu la vue.
L'oralité transcende la beauté de l'écriture et cette relecture me bouleverse.
Alors « Chef d'oeuvre » ? Oui, je crois que ce roman mérite ce qualificatif."
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