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D'AILLEURS LES POISSONS N'ONT PAS DE PIEDS, chronique familiale, de STEFÀNSSON, Jòn Kalman, 2013, 466 pages, Islande
27/03/2020 22:01
STEFÀNSSON, Jòn Kalman
D'AILLEURS LES POISSONS N'ONT PAS DE PIEDS, chronique familiale, 2013, 466
pages, Islande
Un livre qui nous dévoile le mode de vie de la population de KEFLAVIK en
ISLLANDE qui souvent se résume à travailler le poisson, accoster au port,
s'enrichir sur le dos de l'armée américaine, participer à un match de basket ou
se bagarrer dans les bars.
Nous sommes les témoins des confidences du narrateur Islandais qui nous trace le
portrait d'une Islande sauvage, ignorée, mélancolique à travers trois
générations. et
L'écriture franche, avenante de l'auteur nous dévoile une vie insulaire farouche
dans un style poétique enrichi de réflexions philosophiques profondes.
Un livre remarquable, touchant qui nous remémore: que vaut un être humain si son
coeur est détruit?
Gilles LAGROIS, Auclair, Québec
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Résumé :
"Elle est plus belle que tout ce qu’il a pu voir et rêver jusque-là, à cet
instant, il ne se souvient de rien qui puisse soutenir la comparaison, sans
doute devrait-il couper court à tout ça, faire preuve d’un peu de courage et de
virilité, pourtant il ne fait rien, comme s’il se débattait avec un ennemi plus
grand que lui, plus fort aussi, c’est insupportable, il serre à nouveau les
poings, récitant inconsciemment son poème d’amour. Elle s’en rend compte et lui
dit, si je dénoue mes cheveux, alors tu sauras que je suis nue sous ma robe,
alors tu sauras que je t'aime."
Ari regarde le diplôme d’honneur décerné à son grand-père, le célèbre capitaine
et armateur Oddur, alors que son avion entame sa descente vers l’aéroport de
Keflavík. Son père lui a fait parvenir un colis plein de souvenirs qui le
poussent à quitter sa maison d'édition danoise pour rentrer en Islande. Mais
s’il ne le sait pas encore, c’est vers sa mémoire qu’Ari se dirige, la mémoire
de ses grands-parents et de leur vie de pêcheurs du Norðfjörður, de son enfance
à Keflavík, dans cette ville «qui n’existe pas», et vers le souvenir de sa mère
décédée.
Jón Kalman Stefánsson entremêle trois époques et trois générations qui
condensent un siècle d’histoire islandaise. Lorsque Ari atterrit, il foule la
terre de ses ancêtres mais aussi de ses propres enfants, une terre que
Stefánsson peuple de personnages merveilleux, de figures marquées par le sel
marin autant que par la lyre. Ari l’ancien poète bien sûr, mais aussi sa
grand-mère Margrét, que certains déclareront démente au moment où d’autres
céderont devant ses cheveux dénoués. Et c’est précisément à ce croisement de la
folie et de l’érotisme que la plume de Jón Kalman Stefánsson nous saisit, avec
simplicité, de toute sa beauté.
Jón Kalman Stefansson, né à Reykjavik en 1963, est poète, romancier et
traducteur. Son œuvre a reçu les plus hautes distinctions littéraires de son
pays. Sa merveilleuse trilogie Entre ciel et terre (2010), La tristesse des
anges (2011) et Le cœur de l'homme (2013), parue aux Éditions Gallimard, l'a
révélé au public français et a consacré l'auteur sur le plan international.
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UNE LECTRICE;
"Ce roman réunit les ingrédients qui permettent, selon moi, la découverte d'une
nouvelle littérature étrangère, d'un nouvel écrivain, ce qui fut mon cas ici :
Un territoire méconnu omniprésent, l'Islande, magnifiquement décrit dans sa
singulière rudesse et sa beauté sauvage ;
Des personnages ancrés dans leur pays natal, aux caractères affirmés, réunis par
le récit de leur chronique familiale sur trois générations ;
Et enfin et surtout, un ton personnel d'une grande humanité à forte connotation
poétique que la traduction ne semble pas avoir écrasé, pour mon plaisir de
lectrice avide de belles associations de mots et d'idées. Un régal !
Evidemment, cette lecture est un peu exigeante, mais qu'importe. le lecteur est
promené en permanence entre les époques et leurs problématiques respectives, au
fil des mutations que subit l'Islande et plus particulièrement Keflavik, le port
de pêche perdu où « s'oppose la raison, le vent et la lave. » Ce village que le
personnage principal, Ari a fui il y a deux ans, abandonnant subitement femme et
enfants à l'aube de la cinquantaine pour se réfugier au Danemark, plus près de
la civilisation, et qui sait peut-être de lui-même. Car il est indéniable que le
roman s'articule autour d'une période de crise existentielle, fil rouge du
roman. C'est particulièrement bien rendu par le rythme du récit, enchevêtrant
les bribes de vie des personnages de la génération d'Ari et celles de ses
ancêtres. Très franchement, une fois immergée dans le récit, je n'ai pas vu le
temps passer et j'attends le deuxième tome qui vient tout juste de paraître en
Islande.
« La vie naît par les mots et la mort habite le silence. C'est pourquoi il nous
faut continuer d'écrire, de conter, de marmonner des vers de poésie et des
jurons, ainsi nous maintiendrons la faucheuse à distance, quelques instants. »"
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CITATIONS:
"Keflavik. Nulle part ailleurs en Islande, les gens ne vivent aussi près de la
mort."
" Et ARI a raison, notre société souffre d'un manque d'oxygène alors que même
les montagnes devraient nous apprendre à penser."
"ARI. Que vaut un être humain si son coeur st détruit? Je m'en vais pour sauver
ma peau.la douleur.
"Un village où la pêche est pour ainsi dire interdite, la justice et l'égalité
ayant de longue date désertée les lieux, ces lieux les plus noirs de l'Islande.
au spectacle de cette mer privatisée, sachant qu'on a aussi l'interdiction de
pêcher."
" LA VIE NAÎT PAR LES MOTS ET LA MORT HABITE LE SILENCE."
"Parce qu'ils avaient à peine fermé l'oeil de la nuit, parce que leurs corps
étaient soudés l'un à l'autre par la sueur, le désir,le bonheur, parce qu'ils
avaient pleuré.
Ils étaient si beaux, si intemporels, si éternels, il la serait dans ses bras.
ODDUR, mon amour, il me tarde tant de vivre."
"Étreinte est sans doute le mot le plus beau de toute notre langue. Ouvrir ses
bras pour toucher une autre personne, s'unir à elle l'espace d'un instant afin
de constituer un seul être."
"Vaut-il mieux tuer des perdrix ou les regarder s'envoler aussi immaculées que
la beauté?
"L'art est ce qui nous permet de vivre sans sombrer dans la folie, sans
exploser, sans nous transformer en blessure, en malheur, en fusil."
"Il faut être un enfant ou un simple d'esprit pour croire en l'existence de
Dieu."
"Ce sont les regrets qui pèsent le plus lourd."
"Regarder la réalité en face, la preuve que nous n'osons pas affronter le
monde,pas plus que nous n'osons nous affronter nous-mêmes."
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