Jòn Kalman STEFÀNSSON
LE COEUR DE L'HOMME, tome 3, 2013, 455 pages, Islande
"Conjuguant le romanesque du récit d'aventures à la poésie du roman introspectif,
porté par une narration où chaque mot évoque avec justesse les grandes questions
existentielles--le passage du temps, l'éveil au désir, l'espoir d'une vie
meilleure--aussi bien que la réalité de l'ISLANDE de la fin du XIXe siècle,
LE COEUR DE L'HOMME nous offre une lecture tout simplement bouleversante." Les éditeurs
Chapitres:
Ce sont là les histoires que nous devons conter.
Un antique traité de médecine arable affirme que le coeur de l'homme se divise en deux parties, la première se nomme bonheur, et la seconde, désespoir. En laquelle nous faut-il croire?
La fibre céleste de l'homme?
La vie elle-même n'est-elle pas ce grandiose instrument dissonant que le Seigneur a négligé d'accorder?
Cette plaie béante au sein de l'existence.
Ce maudit monde est habitable aussi longtemps que tu l'aimes
Notre plus grande tristesse est de n'exister plus
Où cesse la mort, ailleurs qu'en un baiser?
Gilles LAGROIS, Auclair, Québec
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Résumé :
« Où s'achèvent les rêves, où commence le réel ? Les rêves proviennent de
l’intérieur, ils arrivent, goutte à goutte, filtrés, depuis l'univers que chacun
de nous porte en lui, sans doute déformés, mais y a-t-il quoi que ce soit qui ne
l’est pas, y a-t-il quoi que ce soit qui ne se transforme pas, je t’aime
aujourd’hui, demain, je te hais – celui qui ne change pas ment au monde. »
Jens le postier et le gamin ont failli ne pas sortir vivants de cette tempête de
neige, quelque part dans le nord-ouest de l’Islande. Ils ont été recueillis
après leur chute par le médecin du village. Nous sommes au mois d’avril, la
glace fondue succède à la neige et au blizzard. Après avoir repris des forces,
il leur faudra repartir, retrouver une autre communauté villageoise, celle de la
vie d'avant ...
Après Entre ciel et terre et La tristesse des anges, Jón Kalman Stefansson clôt
avec ce volume une trilogie bouleversante qui a pour toile de fond l'Islande de
la fin du XIXe siècle.
UN LECTEUR:
"Après un hiver qui n’en finissait pas, le printemps pointe timidement le bout de son nez. Timidement, car ici, en Islande, il n’est que le prolongement de l’hiver avec une légère amélioration. Mais cela suffit à la nature pour s’éveiller, aux hommes pour sortir de leurs tanières.
Le bonheur devrait être dans le cœur des hommes.
Mais, même en été on peut connaître des tempêtes. La neige a fondu, mais elle laisse une terre boueuse où l’on patauge.
Le gamin est à l’abri dans la maison des femmes qui l’ont recueilli. On l’appelle « le gamin », il ne porte apparemment pas de nom. Qui est-il vraiment et quel est son but dans la vie ? Un messager ?
Il écrit des lettres pour changer le monde, pour changer un destin. Ceux qui les reçoivent osent changer de cap, car ses mots sont si limpides et si puissants, qu’ils leur apportent la lumière, une étincelle d’espoir, une possibilité de bonheur.
Il vit comme une étoile qui scintille et, dans cette maison, entourée de personnages exceptionnels, étranges pour leur communauté, il apaise les souffrances.
Comment vivre dans ce pays, lorsqu’on est différent, qu’on n’a que les mots comme outils, l’émerveillement et la connaissance comme but, alors que pour être un homme, tout le monde le sait ici, il faut être viril, costaud, oublier la tendresse, ne pas s’attarder sur les faiblesses, les douleurs, les deuils. Un pays où les hommes sont écrasés de labeur par quelques hommes puissants, que l’argent et le pouvoir ont rendu démoniaques. Un pays où les femmes sont soumises et s’accommodent de leurs vies en oubliant leurs rêves.
Que valent la poésie et la musique dans ce monde où les rêves peuvent être assassins, où la délicatesse et la fragilité n’ont pas leur place?
Et pourtant, le gamin court, il vole. Il ne laissera pas le malheur le poursuivre, il laissera ses rêves le guider, ne se laissera pas façonner par la communauté, piégé par la coutume et les préjugés.
Une histoire bouleversante, avec des phrases grandioses, des mots qui nous dépassent, qui nous transpercent. Des mots, des notes de musique face à la cruauté, la cupidité, la violence, l’égoïsme et les préjugés, pour que l’homme n’oublie pas le bonheur de vivre, de respirer, de regarder, de s’émouvoir. Pour ne pas vivre comme un idiot en oubliant d’être soi, en oubliant ses rêves, en imitant son voisin.
« Le pire est de ne pas savoir vivre, de connaître toutes les notes, mais de ne pas saisir la mélodie. »"
CITATIONS:
"Où est la vie, si ce n'est dans un baiser?"
"Nous naissons seuls, nous mourons seuls et il est épuisant de vivre également seuls."
"Chaque homme abrite des mondes cachés et certains de ce mondes n'affleurent jamais à la surface."
"Il est impossible de vaincre l'hiver, on ne peut qu'y survivre, ou vivre avec lui."
"Les rêves sont la lumière qui éclaire l'homme, la clarté qui le nimbe."
"Il ne sert à rien de parler des choses, il faut les faire."
"Non, il est mort parce qu'ici le poisson compte plus que la vie."
"La lecture élargit l'horizon de la vie, la vie devient plus grande, elle devient autre chose."
"L'homme est moins enclin à la haine, ou à la peur, lorsqu'il comprend l'autre."
"La haine et les préjugés sont les fruits de la peur et de la méconnaissance."
"Notre vie est façonnée par notre volonté. Et si on veut, on peut."
"Rien n'est difficile lorsqu'on est libre."
Non je suis simplement une femme dans un univers d'hommes."
"C'est le coeur qui ordonne. Et celui qui n'écoute pas son coeur devient une ombre grise."