|
[ ESSAI ] [ Conte, FANTASTIQUE, FÉÉRIE, SCIENCE FICTION ] [ LIVRES AU JOUR LE JOUR # 1 ] [ Roman du genre thriller ] [ RÉCIT ] [ Thriller québécois ] [ Roman québécois ] [ Roman du genre thriller ] [ Roman genre polar ] [ Littérature étrangèr ] [ Roman polar québécoi ] [ MES POÈMES-GIL ]
|
|
|
|
CE QUE LE JOUR DOIT À LA NUIT, roman de Yasmina KHADRA, 2008, 440 pages
18/07/2017 20:46
KHADRA Yasmina
CE QUE LE JOUR DOIT À LA NUIT, Juliard, 2008, 440 pages
Roman grandiloquent qui se déroule en ALGÉRIE FRANÇAISE . Nous vivons des amitiés soudées dans une Algérie coloniale principalement dans la ville d'ORAN. Nous vivons la période où l'Algérie respire le bon air, la vie y est simple et remplie de douceur, des fruits de ses arbres, de la pêche locale, des marchés où pauvres et riches y trouvent un mode de vie à la portée de chacun. La FRANCE ne veut pas lâcher ce pays ensoleillé et riche et l'Islam y impose sa loi totalitaire omniprésente.
Un grand roman à découvrir et un auteur à l'écriture intense et raffinée à percer.
Gilles LAGROIS, Auclair, Québec
www.livresentete.vip-blog.com
"Mon père était heureux.Je l'en croyais pas capable.Par moments, sa mine délivrée de ses angoisses me troublaient. Ce n'était pas une vie; on existait, et c'est tout."
"Les hommes n'ont inventé Dieu que pour distraire leurs démons."
"On ne triche jamais qu'au détriment de soi-même. Dieu n'a rien à voir avec la méchanceté des hommes."
"Les femmes semblaient s'accommoder de leurs petits malheurs avec une touchante sobriété."
"La vie est un apprentissage permanent; plus on croit savoir, moins on sait, tant les choses changent et avec elles les mentalités."
JOUNES.JONAS." À onze ans, ce sont les éveils qui vous désarçonnent. Les questions ne vous apportant pas de réponses, vous vous accommodez de celles qui vous conviennent."
SON PÈRE. "Il disait qu'on pouvait perdre sa fortune, ses terres et ses amis, ses chances et ses repères, il demeurerait toujours une possibilité de se reconstruire quelque part; en revanche,si on venait à perdre la face, il ne serait plus nécessaire de chercher à sauver le reste."
"Chaque homme est son propre DIEU."DIEU ne lui a rien demandé."
"ISABELLE avait la patience de ceux qui sont persuadés que les lendemains se font pour eux."
"QUI TUE UNE PERSONNE AURA TUÉ L'HUMANITÉ ENTIÈRE."Le Coran
"On ne prend conscience de l'irréparable que lorsqu'il est commis."
"Il n'y a qu'un seul DIEU sur terre, et c'est toi..et ne laisse aucun chagrin te faire descendre de ton nuage."
"L'ALGÉRIE des opprimés, du mouvement nationaliste et des aberrations humaines qui ramenaient l'essence de la vie à un vulgaire rapport de force, à une regrettable et stupide volonté des uns d'assujettir les autres."
"L'ALGÉRIE algérienne naissait au forceps dans une crue de larmes et de sang."
Pour en savoir davantage:
Après Bagdad, Kaboul cette fois-ci l’intrigue de ce roman se déroule en Algérie, l’Algérie coloniale, entre 1936 et 1962. Personnages plus vrais que nature, éprouvés par la vie, émouvants.
« Alors que Younes n’a que neuf ans, son père, paysan ruiné par un spéculateur autochtone, perd ses terres ancestrales. Accablé, l’homme doit se résoudre à confier son enfant à son frère, un pharmacien parfaitement intégré à la communauté pied-noir d’une petite ville de l’Oranais. Le sacrifice est immense. En abandonnant son fils, l’homme perd du même coup le respect de lui-même.
Mais les yeux bleus de Younes et son physique d’ange l’aident à se faire accepter par cette communauté aisée de province.
Rebaptisé Jonas, il grandit parmi de jeunes colons dont il devient l’inséparable camarade. Il découvre avec eux les joies de l’existence et partage leurs rêves d’adolescents privilégiés que ni la Seconde Guerre Mondiale ni les convulsions d’un nationalisme arabe en pleine expansion ne perturbent. Jusqu’au jour où revient au village Émilie, une jeune fille splendide qui va devenir la vestale de nos jeunes gens. Naîtra ainsi une grande histoire d’amour qui mettra à rude épreuve la complicité fraternelle des quatre garçons, écartelés entre la loyauté, l’égoïsme et la rancune que la guerre d’Indépendance va aggraver.
La révolte algérienne sera, pour Younes-Jonas, sanglante et fratricide. Il refusera de laisser détruire l’amitié exceptionnelle qui l’unit à ces jeunes pieds-noirs ; il ne pourra tourner le dos à cet oncle et à cette tante qui lui ont offert une vie meilleure ; mais jamais il n’acceptera non plus de renoncer aux valeurs inculquées par son père : la fierté, la déférence envers ses ancêtres et les coutumes de son peuple, le respect absolu de la parole donnée, et, ce, quitte à mettre en péril l’amour déchirant qu’il a pour Émilie. »
Avec la verve romanesque qu’on lui connaît, Yasmina Khadra éclaire d’un nouveau jour ce conflit ayant opposé deux peuples amoureux d’un même pays. La grande originalité de cette saga qui se déroule de 1930 à nos jours repose sur une courageuse défense de cette double culture franco-algérienne que l’Histoire a, de part et d’autre, trop souvent cherché à renier.
Source : www.bibliosurf.com
Un lecteur:
Ce que le jour doit à la nuit, c'est d'abord un récit poétique, une écriture merveilleusement musicale ! C'est ensuite un récit d'un style particulier : Jonas, le narrateur se raconte en livrant les moindres recoins de son existence à Oran, puis à Rio Salado. Personnage transparent qui se pose en témoin des événements heureux, tragiques, violents qui sculptent son être.
Ce que le jour doit à la nuit, c'est le roman des amoureux de l'Algérie que dis-je des amoureux, des nostalgiques de ce pays perdu pour eux, pays où les confessions se côtoyaient pacifiquement, se respectaient et partageaient leurs richesses, c'est le cri de l'Algérie déchirée par la guerre, c'est l'histoire d'un amour magnifique parce que défendu.
Je n'ai pas envie d'en écrire davantage, ce roman ne se livre pas, il reste dans un coin de l'âme, continue à s'y diffuser.
J'espère rencontrer Yasmina Khadra, ce très grand écrivain un jour, pour lui dire merci.
www.babelio.com
| |
|
|
|
|
|
|
|
SUNSET PARK, roman de Paul AUSTER, 2011, 316 pages, ****
13/08/2017 17:50
AUSTER Paul
SUNSET PARK, roman, 2011, 316 pages, ****
Un roman fébrile qui expose les couleurs que peuvent prendre la vie de chacun.Des personnages peu ordinaires, originaux, peu communs par leur vécu, leur personnalité, leurs idées, leurs actes personnels parfois de contestataires, d'insoumis.
Chacun des personnages a à faire ses propres choix de vie. Les ami-es et les parents demeurent de bons contacts et conseillers mais chacun est responsable de sa vie,de ses choix, de sa destinée.
La meilleure façon de vivre est de mettre les choses au clair pour chacun. Vivre et laisser vivre.Chacun ses expériences de vie. Certains sont lumineux, d'autres ternes et ordinaires. Chacun a le droit à sa personnalité, à son développement personnel, à sa vie unique. Le bonheur est à la portée de tous si on sait voir, bien regarder autre chose que son nombril. Le pire est derrière nous si on sait vivre le préent. Chacun est responsable de ses choix de vie.
Un roman impressionnant, un auteur solide à l'écriture franche, pétillante.
Gilles LAGROIS, Auclair, Québec
www.livresentete.vip-blog.com
"Depuis presque un an, maintenant, il prend des photos d'objets abandonnés. Il y a au moins deux chantiers par jour, parfois jusqu'à six ou sept...,que les fantômes de gens qu'il ne verra ni ne connaîtra jamais restent présents dans les débris qui jonchent leur maisonn vide. On appelle son travail de l'enlèvement de rebuts...services de "préservation de domicile."
"Pourtant, chaque fois qu'il entre dans une maison, il a la sensation que les objets l'appellent, lui parlent avec la voix des gens qui ne sont plus là."
"Mieux vaut s'abstenir d'écrire l'avenir d'une autre personne, surtout si cette autre personne est ton fils."
"... mais au bout du compte les livres relèvent moins du luxe que de la nécessité et la lecture est une addiction dont il ne souhaite pas être guéri."
MILES HELLER. PILAR, 17 ANS."Il est chez lui dans le corps de cette fille, et si jamais il trouvait le courage de partir, il sait qu'il le regretterait jusqu'à la fin de ses jours."
"Dieu n'a rien à voir avec ce qui se passe en Irak. Dieu n'a rien à voir avec rien."
"... que sa mère n'avait absolument pas voulu de lui, que sa naissance était une erreur."
BING NATHAN."C'est le chevalier de l'indignation, le champion du mécontentement, le pourfendeur militant de la vie contemporaine...il ne croit pas à l'action politique."
"Dans une culture du jetable engendrée par la cupidité de sociétés commerciales mues par la recherche du profit, de plus en plus aliénant, de plus en plus vide de sens."
"Tu fourres ton con de pénis dan le vagin d'une autre femme et tu finis par me contaminer, moi! T'as pas honte, MORRIS."
"On n'accepte pas d'argent pour s'être conduit comme un être humain."
"Le corps humain est étrange, imparfait et imprévisible. Le corps humain a bien des secrets et ne les divulgue à personne, sauf à ceux qui ont appris à attendre."
"MILES a toujours paru différent de tous les autres: il semblait posséder une force magnétique, animale, qui modifiait l'ambiance dès qu'il entrait dans une pièce. Était-ce le pouvoir de ses silences...la nature mystérieuse et fermée de sa personnalité?"
Pour en savoir davantage: Résumé :
"Parce qu’il s’est toujours senti coupable de la mort accidentelle de son demi-frère, Miles s’est banni de sa propre histoire. Il a quitté sa famille, abandonné ses études, et travaille, en Floride, à débarrasser les maisons désertées par les victimes des subprimes. Amoureux d’une fille trop jeune, passible de détournement de mineure, Miles fait bientôt l’objet d’un chantage et est obligé – encore une fois – de partir. Il trouve alors refuge à Brooklyn où son fidèle ami Bing Nathan squatte une maison délabrée, en compagnie de deux jeunes femmes, elles aussi condamnées à la marge par l’impossibilité d’exprimer ou de faire valoir leurs talents respectifs.
Désormais Miles se trouve géographiquement plus proche de son père, éditeur indépendant qui tente de traverser la crise financière, de sauver sa maison d’édition et de préserver son couple. Confronté à l’écroulement des certitudes de toute une génération, il n’attend qu’une occasion pour renouer avec son fils afin de panser des blessures dont il ignore qu’elles sont inguérissables…
Avec ce roman sur l’extinction des possibles dans une société aussi pathétiquement désorientée qu’elle est démissionnaire, Paul Auster rend hommage à une humanité blessée en quête de sa place dans un monde interdit de mémoire et qui a substitué la violence à l’espoir."
Les éditeurs
Une lectrice:
«Tu t'es déjà assez enfui comme ça. le moment est venu de te mettre debout et de braver la tempête. »
Eh oui, Miles, il est temps de te prendre en charge ! Fuir après avoir entendu ton père et ta belle-mère parler de toi de façon assez dure, fuir parce que tu te sens coupable de la mort de ton demi-frère, fuir parce que tu sors avec une jeune fille mineure, fuir parce que tu as cogné un policier qui a poussé une de tes colocataires dans l'escalier...C'est assez !
Parlons-en, d'ailleurs, de ces colocataires : Alice, une jeune universitaire préparant sa thèse sur le cinéma, Ellen, une dépressive après un avortement, et surtout Bing Nathan, l'ami (presque) sincère. Tous ceux-ci squattent avec toi une maison abandonnée à Sunset Park, un lieu mort, sans commerces et en face d'un cimetière.
Parce que l'argent manque, évidemment. Même si toi, tu ne veux pas qu'ils sachent que tu es le fils d'un grand nom de l'édition, et le filleul d'un grand écrivain.
Paul Auster a encore réussi à m'emmener sur la grande vague qui s'immisce dans tous les recoins de vies multiples, et ce, de manière naturelle, sans aucun artifice ! Il conte, il raconte, il s'amuse, il est sérieux - la responsabilité et la culpabilité sont les thèmes de ce roman qui m'ont le plus touchée -.
Paul Auster retourne ses personnages dans tous les sens avec ici une narration interne à chacun, l'un après l'autre. Chacun est donc considéré dans son unicité, dans son étrangeté d'être humain mais le résultat fait qu'on se sent proche de chacun.
J'ai vécu avec tous ces gens, le temps d'un roman, la main sur leur épaule. Et j'ai senti derrière mon épaule le regard de Paul Auster, solide, réfléchi et pétillant.
Quel écrivain !" www.babelio.com
| |
|
|
|
|
|
|
|
LES GARÇONS DE L'ÉTÉ, roman de Rebecca LIIGHIERI , 2017, 439 pages, ****
19/10/2017 23:32
LIGHIERI Rebecca
publie aussi sous le nom d'Emmanuelle Bayamack-Tam
LES GARÇONS DE L'ÉTÉ, roman, 2017, 439 pages, ****
Un roman, la vie d'une famille de petits bourgeois de BIARRITZ , deux fils talentueux, sportifs et beaux, une fillette un peu à l'oubliette. Tout pour être heureux mais...parfois la vie nous rattrape et tout devient possible, changements imprévisibles, accidents de parcours, jalousie, regard mauvais.
Un roman d'une grande qualité d'écriture et une imagination sociale imprédictible. Une auteure de talent qui nous comble et nous fait réfléchir aux aléas de la vie moderne.
Un survol du monde aérien du surf, des meilleures vagues au monde, de la compétition entre sportifs spécialistes de la hauteur des vagues à dominer.
Gilles LAGROIS, Auclair, Québec
www.livresentete.vip-blog.com
« THADÉE. J'ai embrassé l'aube d'été. Mieux, je l'ai épousée, je n'ai fait qu'un avec elle, je n'ai fait qu'un avec le ciel virant du rose au bleu... »
« Je n'ai fait qu'un avec la houle, avec l'écume, avec l'eau qui clapotait autour de ma planche. »
« JÉRÔME.Il rentrait mon fils aîné.Six mois plutôt que prévu, il mettait fin à son année sabatique, ses douze mois de sea, sun and surf à la Réunion. »
« JÉRÔME. Père. MAUD, sa maîtresse. »Rien me me dégoûte avec elle par ce qu'elle m'entraîne dans on tourbillon, »
« L'adultère m'avait introduit dans un cercle vertueux de désir, de plaisir et de gratitude. »
« Avec l'amputation de mon fils aîné, quelque chose s'est déglingué. »
« ...c'est vrai que THAD a un surf très aérien et très spectaculaire. Ce qu'il aime par-dessus tout, c'est décoller de la vague, multiplier les manœuvres et les rotations. »
« THALDÉE. ZACHÉE,J'ai toujours su qu'il avait besoin de prendre toute la place et toute la lumière, qu'il était vital d'être reconnu comme le meilleur partout, »
« THALDÉE... ce frère déscolarisé, désocialisé, dispensé de suivre les règles auxquelles nos parents nous ont fermement assujettis toute notre vie durant : se doucher chaque jour, manger à heures fixes, employer utilement son temps. »
« ZACHÉE. Je n'ai pu m'épanouir dans les rapports de force. Les bons n'ont aucun mérite à être
vu que la bonté coule d'eux comme d'une source. »
Pour en savoir davantage :
Résumé :
« Forts de leurs études brillantes, de leur famille convenable et convenue, de leur beauté radieuse et de leur maîtrise du surf, Thadée et Zachée ont cru que l’été serait sans fin. Que la vie se passerait à chevaucher les vagues, entre jaillissements d’embruns et poudroiements de lumière. Mais en mutilant sauvagement Thadée un requin-bouledogue le prive de l’existence heureuse auquel il semblait voué : il est devenu un infirme. La bonne santé des uns, la sollicitude des autres le poussent à bout. Et le révèlent à lui-même jaloux, envieux et même : psychopathe. Ainsi va-t-il commencer par assassiner son frère Zachée dont il ne supporte plus les exploits de surfeur. La mort de Zachée, camouflée en accident, va être le coup de grâce pour cette famille conventionnelle que l’accident puis l’attitude de Thadée avaient passablement ébranlée et qui dès lors plonge dans la folie. Rébecca Lighieri, qui écrit aussi sous le nom d’Emmanuelle Bayamack-Tam, restitue avec une grande vraisemblance l’atmosphère du surf et des surfeurs. Mais à cette atmosphère elle ajoute la tension d’un thriller parfaitement mené, terrorisant à souhait et sanglant comme il faut. Elle prend un plaisir communicatif à s’acharner sur les mensonges, les conventions sociales, les simagrées qu’elle démonte avec une joyeuse cruauté à quoi s’ajoute une efficacité narrative et dramatique qui montrent que son talent se joue des genres et des registres. »
Une lectrice :
« Petit bonheur de lectrice : encore une belle découverte et ce thriller m' a offert un très bon moment de lecture .
L'auteur entraîne le lecteur sur les côtes du Pays Basque et à La Réunion, paradis des surfeurs.
Deux frères ,passionnés de surf vont peu à peu contribuer à ébranler un édifice familial fondé sur les apparences.
Ils appartiennent à une famille de la petite bourgeoisie provinciale dont la mère surtout, vise rien moins que la perfection pour sa progéniture !
On se doute dès le début que l'auteur va se délecter en nous livrant une peinture au vitriol de cette famille !
Maintes fois exploitée en littérature et au cinéma, la critique de moeurs de la bourgeoisie semble toujours un thème porteur et ce roman ,un de plus , en est la preuve.
Alors, hyperréalisme ? sans doute...
Caricature ? ...pas sûr !
Pourtant ,parfois le trait est bien grossi pour laisser place à la dérision , au sarcasme ou à une forme d'humour noir.
Un texte savamment pimenté !
C'est une tranche de vie entachée par des drames qui va permettre une belle étude de caractères : celle d'un pervers surtout .
Mais elle permet aussi de jeter un regard appuyé sur un loisir devenu un mode de vie .
En effet, le lecteur est immergé dans le monde du surf et, parfois il faut le dire, englouti sous une déferlante de termes techniques. Mais, même si on ne regarde les planches que du rivage, l'intérêt reste tenu en éveil . On peut donc parler d'une narration de qualité .
C'est aussi un sujet de réflexion sur le rapport entre la société de loisir et l'environnement et sur la responsabilité de tous.
Et, ce roman dénonce à sa façon l'utilisation à outrance des milieux naturels au mépris de son écosystème .
Un roman qui donne envie de mieux connaître l'oeuvre de Rebecca Lighieri qui publie aussi sous le nom de Emmanuelle Bayamack-Tam. « www.babelio.com
| |
|
|
|
|
|
|
|
LE JOUR D'AVANT, roman **** de Sorj CHALANDON, 2017, 325 pages
13/11/2017 20:53
CHALANDON Sorj
LE JOUR D'AVANT, roman, 2017, 325 pages, ****
Un roman impressionnant autant par le style d'écriture de l'auteur que par l'intrigue du roman, un drame qui se passe dans une mine de charbon, donc à la mémoire des 42 mineurs morts à la fosse Saint-André de Liévin-Lens, le 27 décembre 1974.
Un roman d'une écriture inattendue, déconcertante pour un accident dramatique historique, grâce à la maîtrise de l'écriture brillante de l'auteur.
Gilles LAGROIS, Auclair, Québec
www.livresentete.vip-blog.com
« JOSEPH, mon frère a crié : --C'est comme ça la vie! Jamais je n'avais été aussi fier. »
« J'avais serré la main de mon frère dans l'obscurité. Je me souviens.Ces cris du coeur ressemblaient à mes terreurs de nuit. »
« Et comme tous les gars d'ici, la mine a fini par le dévorer. »
« LE PEUPLE DU FOND DE LA TERRE. »
« Elle se gavait d'hommes, la mine. Elle avait faim de nous. »
« Sa mère. Michel S'il te plaît, ne fais jamais d'enfant. C'est trop de souffrance. »
Son frère JOSEPH, JOJO, décédé. Son lever à 4h30, il a repris. Partir dans la nuit, descendre dans des cages en fer comme un troupeau d'animaux, creuser la roche des heureux, couché dans un boyau, les bras levés, les oreilles brisées, sans masque, sans lunettes, sans aucune protection, sans rien qui fait la dignité de l'homme. »
« Tu veux savoir la vérité?--Il a été assassiné, ton frère! Il est mort dans la mine à cause du grisou. Ça n'existe pas la fatalité. Les patrons appellent ça le profit. LE CULTE DU RENDEMENT. Même le ventilation était défectueuse. Les victimes étaient mortes asphyxiées. »
« Oui , la fosse 3 bis était dangereuse. 42 mineurs envoyés à la mort.La compagnie des mines de Lens. pour les 42 mors a payé 10 000 francs.Une ligne dans un bilan comptable. »
« SI ON FAIT TROP DE SÉCURITÉ, ON NE FAIT PAS DE RENDEMENT. »
« Les hommes ne savent plus que faire pousser des briques. » Quarante ans à attendre que la peur change de camp. Et la détresse, la tristesse, la misère, le deuil. »
« Il peut admettre les circonstances de la mort de son frère et être persuadé que la mine en est la cause. »
Pour en savoir davantage :
Résumé :
« Venge-nous de la mine », avait écrit mon père. Ses derniers mots. Et je le lui ai promis, poings levés au ciel après sa disparition brutale. J’allais venger mon frère, mort en ouvrier. Venger mon père, parti en paysan. Venger ma mère, esseulée à jamais. J’allais punir les Houillères, et tous ces salauds qui n’avaient jamais payé pour leurs crimes. Les éditeurs
Une lectrice :
« Jusqu'où peut-on s'arranger avec la vérité ?
Jusqu'où peut-on vivre dans la culpabilité ? Ce sont les deux interrogations qu'il me reste après la lecture de ce foudroyant roman de Sorj Chalandon qui démontre, une fois encore, comment mêler réalité et fiction pour asseoir son humanité et sa sensibilité. C'est tellement plus qu'un coup de coeur !
Jojo Flavent et son petit frère Michel s'entendent comme larrons en foire. Jojo rêve de devenir pilote de course comme son idole Steve McQueen dans le film « le Mans ».
Il sera mineur. Métier éprouvant, dangereux, où l'on ne retrouve jamais vraiment la couleur de sa peau tant la poussière de charbon s'incruste dans les pores, dans les yeux, sous les ongles. La mort rôde souvent, la silicose toujours.
Le 27 décembre 1974, à la fosse Saint-Amé de Liévin-Lens (Nord-Pas-de-Calais) un coup de grisou tue 42 mineurs et laisse des familles dévastées par le chagrin et la colère. Les veuves doivent rembourser au patron le prix des vêtements et des godillots détruits par l'incendie ! « Un jour un madrier s'écroule. le lendemain un bloc se détache. Une galerie s'affaisse. Un wagonnet s'emballe. Un câble cède. Une lampe explose. Ce ne sont pas des catastrophes, seulement des accidents dont on ne parle pas. C'est lorsque la mine les tue qu'on se souvient qu'il y avait des mineurs ».
40 ans plus tard, Michel Flavent n'a pas oublié. Il tente de combattre le mépris des autres, jusqu'à l'obsession. Depuis la catastrophe, il achète sur les brocantes ou sur Internet des habits de mineur, un casque en cuir bouilli, une lampe, garde le savon et le miroir de Jojo, découpe tous les articles de presse, les photos, les documents de commémoration. Tout et ses pensées sont contenus dans des carnets qu'il stocke dans un garage qui devient le mausolée de son frère, un lieu de secret et de respect. La perte du frère, le suicide de désespoir du père, le chagrin mortel de la mère.
Devenu chauffeur routier, il sillonne l'Europe aux commandes d'un poids lourd bâché d'une immense photo de Steve McQueen. A la mort de son épouse, il décide de quitter Paris et de retourner dans les corons. Il veut se venger, comme son père le lui a demandé. Mais comment retrouver le responsable du drame ? Les houillères sont fermées depuis longtemps, beaucoup d'anciens sont morts. Reste un café où, peut-être…
Le talent de Sorj Chalandon, toujours inspiré par du vécu, passe par la sidération tant les soubresauts sont inattendus, palpitants, dignes d'un excellent scénario de film dont le Steve McQueen d'emprunt tient la vedette. Ne manquez pas de découvrir le réquisitoire terrible de l'avocat général et la plaidoirie sobre et poignante de la défense. Car, un nouveau drame se joue tout aussi humain et bouleversant.
La catastrophe de Liévin-Lens de 1974 m'a immanquablement fait penser au drame du Bois du Cazier à Marcinelle (Belgique) en août 1956. 262 morts de douze nationalités dont une grande majorité d'Italiens. Je me souviens que des collectes étaient faites dans nos écoles et que nos institutrices nous avaient invitées à faire des élocutions sur la mine. Souvenir ravivé de ce désastre humain.
Ce livre est un magnifique hommage à cette région du bassin minier, désormais désaffecté depuis la fin du XXe siècle, mais dont l'intérêt patrimonial et historique a été reconnu par l'Unesco au début de ce XXIe siècle.
Www.babelio.com
| |
|
|
|
|
|
|
|
L'ART DE PERDRE, roman de Alice ZENITER, 2017, 506 pages,**** Prix Goncourt des Lycéens 2017
16/12/2017 15:59
ZENITER Alice
L'ART DE PERDRE, roman, 2017, 506 pages, ****, prix Goncourt des Lycéens.
Un grand roman qui se déroule en ALGÉRIE et en FRANCE et couvre les années 1962, 1972, 2012, 2015 pour les membres d'une famille kabyle dont la narratrice, NAÏMA, le père HAMID et le grand-père ALI.
Une auteure au talent d'écriture remarquable qui nous émeut, nous ébranle pour en ressortir grandi.
C'est l'histoire d'un peuple, d'une famille sous l'occupation française dans les années 1960.La soumission se fait encore par l'argent. Triste mais vraie. C'est encore vrai.
Un roman imposant, intense, d'une époque près de nous.
Gilles LAGROIS, Auclair, Québec
www.livresentete.vip-blog.com
« Dans l'art de perdre il n'est pas dur de passer pour maître, tant de choses semblent si pleines d'envie d'être perdues que leur perte n'est pas un désastre.
Perds chaque jour quelque-chose. Puis entraîne-toi toi, plus vite. « Elizabeth Bishop
« --Personne ne t'a transmis l'Algérie. Qu'est-ce que tu croyais ? Qu'un pays, ça se passe dans le sang ?
Ce qu'on ne transmet pas, ça se perd, c'est tout. »
« HAMID...il ne s'agit plus de déchiffrer pas à pas un texte déjà écrit au ciel mais d'écrire le présent comme une histoire que les siècles futurs sauront lire. »
« Bosser, ce n'est que la mécanique simple pour accéder à l'argent. Sans passion. Sans attrait. »
« La maladie, finalement, est un risque comme un autre. C'est une des choses qui le forcent à aimer le fait d'être vivant. C'est violent une vie.La mienne, en tout cas... »
Pour en savoir davantage :
Résumé :
« L’Algérie dont est originaire sa famille n’a longtemps été pour Naïma qu’une toile de fond sans grand intérêt. Pourtant, dans une société française traversée par les questions identitaires, tout semble vouloir la renvoyer à ses origines. Mais quel lien pourrait-elle avoir avec une histoire familiale qui jamais ne lui a été racontée ?
Son grand-père Ali, un montagnard kabyle, est mort avant qu’elle ait pu lui demander pourquoi l’Histoire avait fait de lui un « harki ».
Yema, sa grand-mère, pourrait peut-être répondre mais pas dans une langue que Naïma comprenne. Quant à Hamid, son père, arrivé en France à l’été 1962 dans les camps de transit hâtivement mis en place, il ne parle plus depuis longtemps de l’Algérie de son enfance.
Comment faire ressurgir un pays du silence ?
Dans une fresque romanesque puissante et audacieuse, Alice Zeniter raconte le destin, entre la France et l’Algérie, des générations successives d’une famille prisonnière d’un passé tenace. Mais ce livre est aussi un grand roman sur la liberté d’être soi, au-delà des héritages et des injonctions intimes ou sociales. » Les éditeurs
Prix littéraire Le Monde 2017
Prix Goncourt des lycéens 2017.
Une lectrice :
« Peut-être que le mot « chef d'oeuvre » est excessif et doit être réservé aux romans de Zola, Hugo ou Balzac. Peut-être…
Alors, je vais essayer de vous parler d'un livre magistral, un livre qui habite longtemps le lecteur avec des personnages qui au fil des pages deviennent des compagnons de route pour lesquels on a de la tendresse, qui vous font vibrer et partager leurs souffrances, leurs amours, leurs vies.
Ce livre, c'est « L'art de perdre » d'Alice Zeniter, une saga familiale foisonnante qui débute dans l'Algérie des années 30.
Dans la première partie, nous rencontrons Ali qui, dans sa Kabilie natale, semble promis à un avenir bouché à se casser le dos à essayer de cultiver une terre rocailleuse jusqu'à ce qu'un jour, comme un cadeau du ciel, un pressoir charrié par la rivière croise sa route, manquant de peu de l'estropier.
Dès lors, sa vie se transforme, Ali se lance dans la culture des oliviers et produit de l'huile, les affaires sont florissantes.
Mais ce que l'on appelle pudiquement « les évènements » sont en marche et le destin de bien des hommes et celui d'Ali devenu Harki va basculer, jusqu'à ce qu'un bateau l'emmène sous d'autres cieux.
Dans la deuxième partie, Ali essaie de survivre avec sa famille dans un camp à Rivesaltes et Hamid, son fils va poser des questions qui resteront sans réponse. le père à jamais blessé, garde le silence. Un fossé d'incompréhension va se creuser peu à peu.
Naïma, la petite fille d'Ali, vit heureuse à Paris, jusqu'à ce que les attentats de 2015, l'obligent à se poser des questions sur le passé de sa famille dont elle ignore tout.
Il y a beaucoup d'émotion et d'amour dans ce livre, même si les sentiments restent muets, faute de mots pour dire je t'aime ou je te comprends.
Ce roman poignant évoque avec subtilité et émotion les destins brisés par L Histoire et l'irrationalité des hommes, les séquelles de la colonisation, l'exil, le déracinement, le lourd poids de l'héritage familial mais aussi la force de l'amour filial.
La plume d'Alice Zeniter est élégante, tour à tour musicale et brutale. J'ai tourné les pages avec passion. La fin du livre m'a tiré des larmes.
Et j'ai relu ce livre, à haute voix, cette fois-ci, pour en partager l'émotion avec un proche qui a perdu la vue.
L'oralité transcende la beauté de l'écriture et cette relecture me bouleverse.
Alors « Chef d'oeuvre » ? Oui, je crois que ce roman mérite ce qualificatif. « www.babelio.com
| |
|
|
|
|