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POITRAS Marie-Hélène---SOUDAIN LE MINOTAURE
27/05/2012 13:36
POITRAS Marie-Hélène
SOUDAIN LE MINOTAURE, roman, Triptyque, 2009, 152 pages
Deux situations de vie d’agression, l’une par un agresseur, un violeur de femmes et la seconde par une victime refusant de passer sa vie en étant associée à une pauvre victime qui se fait plaindre et dorloter.
« Tout à l’heure, j’ai senti combien l’agression m’avait fragilisée. »
« J’avais des fantasmes de violence : j’étais décidée à le faire payer, au nom de toutes les presque étranglées de la terrre. Tout s’est déroulé dans ma tête à l’intérieur d’une seule seconde.» p. 133
« À mon grand désarroi, je développe des réflexes territoriaux, un « sens de la propriété », dirait l’immoraliste d’André Gide. » p. 147
Un roman touchant qui parfois nous déstabilise par le contenu et le style spontané et blessé non pas d’une victime mais d’une témoin.
Gilles Lagrois, Auclair, Québec
Pour en savoir davantage :
Les perceptions d'une victime et de son bourreau
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4e de couverture : Novembre, un soir de neige et de violence. Dans un appartement de Montréal, une rencontre qui n'aurait jamais dû avoir lieu. Le quotidien bouleversé par l'arrivée d'un être venu apporter la peur en cadeau. Quelques mois plus tard, depuis le fond de sa cellule, Mino Torrès décharge son fiel. Quant à Ariane, c'est entre Munich et Berlin qu'elle renoue avec ses sens. Deux versions complémentaires d'un brusque corps-à-corps.
Mon avis : Comme premier roman, il demeure tout à fait surprenant. D'abord par le choix de la narration, mais surtout par la qualité introspective que possède l'auteur pour incarner Mino Torrès, le violeur. Être capable de porter un tel regard sur les femmes, exprimer ce bouillon d'émotions brutes, violentes et très complexes. Pour cela, je lui lève mon chapeau.
Pour la partie d'Ariane, j'ai bien aimé la réflexion sur la victimisation ou plutôt, le malaise entourant une victime d'un acte de violence. Comment y réagir, comment notre réaction peut devenir malsaine en voulant bien faire. J'ai bien aimé aussi cette partie. On ne tombe pas dans le mélodramatique. L'émotion est bien dosée, mais il y a un petit hic. C'est peut-être une question de perception, mais je me suis senti un peu éloigné du récit, comme si un voile empêchait un contact plus ténu, ce qui donne l'impression de vivre tout ceci à distance.
www.critiqueslibres.com
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« Novembre, un soir de neige et de violence. Dans un appartement de Montréal, une rencontre qui n'aurait jamais dû avoir lieu. Le quotidien bouleversé par l'arrivée d'un être venu apporter la peur en cadeau.
Quelques mois plus tard, depuis le fond de sa cellule, Mino Torrès décharge son fiel. Quant à Ariane, c'est entre Munich et Berlin qu'elle renoue avec ses sens.
Deux versions complémentaires d'un brusque corps-à-corps. » Par l’éditeur.
[Extrait]
« Elles ouvraient les jambes. Eduardo et Leandro avaient gagé sur Manuel et moi. On prenait place avant le début de la course. Leandro était de mon côté. C'était l'équipe Leandro-Mino montée sur Conchita contre Eduardo-Manuel et leur jument Victoria. Je ne voulais pas être là. Manuel a atteint la ligne d'arrivée en moins d'une minute. Quant à moi, j'avais l'impression de m'engouffrer dans une blessure ouverte, de tomber dans une mer de chair tiède. Je regardais le volcan, les seins immenses de Conchita, les pétillements phosphorescents se précipitant hors de la bouche de l'Arenal, j'entendais les beuglements de Leandro, les gémissements de Conchita et faisais tout en mon possible pour ne pas voir ses yeux.
Tous mes muscles s'étaient raidis. Mes mouvements m'apparaissaient ridicules, répétitifs et dignes de colère. J'avais le sentiment que ce n'était pas exactement ce qu'il fallait faire. Que je m'exécutais comme un lézard, que je remuais du milieu du corps à la manière d'une balançoire tordue. Conchita était comme un animal abattu, qui expulse ses derniers jets d'air. Ce duvet à la gorge qu'elle m'offrait sans scrupule. Ses yeux révulsés, à faire peur. Et Maria qui devait encore vendre des fruits confits dans un parc bordélique. Je pensais à ces choses pour oublier mon sexe avalé par le ventre de Conchita. Il m'a semblé que j'avais atteint un point de non-retour.
Je continuais et n'allais nulle part. Je pensais à autre chose pour anesthésier ces sensations. C'était trop intime pour être étalé à la vue de Leandro, d'Eduardo, de Manuel et de Victoria qui replaçait sa jupe, tout près. Mon corps entier était gonflé, des fleuves de sang déferlaient dans mes veines, à grands flots, pour m'irriguer le sexe. Il m'a semblé que la scène se poursuivrait jusqu'à l'infini. J'allais être malade. »
La suite dans le livre….www.lactualite.com
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BEAULNE Paul---BANC D'ESSAI
16/06/2012 22:35
BEAULNE Paul
BANC D’ESSAI, Éd. Vents d’Ouest inc., 2003, 163 pages
Bon roman dont l’action se déroule dans la ville de Québec. Le principal sujet est la vie quotidienne de marginaux tels un schizophrène, de vagabonds de la rue hommes et femmes pour la plupart des jeunes qui profitent du beau temps et de la rue pour y vivre librement. Le style poétique du roman est admirable, agréable et bienséant. L’histoire de ces êtres à la recherche d’un but dans la vie est touchante et rendue authentique sous la plume talentueuse de l’auteur.On y retrouve plusieurs citations de textes d’auteurs-compositeurs Québécois engagés socialement et politiquement.On apprend à découvrir la ville de Québec dans ses recoins par tous les déplacements de cette bande vagabonde.Un roman d’une portée sociale et culturelle évidente.
« Quand la littérature s’urbanise : drogues, prostitution, violence »www.erudit.org/culture
Gilles Lagrois, Auclair, Québec
Pour en savoir davantage :
« Cris. Ça crie à l'intérieur de Simon. Ça crie vengeance. Ça crie à l'impuissance. La marche est presque une course. Devant le cimetière Saint-Matthieu, il ralentit le pas. Le cimetière qui est un parc. Le parc-cimetière. Un banc devant le mur de pierres du parc-cimetière. Le banc. Près de l'église. L'église qui est une bibliothèque. L'église-bibliothèque. Le banc. C'est son coin à lui. Un espace de planète où il se sent à l'abri. Chez lui. Les passants sont des visiteurs qui traversent sa zone. Il sait recevoir. Dans ce monde, on accueille les visiteurs poliment. On tend la main. Bien souvent en chantant. Les gens donnent ce qu'ils veulent. Bien souvent rien. Mais on garde le sourire. Bien souvent, mais pas toujours. Quelquefois la hargne. Quelquefois l'ennui. p. 12
Résumé
« Simon sort à peine du centre d’accueil. Pour quelques dollars, il a mis sa guitare en gages. Il chante, rue Saint-Jean, à Québec. Pour gagner sa vie. Pour la vivre aussi. Il fréquente Bernard, un schizophrène d’une quarantaine d’années, qui s’est isolé et muré dans le silence depuis bien longtemps.
Ils se rencontrent souvent sur un banc. Leur banc. Et Simon chante, par cœur. L’histoire se déroule entre les lignes des chansons. Comme dans nos vies, un air ou un refrain se posent d’eux-mêmes sur chaque événement. Il en faut, de cette musique, pour atténuer le mal de vivre de ces êtres que les autres ne regardent plus.
Banc d’essai est un roman qui nous fait entrer dans le monde des marginaux, des exclus, des rejetés. L’auteur a le don d’entrer dans la douleur et la souffrance de ses personnages, sans tirer sur les ficelles, toujours avec justesse et compréhension, avec une grande maîtrise des mots et des images, dans l’invention d’une phrase qui ne cesse chaque fois de nous surprendre. » www.renaud-bray.com
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MALKA Francis---LE JARDINIER DE MONSIEUR CHAOS
19/06/2012 12:37
MALKA Francis
LE JARDINIER DE MONSIEUR CHAOS, Hurtubise, 2010, 180 pages
Roman très touchant dont le sujet est la possibilité de mourir dans la dignité et au moment choisi par soi-même. De plus on peut choisir d’être enterré sur son terrain privié ou sur un terrain de la municipalité et tout cela avec l’aide d’un médecin spécialiste et de son jardinier. Beaucoup de connaisssances sur le jardinage, les parfums tout cela grâce aux talents d’horticulteur, de parfumeur et de généticien et même de croque-mort du jardinier.
Roman avec un style d’écriture poétique, humaniste et touchant.
Gilles Lagrois, Auclair, Québec
Citation : « Les nouveaux gènes que nous avions insérés dans le noyau de la bactérie devaient alors permetre à celle-ci de synthétiser des protéines qui viendraient à leur tour assembler ces fragments de molécules en composés aromatiques, recréant du même coup le parfum des fleurs de troène. » p. 65
Pour en savoir davantage :
«Voilà déjà plusieurs années que vous tentez d’élucider la disparition de nombreux habitants de ce village. Sont-ils partis? Sont-ils morts? Étrangement, les gens à qui vous adressez la parole esquivent poliment vos questions. D’où provient ce parfum de rose qui emplit soudainement l’air? Il n’y a pourtant aucune fleur en vue.
Et comment expliquer ces effluves de tulipe en novembre? Çà et là, au hasard de vos pas, d’autres parfums intenses viennent titiller vos narines. Vous jetez un coup d’œil derrière vous: vous êtes pourtant seul. Vous voici maintenant au centre de la place, devant la statue de M. Lacroix, dont la femme est d’ailleurs l’une des disparues que vous recherchez sans succès. Ne ressentez-vous pas une présence étrange? Sans pouvoir dire exactement pourquoi, vous croyez que ce jardinier, qui s’affaire à réaménager le jardin de M. Chaos, connaît la réponse à toutes ces questions ». www.livresquebecois.com
Mon commentaire:par un lecteur
« Voilà un roman original, autant dans la forme que le fond. L'auteur, Francis Malka, maîtrise parfaitement son sujet et nous offre, à travers 58 courts chapitres, une histoire captivante! Le narrateur (qui est le jardinier du titre) s'adresse directement à nous, lecteurs, qui devenons, le temps du roman, un enquêteur de la division des crimes contre la personne.
Le jardinier lui parle, explique son histoire. La trame est ingénieuse. Le roman, un petit conte macabre et quelque peu pervers est rempli à la fois d'humour noir et d'une grande humanité. Au lecteur de le percevoir d'une façon ou d'une autre. Les chapitres traitant de biologie et de génétique sont passionnants, sans devenir lourds, l'auteur se contentant de l'essentiel pour mener à bien son histoire. À noter qu'il s'agit du premier roman de Francis Maska (qui oeuvre normalement en informatique). On ne peut que souhaiter qu'il reprenne la plume à nouveau!
Le jardinier de Monsieur Chaos est un excellent roman. Après cette lecture, on regarde les jardins, publics comme privés, d'un autre oeil...
Quelques extraits:
"L'homme commence en réalité à mourir au moment où il réalise que le temps lui a joué un tour et que ses accomplissements sont derrière lui. Quelle illusion que le temps! Nous pensons être assis sur le rivage à le regarder passer alors qu'il est en fait immobile et que c'est nous qui passons." p.43
"Toute quête ne peut débuter que par la connaissance de l'ignorance." p.124
www.biblioallie.canalblog.com
« Vous voici maintenant au centre de la place, devant la statue de M. Lacroix, dont la femme est d'ailleurs l'une des disparues que vous recherchez sans succès. Ne ressentez-vous pas une présence étrange?
Sans pouvoir dire pourquoi, vous croyez que ce jardinier, qui s'affaire à réaménager le jardin de M. Chaos, connaît la réponse à toutes ces questions."
Commentaire d’une lectrice :
«Le narrateur du roman est le fameux jardinier, qui s’adresse à la fois à nous et à un inspecteur de police. En effet, dans ce petit village de quelques milliers d’âmes, les disparitions semblent anormalement fréquentes et il semble y avoir des massifs floraux fantômes un peu partout. Et bizarrement, personne ne semble s’en inquiéter.
Passionné de jardinage et d’horticulture, il est engagé par Monsieur Chaos, un mystérieux médecin qui souhaite qu’il aménage le jardin de sa nouvelle demeure. Sauf que, comme il le mentionne assez rapidement, le jardin ne sera jamais fini car un nouveau projet lui sera rapidement confié. Un projet qui défie un peu la morale mais qui nous semble aussi étonnamment humain.
Nous suivrons donc le jardinier et Monsieur Chaos à travers leurs expérimentations sur les odeurs et la biochimie. C’est un peu grinçant, un peu macabre mais par ailleurs assez zen comme histoire. Oui, je sais, c’est paradoxal mais ce sont quand même deux impressions qui ont cohabité en moi tout au long du roman. J’en suis venue à trouver l’anormal presque charitable. Pas de gros suspense ici, pas d'enquête policière haletante, mais une bizarre de fable racontée par un personnage assez spécial lui-même!
Une bonne surprise, donc! » www.moncoindelecture.com
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BOUCHARD Serge---C'ÉTAIT AU TEMPS DES MAMMOUTHS LAINEUX
26/06/2012 01:56
BOUCHARD Serge
C’ÉTAIT AU TEMPS DES MAMMOUTHS LAINEUX, Boeéal, 2012, 221 pages
Un livre très intéressant à lire par les sujets énoncés, le discours direct de l’auteur, ses connaissances des humains de tous les continents, ses audaces d’écriture et de propos toujours à point et utilisés avec humour.
Un livre à relire, à faire circuler. L’auteur est anthropologue, philosophe, humaniste, environnementaliste, enseignant, un homme aux multiples talents qui ont toujours pour but de mieux se rapprocher et de connaître l’homme comme être planétaire. Un grand livre qui devient vite un inséparable.
Gilles Lagrois, Auclair, Québec
Pour en savoir davantage :
« Je suis un grand-père du temps des mammouths laineux, je suis d’une race lourde et lente, éteinte depuis longtemps. Et c’est miracle que je puisse encore parler la même langue que vous, apercevoir vos beaux yeux écarquillés et vos minois surpris, votre étonnement devant pareilles révélations. Cela a existé, un temps passé où rien ne se passait. Nous avons cheminé quand même à travers nos propres miroirs.
Dans notre monde où l’imagerie était faible, l’imaginaire était puissant. Je me revois jeune, je revois le grand ciel bleu au-delà des réservoirs d’essence de la Shell, je me souviens de mon amour des orages et du vent, de mon amour des chiens, de la vie et de l’hiver. Et nous pensions alors que nos mains étaient faites pour prendre, que nos jambes étaient faites pour courir, que nos bouches étaient faites pour parler. Nous ne pouvions pas savoir que nous faisions fausse route et que l’avenir allait tout redresser.
Sur les genoux de mon père, quand il prenait deux secondes pour se rassurer et s’assurer de notre existence, je regardais les volutes de fumée de sa cigarette lui sortir de la bouche, par nuages compacts et ourlés. Cela sentait bon. Il nous contait un ou deux mensonges merveilleux, des mensonges dont je me rappelle encore les tenants et ficelles. Puis il reprenait la route, avec sa gueule d’acteur américain, en nous disant que nous étions forts, que nous étions neufs, et qu’il ne fallait croire qu’en nous-mêmes. »
www.archambault.ca
« Je suis un grand-père du temps des mammouths laineux, je suis d’une race lourde et lente, éteinte depuis longtemps. Et c’est miracle que je puisse encore parler la même langue que vous, apercevoir vos beaux yeux écarquillés et vos minois surpris, votre étonnement devant pareilles révélations. Cela a existé, un temps passé où rien ne se passait. Nous avons cheminé quand même à travers nos propres miroirs. Dans notre monde où l’imagerie était faible, l’imaginaire était puissant. Je me revois jeune, je revois le grand ciel bleu au-delà des réservoirs d’essence de la Shell, je me souviens de mon amour des orages et du vent, de mon amour des chiens, de la vie et de l’hiver. Et nous pensions alors que nos mains étaient faites pour prendre, que nos jambes étaient faites pour courir, que nos bouches étaient faites pour parler. Nous ne pouvions pas savoir que nous faisions fausse route et que l’avenir allait tout redresser.
Sur les genoux de mon père, quand il prenait deux secondes pour se rassurer et s’assurer de notre existence, je regardais les volutes de fumée de sa cigarette lui sortir de la bouche, par nuages compacts et ourlés. Cela sentait bon. Il nous contait un ou deux mensonges merveilleux, des mensonges dont je me rappelle encore les tenants et ficelles. Puis il reprenait la route, avec sa gueule d’acteur américain, en nous disant que nous étions forts, que nous étions neufs, et qu’il ne fallait croire qu’en nous-même.
« Avec sa manière inimitable, sur le ton de la confidence, Serge Bouchard jette un regard sensible et nostalgique sur le chemin parcouru. Son enfance, son métier d’anthropologue, sa fascination pour les cultures autochtones, pour celle des truckers, son amour de l’écriture. »
www.editionsboreal.qc.ca
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> Serge Bouchard célèbre le temps qui passe
Du même auteur

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Le dernier livre de l'anthropologue Serge Bouchard, C'était au temps des mammouths laineux, est constitué de vingt-cinq chroniques d'humeur déjà parues à droite, à gauche entre 2004 et 2011.
Le Soleil, Jean-Marie Villeneuve
(Québec) Il y a des livres qui sont comme des amis.

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« Le dernier livre de l'anthropologue Serge Bouchard, C'était au temps des mammouths laineux, est de ceux-là. Il est constitué de vingt-cinq chroniques d'humeur déjà parues à droite, à gauche entre 2004 et 2011.
Publié par Boréal, ce livre de 323 pages est un florilège. Pour dire le temps qui passe et célébrer le temps qui a passé.
Dès le premier texte, l'auteur donne le ton: «Je suis d'une race lourde et lente, éteinte depuis longtemps.»
Q Serge Bouchard, vous écrivez que dans le monde d'autrefois l'imagerie était faible et l'imaginaire, puissant. Le contraire est-il vrai: dans un monde où l'imagerie est puissante, l'imaginaire est-il faible?
R Les nouvelles technologies font en sorte que nous avons placé l'image devant nous. Nous étions des créateurs de mondes imaginaires et nous ne le sommes plus, nous sommes devenus des consommateurs. On peut tout faire avec un ordinateur, même jouer au hockey... Notre capacité d'imagination pourrait être atrophiée d'ici cinquante ans. En tout cas, je pose la question.
Q Il a beaucoup de nostalgie dans votre livre. La nostalgie est-elle l'apanage de ceux qui vieillissent?
R La nostalgie est inévitable. Et si elle est inévitable, c'est parce qu'elle est humaine. Nous, les humains, nous sommes condamnés à la nostalgie. La nostalgie, c'est simplement regarder le chemin parcouru depuis l'enfance. La nostalgie, c'est un sentiment humain positif.
Q Élevé par une mère agnostique, vous dites ne pas avoir la foi. Que pensez-vous de cette réflexion de Jean d'Ormesson: je n'ai pas la foi, mais j'ai l'espérance?
R C'est oui. Oui, j'ai l'espérance et c'est génial de le dire comme ça. Je ne suis pas un homme désespéré. Je n'ai pas beaucoup réfléchi à la chose religieuse, mais je suis un humaniste prédisposé au bonheur et à l'espérance. Si j'avais à me décrire, je dirais que je suis dans une dimension spirituelle et sacrée comme les Amérindiens.
Q Vous moquant de la manière dont vous étiez habillé à la fin des années 60, vous notez que le ridicule ne tue point mais fait la mode.
R La mode est forcément ridicule. Et ça, le jeune qui est dans l'instant ne le reconnaîtra pas. Le temps, tu n'y échappes pas. Or notre société prétend que le temps ne passe pas. Oui, le ridicule fait la mode.
Q Pourquoi n'aimez-vous pas le drapeau canadien?
R Je ne l'ai jamais aimé, il nous est sorti dans la face sans qu'on sache trop pourquoi. Il est sans âme, sans sens, sans racines. Comme le Canada, finalement. Il est le drapeau d'un pays qui n'existe pas. J'aurais préféré un drapeau blanc tout simple avec une épinette noire au milieu. L'épinette noire de Chibougamau, de l'Abitibi, de la Baie James. Des épinettes noires, il y en a à la grandeur du Canada. Ça, ça nous aurait bien représentés.
Q En vous fondant sur les travaux de Benjamin Lee Whorf et Edward Sapir, vous expliquez qu'on habite une langue. La langue serait-elle un pays?
R La langue que l'on parle fait le pays et structure le réel. La langue est porteuse d'une vision du monde. D'ailleurs, on parle de familles linguistiques. Nous, les Québécois, on serait plus proches des Mexicains que des Albertains. Même si elles le font en français, les nouvelles technologies véhiculent la vision anglophone du monde et c'est pernicieux parce qu'on ne s'en aperçoit pas.
Q Vous affirmez que le Québec se comporte avec les Amérindiens comme le Canada avec les Québécois. Expliquez.
R C'est le même débat, c'est le même cul-de-sac. Aucune société moderne n'a réussi à résoudre l'équation: comment concilier la diversité culturelle. Pour les Canadiens anglais, les francophones sont un épiphénomène, une verrue dans la face. Au Québec, face aux Amérindiens, c'est la même chose. Les Amérindiens parlent une autre langue et veulent des pouvoirs.
Q Que faites-vous de la Paix des Braves avec les Cris dont on vient de fêter le 10e anniversaire?
R C'est vrai, le Québec a évolué là-dessus depuis 1975. Notamment avec René Lévesque. Il y a eu la Paix des Braves et le Québec accepte de parler aux Amérindiens. Le Québec et la Colombie-Britannique sont les deux provinces les plus avancées dans leurs négociations avec eux.
Q J'ai bien aimé cette réflexion: il ne se fait pas assez d'études sur les liens entre le bonheur et les moteurs.
R C'est un aveu, finalement. On est préhistorique quand on dit que le bonheur, ce sont les moteurs. Moi, j'aime les trucks, j'aime les claquements du diesel et l'odeur du fuel. Là se pose la question de l'esthétisme des temps anciens.
Q Vous déplorez que les gens ne savent plus faire la différence entre un bon et un mauvais hamburger. C'est quoi un bon hamburger?
R Un A&W, c'est un bon hamburger. Un McDonald, c'est un mauvais hamburger.
Q Pourquoi écrivez-vous que la vie est affront dont personne n'a jamais su se protéger?
R Ça dit ce que ça dit. La proposition philosophique des pays riches, aujourd'hui, c'est dire que tout est facile. C'est faux! Les Américains ont une formule extraordinaire: shit happens. Quand tu vieillis, le temps te rattrape.
Q La vie serait-elle un passe-temps?
R Ben oui. Entre la naissance et la mort, il faut bien s'occuper. »
www.lapresse.ca
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GERMAIN Georges-Hébert---LA FUREUR ET L'ENCHANTEMENT
07/08/2012 18:53
GERMAIN Georges-Hébert
LA FUREUR ET L’ENCHANTEMENT, roman, Libre Expression, 2010, 498 pages
Roman à base historique relatant une période importante dans la lutte patriotique des Canadiens-Français revendiquant des droits exclusifs hors de la juridiction des Anglais riches, puissants et dominants au gouvernement du Québec.
Le style journalistique et descriptif en fait un roman captivant bien documenté. Des relents d’Histoire nous parviennent, nous touchent profondément car il s’agit des nos ancêtres immédiats.
Nous faisons connaissance avec les Patriotes de 1837-38-39 qui furent durement malménés par les Seigneurs propriétaires français, les députés et ministres anglophones.
Nous passons de bons moments avec notre histoire, des personnages attachants et représentatifs de notre culture de toutes les classes sociales de cette époque significative.
Gilles Lagrois, Auclair, Québec
Pour en savoir davantage :
« Dans un roman d’aventures au souffle épique, Georges-Hébert Germain fait revivre une époque où le Bas-Canada était comme le Far West du Nord: une société en devenir, ambitieuse, instable, parfois violente, et souvent impitoyable.
La fureur et l’enchantement raconte les aventures palpitantes d’un héros plutôt attachant, François Simard, un bûcheron itinérant, coureur des bois et de jupons de La Malbaie.
À travers ses péripéties, Georges-Hébert Germain dresse une fresque panoramique de ce qu’était la vie quotidienne, ainsi que les enjeux économiques, politiques et culturels de cette époque particulièrement turbulente de notre histoire: les années 1830.
La Conquête datait déjà de plus de 70 ans. Le deal que fut la Confédération, qui définit le Canada, n’arriverait pas avant une quarantaine d’années encore. Les années 1830 étaient celles du rapport Durham, préconisant l’assimilation des Canadiens, celles de la Révolte des Patriotes réclamant un gouvernement plus démocratique de la colonie.
Ce furent aussi des années de saccages écologiques: destruction des troupeaux de bisons des Prairies, des grandes forêts de pins blancs et de bouleaux de la vallée du Saint-Laurent.
IMPECCABLE
Germain est un érudit des moeurs de cette époque qui l’intéressent depuis longtemps. Il sait exactement ce que les gens savaient à cette époque, comment ils vivaient, pensaient, se déplaçaient, comment ils faisaient les choses de la vie quotidienne et même les mots qu’ils utilisaient.
À LIRE ÉGALEMENT
Son récit est impeccable et captivant de réalisme.
Le coeur du récit est le suivant: comment des gens de La Malbaie, à l’étroit sur leurs terres, ont fondé une compagnie financée par William Price, le magnat de la forêt de Québec, pour aller couper du bois au Saguenay, alors un domaine vierge occupé par les «sauvages» et contrôlé par la Compagnie de la Baie d’Hudson, avec l’idée de s’emparer des lieux pour les coloniser.
Price les manipule pour qu’ils fassent faillite afin de récupérer les fruits de leur travail. Il leur engage des concurrents qui feront tout pour les faire échouer. Les Autochtones se révoltent et partent sur le sentier de la guerre.
VIE QUOTIDIENNE
Ce roman d’envergure se déroule dans la vie quotidienne, en canot, en raquettes dans la neige, ou à voile sur le Saguenay, dans l’environnement physique, économique, politique, hostile du temps.
Le roman est écrit au passé simple, une forme classique de récit, malheureusement négligée de nos jours. L’écriture de Germain est fluide, précise et efficace dans ses descriptions des travaux et des batailles. Elle devient souvent lyrique dans celles de la nature et des sentiments.
La fureur et l’enchantement est un projet ambitieux, remarquablement bien exécuté. »
www.fr.canoe.ca
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