|
[ ESSAI ] [ Conte, FANTASTIQUE, FÉÉRIE, SCIENCE FICTION ] [ LIVRES AU JOUR LE JOUR # 1 ] [ Roman du genre thriller ] [ RÉCIT ] [ Thriller québécois ] [ Roman québécois ] [ Roman du genre thriller ] [ Roman genre polar ] [ Littérature étrangèr ] [ Roman polar québécoi ] [ MES POÈMES-GIL ]
|
|
|
|
Fatou DIOME---IMPOSSIBLE DE GRANDIR, roman
10/08/2013 20:04
IMPOSSIBLE DE GRANDIR, roman,Flammarion, 2013, 405 pages
Un roman étonnant, intense, remarquable par son style éclairé, sa vision philosophique de la vie, particulièrement de sa vie, de nos sociétés humaines bouleversantes où la vie se fait à bout de bras, d'efforts personnels.
Un roman qui nous permet d'entrer dans l'intimité de sa vie au Sénégal, de sa vie personnelle et familiale sous la férule d'un Tonton tyran. Elle nous confie son besoin vital d'écrire, sa relation avec sa grand-mère, son père célibataire, sa mère jugée et condamnée par sa famille maternelle, sa détermination à survivre, à aider les membres de sa famille à s'en sortir,à s'instruire, à survivre.
"On gravit les montagnes avec son propre souffle."
"Chacun traverse les saisons de la vie à sa propre cadence, même en titubant: tada-tada-tadadan."
"Réfléchir, c'est toujours larguer les amarres...Je plongeai tout entière dans mes pensées et me laissai porter par les courants./ p. 399
"...c'est pour ça que j'écris, pour dire, dénoncer, combattre ce qu'on ne dit pas, mais qui bavarde en nous et nous tue à petit feu." p. 293
Un grand roman à découvrir, pour découvrir l'humain peu importe son image, son milieu, sa naissance sociale.
Gilles Lagrois, Auclair, Québec
www.livresentete.vip-blog.com
POUR EN SAVOIR DAVANTAGE:
le souvenir_le passé_l'avenir
|
|
" Ce livre est un roman à tiroir. L’auteure sait comment ouvrir une parenthèse de 15 pages et retomber sur ses pattes comme un chat habile de la langue française. Le résumé du livre se concentre sur comment travailler les secrets d’une enfance pour devenir adulte. L’action à Strasbourg est entrecoupée de flashback sur une enfance sénégalaise.
Si ce roman est biographique, alors l’auteur dévoile tout et règle ses comptes avec une partie de sa famille. Le lecteur sent monter petit à petit les relents frelatés de souvenirs anciens qui comme les vagues de l’atlantique déposent une petite couche blanche sur le sable et finissent par se déchainer en houle violente : c’est le règlement de compte. Il fallait que ça sorte et que ça soit dit, ou plutôt écrit. La fin du livre est vécue comme une délivrance.
J’aime le style de Diome, elle utilise toujours les métaphores précises et se réfère souvent au vocabulaire de la pêche, de l’océan. On retrouve le style de « le ventre de l’atlantique », mais avec une claire évolution, une maturité. Ce qui paraissait incontrôlé dans ses œuvres précédentes (jet philosophique comme on jette son sac, sans trame et comme une fusion de pensée) semble ici calculé et adulte. L’écriture de Diome atteint dans cette œuvre des sommets.
Sans dévoiler l’histoire, on retrouve des passages analytiques, un genre de psychanalyse personnelle sur les peurs du personnage principal Salie. Elle recherche les raisons de ces peurs et les explique honteusement en racontant son histoire. Elle écrit ce qu’elle ne pourrait jamais dire en société, ces sentiments tellement importants à ses yeux et qui seraient maltraités en public, pris en désinvolture par un public non compréhensif. Parce que les peurs liées à l’enfance devraient être surmontables en tant qu’adulte. En théorie, et dans la conscience commune, mais pas forcément en pratique et dans le sens privé. Les qu’en dira-t-on sont dans les villes sénégalaises aussi présents que dans les campagnes. L’anonymat n’existe pas quand on porte le point d’une histoire familiale atypique.
On découvre dans ce livre des rapports familiaux extrêmes, un rapport village/ville et richesse/pauvreté en parallèle avec le rapport sentiments/raison. C’est l’histoire d’une fille illégitime qui étant le fruit d’un amour défendu doit en payer le prix toute sa vie. Mais elle décide de changer le cours des choses et de sauver ses frères et sœurs d’un destin tracé. Ça ne plait pas à tout le monde.
Ce livre ne fonctionne pas avec le schéma classique des psychanalyses, avec les non-dits et les secrets familiaux. Ici, tout est su, mais rien n’a été travaillé. Parce que le moteur d’une vie, c’est de s’en sortir. Quand Salie a atteint ses buts, elle s’est retournée et a décidé de rendre des comptes. A qui doit-on une réussite personnelle ? Doit-on rendre des comptes avec ceux qui nous ont enfoncés en enfance ? Quelle dette financière peut couvrir celle du cœur ? Salie adulte dialogue avec la petite, une voie dans sa tête, elle enfant.
On ne choisit pas sa famille, mais on choisit ses amis. Ceux qui nous invitent à manger, chez eux. Et je n’ai pas compris ce rapport qu’a Salie avec son amie Marie-Odile. Marie-Odile semble une simple connaissance, pas une amie de cœur à qui on peut faire confiance. Elle représente la superficialité des rapports humains. Et pour moi, la question centrale reste : pourquoi Salie la considère comme une amie, si elle ne peut pas lui confier ses peurs, si Marie-Odile n’accepte pas Salie comme elle est et essaie tout le temps de la changer… On ne choisit pas sa famille. Mais ses amis oui. Solution à la page 400...
www.critiqueslibres.com
|
| |
|
|
|
|
|
|
|
DAN BROWN---INFERNO, roman
15/08/2013 22:26
DAN BROWN
INFERNO, roman, JCLattès, 2013, 564 pages
DAN BROWN nous présente un autre bon roman d'aventure, une enquête internationale bien menée par des spécialistes de l'art qui nous font connaître les musées de Venise,le musée dell'Opera del Duomo, les palais des Médicis, du palais Vitti au palais Vecchio, de grandes oeuvres d'art telles que " Pour l'amour de Dieu, Le vol d'Icare, Prométhée recevant les joyaux de la Nature, l'Apothéose de Cosme 1er de Vasari, les Portes du paradis de Ghiberti avec ses dix panneaux, la Carte de l'Enfer de Botticelli et bien d'autres.
Nous découvrons des oeuvres d'art d'une richesse artistique d'une époque importante dans l'histoire de l'humanité comme les splendeurs de l'Église Sainte-Sophie d'Istanbul.
L'espèce humaine est au bord de l'implosion, notre planète est surpeuplée, la survie de la race humaine est menacée par sa surpopulation, une croissance exponentielle illustrant la prolifération de la population humaine. Un scientifique richissime élabore le projet de diminuer la population humaine en contiminant la planète d'un virus qui éliminerait le tiers de l'humanité.
L'OMS, l'organisation mondiale de la santé tente de maîtriser la situation avec l'aide des gouvernements, de ses spécialistes, des armées et de la police de tous les pays concernés par la menace de ce projet diabolique.
"Au milieu du chemin de notre vie, je me retrouvai par une forêt obscure car la voie Droite était perdue, ainsi commençait l'INFERNO." P. 499
"Une seule forme de contagion se répandit plus vite qu'un virus. LA PEUR." p. 528
Gilles Lagrois, Auclair, Québec
www.livresentete.vip-blog.com
POUR EN SAVOIR DAVANTAGE:
Résumé :
"Les endroits les plus sombres de l'enfer sont réservés aux indécis qui restent neutres en temps de crise morale.
Robert Langdon, professeur de symbologie à Harvard, se réveille en pleine nuit à l'hôpital. Désorienté, blessé à la tête, il n'a aucun souvenir des dernières trente-six heures. Pourquoi se retrouve-t-il à Florence ? D'où vient cet objet macabre que les médecins ont découvert dans ses affaires ? Quand son monde vire brutalement au cauchemar, Langdon va s'enfuir avec une jeune femme, Sienna Brooks. Rapidement, Langdon comprend qu'il est en possession d'un message codé créé par un éminent scientifique - un génie qui a voué sa vie à éviter la fin du monde, une obsession qui n'a d'égale que sa passion pour l'une des œuvres de Dante Alighieri : le grand poème épique Inferno.
Pris dans une course contre la montre,Langdon et Sienna remontent le temps à travers un dédale de lieux mythiques, explorant passages dérobés et secrets anciens, pour retrouver l'ultime création du scientifique - véritable bombe à retardement - dont personne ne sait si elle va améliorer la vie sur terre ou la détruire.
Dan Brown es l'auteur de nombreux best-sellers internationaux. Da Vinci code est aujourd'hui l'un des romans les plus vendus de tous les temps" L'éditeur
Un lecteur:
"Chers passagers, nous vous remercions d'avoir choisi la compagnie "Dan Brown" et vous invitons à éteindre vos téléphones portables, sans oublier d'attacher vos ceintures!
Dans Inferno, vous décollerez de votre fauteuil préféré mais ferez immédiatement escale à Florence et ses mystérieux palais Renaissance. Après une série d'aventures et courses-poursuites en compagnie d'une doctoresse surdouée au passé trouble, vous remonterez vers Venise, la Sérénissime pour la suite d'un jeu de pistes hors du commun avant de bifurquer vers Istanbul et la majestueuse Sainte-Sophie ...
Le retour chez vous est prévu dans environs 500 pages...
Bon voyage!!!
Bref, inutile de préciser que j'ai adoré ce nouvel opus des aventures de Robert Langdon. Tout y est : mystère, suspens, voyage dans des lieux absolument superbes, questions éthiques, symbologie et fausses pistes... Vivement le suivant!"
www.babelio.com
| |
|
|
|
|
|
|
|
Juan Gabriel VÀSQUEZ---LE BRUIT DES CHOSES QUI TOMBENT, roman, littérature étrangère, 2012
19/08/2013 14:31
VÀSQUEZ Juan Gabriel
LE BRUIT DES CHOSES QUI TOMBENT, roman, Seuil, littérature étrangère, 2012, 292 pages
Un titre envoûtant pour un roman troublant autant par son contenu que par le style de l'auteur. Une histoire dont la réalité dépasse une fois de plus la fiction.
À Bogota en Colombie: deux amis de passage, deux destinés liées davantage par le futur que par leur présent anondin.
Antonio Yammara rencontre un aviateur, Ricardo Laverde et établit une relation d'amitié avec lui par des rencontres occasionnelles en partageant avec celui-ci une activité de loisir commune, le billard.
Antonio ne se doutait pas qu'après l'élimination de celui-ci par la mafia pour contrebande de drogue en Colombie, il serait contacté par la fille de ce dernier afin de connaître davantage, en profondeur la vie de son père qu'elle a peine connu car son père à quitté sa mère à l'âge de cinq ans et sa mère est décédée de façon dramatique lors d'un accident d'avion alors qu'elle se préparait à rencontrer son mari .
Un roman qui nous entraîne dans une réalité qui nous est inconnue mais qui nous touche par son réalisme, son drame humain provoqué par la pauvreté, la recherche du confort et d'un bonheur inaccessible.
Un auteur à découvrir, un roman à explorer, une réalité à assumer. Qui a dit que la vie était facile dans un pays chaud et chaleureux !
" Je pense que nous sommes mauvais juges du moment présent, sans doute parce que, en réalité, le présent n'existe pas: tout est mémoire, la phrase que je viens d'écrire est déjà un souvenir." " ...il n'y a plus moyen de redevenir celui qu'on était." " ...ce qui compte, c'est ce qui se passe maintenant." p. 25
" Maya m'avait appris tout ce que les papiers ne révélaient pas ou, pour le dire autrement, elle les avait ordonnés de manière à leur donner un sens, à remplir certains vides grâce aux histoires qu'elle tenait de sa mère et que celle-ci avait parfois inventées." Mon père est une invention de ma mère...un roman en chair et en os, écrit par ses soins. Elle l'a fait pour moi, bien sûr." Vous voulez dire que vous ne connaissiez pas la vérité, qu' Elaine ne vous avait rien dit ? p. 242
"Ricardo s'était perdu dans le ciel, cela arrivait parfois aux pilotes, car le ciel est immense, la mer aussi, et un avion , une toute petite chose." p. 246
Gilles Lagrois, Auclair, Québec
www.livesentette.vip-blog.com
POUR EN SAVOIR DAVANTAGE:
Résumé :
" À quarante ans, Antonio Yammara dresse le bilan de sa vie et revient sur sa relation, brève mais lourde de conséquences, avec Ricardo Laverde, un homme laconique et secret qu’il a autrefois fréquenté dans une salle de billard du centre de Bogota. Un soir alors qu’ils marchent dans la rue, deux hommes à moto abattent Laverde et blessent grièvement Antonio. Traumatisé, ce dernier voit son rapport au monde se détériorer chaque jour davantage malgré l’amour qu’il porte aux siens. Deux ans après l’attentat, il reçoit un appel téléphonique d’une femme qui dit s’appeler Maya et être la fille de Laverde. Comprenant alors que pour pouvoir se débarrasser de son angoisse il doit affronter l’énigme de Laverde et de sa mort, il va trouver Maya. Ensemble, ils remontent le fil du passé et de la mémoire, jusqu’aux années 1970 où l’un et l’autre ont grandi dans l’ombre du commerce mortifère de la drogue et la violence des cartels qui ont mené la Colombie au bord de l’abîme.
La prose lumineuse et sereine de Juan Gabriel Vásquez aborde le problème des traces laissées par l’Histoire dans la psyché d’une génération contrainte de payer pour les crimes de celle qui l’a précédée." L'éditeur
" Un grand plaisir de lecture pour un roman tout en nuance.
Le récit se situe en Colombie et fait revivre le passé d'enfants dont les parents on été mêlés au trafic de drogue.
Ce n'est pas un roman style reportage qui permet d'apprendre tout sur le quartel de Medellin ou la personnalité d'Escobar, mais à travers les questions que se pose le personnage principal on comprend peu à peu les différents drames de ce pays.
Antonio Yammara rencontre un homme qui a fait 20 ans de prison, celui-ci est victime d'un attentat au cours duquel il est lui-même grièvement blessé.
Sa vie en est totalement bouleversée et, pour s'en sortir, il veut comprendre qui était Ricardo Laverde.
Cette quête permettra à l'écrivain de nous décrire les années sombres de Colombie .
J ai apprécié toutes les réflexions sur la mémoire et les souvenirs.
La frontière entre le bien et le mal est assez difficile à tracer , à la fin du roman on ne sait toujours pas qui était vraiment Ricardo Laverde ni pourquoi exactement, il a été tué . Au fil des pages on se trouve pris dans une ambiance assez lourde et triste que je pense assez proche de la la réalité.
Le titre est très bien trouvé et à lui seul résume le roman,mais je vous laisse découvrir pourquoi.
Plusieurs fois je me suis dit que si j'avais vécu sur place , je n 'aurais pas mieux compris les différents enjeux de ce pays que les personnages du roman." www.babelio.com
| |
|
|
|
|
|
|
|
Jérôme GARCIN---BLEUS HORIZONS, roman
21/08/2013 15:26
Jérôme GARCIN
BLEUS HORIZONS, roman, Gallimard, 2013, 213 pages
Roman intéressant, écriture raffinée et profonde, sujet d'une amitié lors de la Première Guerre Mondiale. Deux jeunes soldats deviennent amis au début de la guerre de 1914-18. L'un, Jean, est impétueux, emballé, complètement dévoué à son rôle de soldat. L'autre , Louis, est davantage réservé mais heureux de vivre cette amitié même dans des condition difficiles. Jean est écrivain et poète complètement dévoué à son art. Louis est fort impressionné par le dynamisme de son ami et établit un fort lien d'amitié avec Jean.
Après la mort précoce de Jean, Louis tente de faire connaître le talent et l'oeuvre de son ami. Une amitié solide à découvrir dévouée à la reconnaissance de l'oeuvre et du talent d'un jeune ami écrivain. Une amitié inconditionnelle exclusive.
" Allons! Faisons les fous, car c'est notre sagesse." L'horizon chimérique
" Je relus d'une traite LES DEMANDES de Jean Dézart. Mais un adieu sec, chuchoté, dépourvu de tout romantisme" p. 119
" Le plus terrible, voyez-vous, c'était, ajoutée aux effluves d'acide carbonique et de souffre, l'odeur putride des cadavres. Celles des hommes et des chevaux. LA GUERRE PUAIT." p. 21
"On nous ordonne d'assister ... à l'exécution martiale d'un soldat qui avait tenté de déserter....le rouge des rideaux est celui du sang."
"Il nous appartient pas de pleurer. Nous devons tous rester gais et confiants."
"Très tôt, Jean chercha par quelles voies seccrètes échapper à son milieu, à sa famille. à son confort et à son bonheur précaire..." p.137
"Maman, je voudrais mourir avant toi." p. 140
" Un poète, voyez-vous c'est un enfant éternel." p. 170
Gilles Lagrois, Auclair, Québec
www.livresentete.vip-blog.com
Pour en savoir davantage:
" Jean de La Ville de Mirmont est mort à 27 ans, en laissant derrière lui un roman et un recueil de poèmes posthume. Jérome Garcin le fait revivre à travers un roman qui explore la douleur d'un camarade de tranchée fictif. "
"Il rêvait de faire le tour du monde puis de devenir un grand écrivain; il fut rédacteur à la préfecture de Paris puis mourut, tué à l'ennemi en novembre 1914, à l'âge de 27 ans. Jean de La Ville de Mirmont est resté à quai. Son unique et mince roman, Les Dimanches de Jean Dézert, publié à compte d'auteur, se vendit à une vingtaine d'exemplaires et ses poèmes de jeunesse -magnifiques- ne furent réunis qu'après sa mort. "Allons! Faisons les fous, car c'est notre sagesse", lit-on dans ce recueil hélas méconnu, L'Horizon chimérique. Jérôme Garcin fait revivre
La Ville de Mirmont à travers un roman qui explore la douleur du jumeau survivant. C'est son camarade de tranchée fictif, Louis Gémon, qui évoque le poète disparu. Gémon, le vrai faux jumeau, mutilé de la Grande Guerre, sacrifie sa carrière et ses amours pour faire exister La Ville de Mirmont. On retrouve là l'une des obsessions de Jérôme Garcin, comme une ligne d'horizon qui se dérobe à la vue du cavalier, quand bien même il lancerait sa monture au grand galop.
"Car j'ai de grands départs inassouvis en moi", écrivait le jeune poète avant de marcher vers le front. Né à Bordeaux, la même année qu'Alain-Fournier, Jean de La Ville de Mirmont arpentait les quais et regardait partir les steamers. Il appartient à cette génération de jeunes gens qui voulaient être Rimbaud en Abyssinie mais qui, à 20 ans, étaient déjà rentrés dans le rang. Sa myopie lui interdit les voyages au bout du monde. Le voici à Paris, gratte-papier à la préfecture. Le soir, il rentre sur son île (l'île Saint-Louis), retrouve le singe qu'il a acheté quai de la Mégisserie et qui ne passera pas l'hiver, écrit des poèmes dans lesquels il brocarde les honnêtes gens, les prudents, les hommes de loi...
Revanche de l'écrivain sur le rond-de-cuir!
Son désenchantement se traduit par une forme de cynisme qui le rend banal: "Je me méfiais de ma tendresse naturelle, j'avais peur qu'on me juge trop candide, trop sentimental. Je croyais que, pour mériter le titre d'écrivain, il convient d'être un peu méprisant et cassant", confie-t-il dans la tranchée à son ami Gémon. On comprend qu'un tel destin fascine Jérôme Garcin, journaliste implacable et écrivain sensible. Nous ne saurons jamais quel homme aurait pu devenir La Ville de Mirmont. Il est enseveli par un obus le 28 novembre 1914. Garcin rappelle les mots de Mauriac, dans la préface qu'il offrit aux Dimanches de Jean Dézert: "La mort détruit, mais la vie dégrade." Qui dit mieux ? " www.lexpress.fr
| |
|
|
|
|
|
|
|
LA JUSTE PART, Repenser les inégalités, la richesse et la fabrication des grille-pains, Documents, David ROBICHAUD, Patrick TURMEL
21/08/2013 19:36
LA JUSTE PART, repenser les inégalités, la richesse et la fabrication des grilles-pains
Les indignés d'Occupy et d'ailleurs ont-ils raison de se plaindre des inégalités croissantes? Sont-elles plutôt le prix à payer pour les grands bénéfices de l'économie de marché? Dans quelle mesure peut-on intervenir dans la distribution de la richesse, et peut-on le faire sans brimer les libertés individuelles? Les riches et les pauvres méritent-ils leur sort? Qu'est-ce que la «juste part», au juste? C'est à ces questions pressantes que répond La juste part. À la fois accessible, érudit et brulant d'actualité, ce court essai jette un éclairage original sur ce débat qui secoue notre époque. Les auteurs, David Robichaud, professeur de philosophie à l'Université d'Ottawa et Patrick Turmel, professeur de philosophie à l'Université Laval, auront le plaisir de faire une présentation aux alentours de 18h30, et d'échanger avec leurs futurs lecteurs.
Les philosophes David Robichaud et Patrick Turmel s’attaquent à ce défi dans La juste part, un bref mais brillant et réjouissant essai, publié par l’équipe du magazine Nouveau Projet dans la collection « Documents ». Réfutation allègre du mythe selon lequel l’individu serait « entièrement responsable des fruits de son travail et de ce qu’il peut en retirer sur le marché », cet essai imagé veut montrer « que toute richesse est d’abord un produit social » et qu’il est juste que les plus riches d’entre nous paient plus de taxes et d’impôts que les autres « parce qu’ils profitent davantage de la coopération sociale et des bénéfices collectifs produits ».
Le (néo)libéralisme économique s’inspire des idées du philosophe anglais John Locke. Dans le paisible état de nature, suggère ce dernier, les humains ont des droits naturels - à la vie, à la liberté et à la propriété - octroyés par Dieu et le libre marché est le système qui s’impose. L’État ne vient pas spolier les individus et tout va bien.
Cette fiction, toutefois, ne tient pas la route. Le philosophe anglais Thomas Hobbes montre, en effet, que le respect des droits d’autrui n’est pas naturel, que la liberté totale peut mener au vol et au meurtre et que, « dans un tel état, il n’y a pas de place pour l’activité industrieuse, parce que le fruit n’en est pas assuré […] ». Aussi, pour qu’une société soit productive et économiquement viable, il faut une certaine coopération sociale, qui passe par des règles et contraintes respectées par tous. Par exemple, il n’est pas nécessairement rationnel, d’un point de vue individuel, de payer ses impôts, d’économiser l’eau potable, d’aller voter et de préserver les ressources naturelles. « Le problème, écrivent Robichaud et Turmel, c’est que lorsque tous raisonnent de cette façon, on se retrouve avec des problèmes collectifs dont tous souffrent. »
La compétition a certes des vertus, mais elle exige des règles pour demeurer saine et sa logique n’a pas sa place partout. La compétition sportive vise à faire ressortir le meilleur athlète, pas le plus dopé ; la compétition scolaire vise à susciter une émulation faisant éclore les talents de tous, pas seulement des plus riches. Si seuls ces derniers, parce qu’ils ont accès aux drogues efficaces ou à de prestigieuses écoles, s’imposent, la compétition est faussée et l’excellence athlétique ou scolaire perd son sens. Il en va de même en matière économique : les interventions de l’État ne doivent pas servir à empêcher une saine compétition, « mais à dissuader certains comportements individuels qui menaceraient la stabilité ou la désirabilité de la compétition ».
Collectivement, expliquent Robichaud et Turmel, nous pouvons faire voler des avions, créer de l’énergie nucléaire et transplanter des organes ; seuls dans la nature, nous peinerions à allumer un feu. Nous sommes, selon la formule, « juchés sur les épaules d’un géant », et ce géant, « c’est la tradition culturelle cumulative ». Les génies créateurs ont certes des mérites individuels, mais ils doivent aussi leur réussite à un contexte culturel et social.
Pour ces raisons, s’il est légitime de donner de gros salaires à certains, il est aussi justifié d’exiger de ceux qui ont le plus bénéficié de ce contexte qu’ils fournissent leur juste part en matière de taxes et impôts. Quand on constate, de plus, que les inégalités sociales engendrent une course folle à la consommation et que les sociétés plus égalitaires améliorent le sort de toute la population, le modèle social-démocrate, qui préserve les vertus de la compétition et du marché tout en corrigeant leurs abus par des politiques redistributives, remporte la palme du modèle idéal ou du moins pire des modèles.
L’humain s’améliore souvent par la compétition, mais toujours par la coopération, sans laquelle il périrait. À l’heure de choisir un modèle de société pour le Québec, David Robichaud et Patrick Turmel viennent nous rappeler, avec finesse et brio, que le simplisme de droite est une dangereuse imposture.
| |
|
|
|
|