DANSER AU BORD DE L'ABÎME, roman de Grégoire DELACOURT, 2017, 360 pages ****
03/04/2017 23:43
DELACOURT Grégoire
DANSER AU BORD DE L'ABÎME, JCLattès, 2017, 360 pages, ****
Un roman, mais d'un tel auteur avec son talent d'écriture éclaté, ce roman devient une étoile dans un nuit d'été. Une écriture sensible, sensuelle, éprise d'émotions qui émeut et fait vibrer les sens en alerte.
Chaque page est imprégnée de joie de vivre, d'amour. Le plaisir brille en plein jour et le soir avec le ciel étoilé. L'amour est vainqueur . La peine, la douleur cède la place à l'amour même mal compris et mal partagé. "Quelle est belle la joie qui s'éveille dans un visage."
Un roman tel un film de RENOIR.
Gilles LAGROIS,Auclair, Québec
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"La peur et la souffrance produisent les mêmes effets."
"Jusqu'ici , mes aubes avaient été les petits cailloux d'une vie bien ordonnée, d'une promesse ancienne, celle de suivre des chemins tracés par d'autres qui croyaient aux trajectoires parfaites ou, à défaut, aux mensonges vertueux. Mes aubes prochaines s'annonçaient vertueuses, Et l'une d'elle bouleversante.
...je dirais urgence, vertige, abîme, jouissance, et j'ajouterais douleur. Oui. Désir fou, avant tout."
"Dieu, comme je souffre d'être loin d'eux, si loin de mon mari, de sa douleur, de son effroi."
"... une femme ne quitte pas sa famille, sa souffrance doit rester secrète, sa désolation est inutile; ici le désir est une honte, une maladie, et les apparences gagnent toujours."
"L'AMOUR EST LE MOTEUR LE PLUS ÉCOLOGIQUE."
"Là que j'ai vu cet homme. L'étincelle même du désir. Tout en moi tremble et s'affole. Je vais vaciller. Ce genre d'homme qui fait tout quitter à une femme."
"Je crois que l'on trébuche amoureux à cause d'une part de vide en soi."
"Il y a des hommes qui vous trouvent jolie et d'autres qui vous rendent jolie."
"Je vois les frissons de ma peau lorsque je te vois. Je vois le froid qui s'est emparé de moi. Je vois ma faim."
"DIRE OUI, C'EST ÊTRE VIVANT."
"Un nouvel amour n'est pas forcément contre le précédent."
Pour en savoir davantage:
Résumé :
"Emma, quarante ans, mariée, trois enfants, heureuse, croise le regard d’un homme dans une brasserie.
Aussitôt, elle sait.
Après On ne voyait que le bonheur, Grégoire Delacourt explore dans ce roman virtuose la puissance du désir et la fragilité de nos existences." Les éditeurs
Un lecteur:
Emmanuelle, la petite quarantaine, est mariée à Olivier depuis dix-huit ans. Ils habitent à quelques kilomètres de Lille avec leurs trois enfants et ont une vie heureuse en apparence.
Olivier est concessionnaire automobile et Emma travaille dans une boutique de vêtements. Elle aime son mari, ses enfants, le confort de sa maison, l'opéra et les films de Claude Sautet.
Mais Emma étouffe dans sa petite vie confortable. Elle aspire au vertige, au doux bouleversement des sens.
Quand elle pénètre un jour dans la Brasserie André 71, rue de Béthune, elle remarque un homme par qui elle se sent irrémédiablement attirée.
Tous les jours elle retourne pendant sa pause déjeuner dans cette brasserie. Echanges de regards entre cet homme et Emmanuelle. Tentation, désir qui monte doucement.
Sa vie s'en trouvera bouleversée jusqu'à prendre une décision définitive.
Bravo à l'auteur, Grégoire Delacourt, qui a su cerner la personnalité d'une femme tourmentée et décrit parfaitement ses pensées les plus intimes, les plus profondes.
Il se met dans la peau d'Emmanuelle qui est la narratrice du roman. C'est déjà difficile pour une femme d'exprimer et de comprendre ses propres sentiments les plus complexes, alors oui, chapeau à l'auteur pour son exercice de style et son écriture excellente et poétique, souvent bouleversante.
Qui n'a jamais étouffé dans sa vie et décidé de tout plaquer ?
Emma ressent de la lassitude d'être ancrée dans une vie routinière où elle n'a plus rien de passionnant à quoi se raccrocher.
Au fil du temps les promesses et les projets faits au début de leur rencontre avec Olivier n'ont finalement jamais été tenus.
Comme bon nombre de couples, on se rencontre, on s'aime, on connaît la passion. Mais tout ça s'émousse et rien ne dure. Ni la passion ni même l'amour qui se transforme en tendresse. Mais on continue à vivre ensemble "par habitude". www.babelio.com
Belle écriture poétique. La disparition d'une enfant bouleverse son père au point où il change plusieurs fois de lieu, de dimension passant du passé, à la réalité, à l'imagination du père marin à la recherche de son enfant en utilisant l'eau qui retourne à l'eau en la cherchant par son esprit vagabond.
Gilles LAGROIS, Auclair, Québec
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"J'ai pris la mer par un jour de juin sur un bateau qui n'avait jamais vu le large en n'emportant que l'essentiel..."
"Dans ta petite boîte rose, j'ai rangé ta collection de pierres de lune."
"Avec le temps, le silence était devenu un objet tranchant, strident comme le sifflement d'une bouilloire ou le crissement de pneus sur la chaussée mouillée.
Jamais je n'aurais pu imaginer pire punition, pareil martèlement, jamais je n'aurais pu croire que le pas du temps puisse se muer en une chose si terrible."
Pour en savoir davantage:
"Quel courant fugitif a ravi Béatrice à ses parents ? Il n’aura fallu qu’un clignement d’yeux, aussi bien dire une éternité, pour que leur petite anémone disparaisse, laissant le couple enterrer un cercueil vide d’une indécente légèreté. Mais papa s’accroche à un espoir comme à une bouée : si chaque cours d’eau répond à l’appel de la mer, alors il remontera le courant qui le mènera jusqu’à sa fille.
Il s’improvise dès lors capitaine d’un improbable bateau de sauvetage. Au fil des jours, il sondera sans relâche les eaux du globe, notera selon les caprices de sa mémoire les souvenirs des jours heureux, insouciant devant la tempête qui gronde sur l’horizon.
Émouvante dérive sur le thème de l’absence mâtinée de poésie douce et saline, Marée montante est une déclaration d’amour à ceux qui nous quittent trop tôt, une comptine pour endormir le chagrin." Les éditeurs
ÉCHOS
« Un petit livre d’une grande profondeur et d’une grande beauté. »
« Il y a de la poésie et de la beauté dans Marée montante, malgré l’infinie tristesse qui l’habite […] Ce roman réussit ainsi à toucher un peu la pire de toutes les douleurs, avec pudeur et empathie, mais aussi en la regardant en face. Il faut du doigté pour s’attaquer à un tel sujet sans devenir mélo, et le défi est bien relevé. »
« C’est rempli de tendresse et de douceur. […] Une œuvre qui nous habite. »
10 JOURS DANS UN ASILE, reportage de1887, de Nellie BLY, 2015, 125 pages
19/04/2017 16:08
BLY Nellie
10 JOURS DANS UN ASILE, reportage de 1887, Éditions du sous-sol, 2015, 125 pages
Un reportage digne d'un grand roman du genre thriller, grands frissons garantis. L'homme est vraiment un loup pour l'homme. sans gêne, sans pitié, sans humanité. La cruauté, la dégradation à l'état pur avec les pires abus humains.
Un reportage datant de 1887 sur les conditions des femmes internées dans un asile. Un reportage qui a eu pour effet de changer les conditions des femmes internées.
A lire sans faute si le sujet et les conditions de la femme de l'époque vous touchent.
Gilles LAGROIS, Auclair, Québec
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"Le 22 septembre 1887, Le WORLD me donna comme mission de me faire interner dans l'un des asiles de fous de New-York. Mon rédacteur en chef, JOSEPH PULITZER, souhaitait que je décrive en termes simples et directs les soins apportés aux patientes, les méthodes de la direction, etc ..."
"Mais chose étrange, plus je parlais et me comportais normalement, plus les médecins étaient convaincus de ma folie..."
"Ce n'est que dans les épreuves que l'on réalise à quel point la gentillesse et la compassion sont rares dans ce monde."
Ambulance avec cocher.
"Face à mon silence obstiné, on ordonne de me conduire dans le pavillon des aliénées."
"Autant que vous le sachiez, vous êtes dans un hôpital psychiâtrique."
"Vous n'êtes pas près de sortir si vous vous obstinez à désobéir."
"L'asile de fous de BLACKWELL'S ISLAND, votre dernière destination."
"En comparaison, la potence me semble préférable à cet horrible tombeau."
"Une autre se laissait traînée par deux patientes. Estropiée, aveugle, jeune ou décrépite, laide ou belle: le plus absurde des échantillons humains, le plus ignoble des destins."
Retraite no 4." La violence qui règne là-bas est à peine croyable...un endroit pire qu'une porcherie."
"Son martyre devait ressembler aux tourments de l'enfer."
"L'asile d'aliénées de Blackwell's est une souricière à taille humaine."
"Elle devait avoir dans les 70 ans et était aveugle. Pourquoi vous me traitez comme ça? J'ai si froid. Quel crève-coeur que de l'entendre gémir. Donnez-moi un oreiller et une couverture, j'ai trop froid."
Pour en savoir davantage:
Résumé :
"Engagée en 1887 au journal New York World du célèbre Joseph Pulitzer, Nellie Bly se voit confier une mission pour le moins singulière : se faire passer pour folle et intégrer un asile, le Blackwell's Island Hopital à New York. Intrépide, courageuse et soucieuse de dénoncer les conditions de vie des laissées-pour-compte, elle accepte le défi et endosse le rôle. Elles reste dix jours dans l'établissement et en tire un brûlot. D'abord publié en feuilleton, ce reportage undercover met en lumière les conditions épouvantables d'internement des patientes ainsi que les méthodes criminelles du personnel. L’œuvre de Nellie Bly, jusqu'alors inédite en France, marque la journalisme dit "infiltré" et préfigure les luttes pour l'émancipation des femmes."
LES ÉDITEURS
Une lectrice:
"A l'origine, traduction et réédition des Editions du Sous-sol, puis édité en poche par Points, ce petit livre contient trois reportages de Nellie Bly : 10 jours à l'asile, Dans la peau d'une domestique et Nellie Bly, esclave moderne - Une immersion dans une fabrique de boîtes.
Les trois textes se complètent très bien, car ils décrivent chacun dans un milieu particulier la vie des femmes pauvres à New York, souvent venues dans cette grande ville pour trouver du travail, sous-payées, hébergées dans des pensions misérables, et mal traitées.
10 jours à l'asile montre d'une façon terrible comment la moindre attitude étrange ou non conforme peut être jugée comme de la folie. Au début de son reportage, Nellie Bly ne sait pas trop comment s'y prendre : elle ne veut pas recourir à des personnes de sa connaissance et risquer de les impliquer contre leur gré dans une supercherie. Elle définit elle-même sa stratégie, l'applique sans aide aucune.
A chaque étape de son parcours vers l'asile, elle pense se heurter à la sagacité des médecins et être rapidement démasquée. Surprise et ravie de la facilité avec laquelle elle a pu se faire interner, elle démontre l'incompétence et la légèreté des médecins qui la déclare folle, simplement parce qu'elle se trouve déjà dans l'asile. Et si y elle arrive aussi facilement, c'est que ni la police, ni la justice ne savent quoi faire d'une jeune femme sans protection, à l'esprit apparemment égaré.
Le parcours de ses compagnes d'infortune est plus terrible encore : des femmes seules, pauvres, souvent étrangères, que personne ne connaissait, pouvaient, sans autre forme de procès, être enterrées vivantes à Blackwell's Island, et parfois même avec leur enfant. Nellie Bly s'attache de façon touchante à les appeler par leur nom, s'enquiert de leur situation une fois libérée, mais certaines ont purement et simplement disparu. Personne ne peut dire ce qu'elles sont devenues.
A l'asile, c'est surtout la folie des infirmières qui se déchaîne, brutale et sadique ; c'est la violence en toute impunité envers des personnes enfermées, qui ne trouvent aucun soutien, et surtout pas auprès des médecins complices par surdité volontaire.
On regrette de ne pas disposer en fin d'ouvrage de plus de renseignements sur l'évolution de l'asile et du traitement des internées, de savoir si la prise de conscience de la ville et le million de dollar octroyé a permis un vrai changement et la libération de celles qui avaient toute leur tête à leur arrivée.
Aujourd'hui, l'asile a disparu, et Roosevelt Island, de son nouveau nom, peut être décrit comme un "îlot de paix au coeur de New York" sur un site internet.
Les deux autres reportages sont des immersions dans la vie de domestiques et ouvrières, à la merci du bon vouloir des agences de placement ou des patrons des petites fabriques, travaillant dix à douze heures par jour pour des salaires qui suffisent à peine à payer leurs loyers.
Ces trois reportages nous plongent dans une histoire de New-York oubliée dans le mouvement perpétuel de cette ville moderne et gigantesque, et elle le fait du point de vue d'une femme jeune, intrépide, libre et intelligente, curieuse de la vie de ses contemporaines pauvres et méprisées."
L'ARCHIPEL D'UNE AUTRE VIE, roman d'Andreï MAKINE, 2016, 281 pages, ****
16/05/2017 12:30
MAKINE Andreï
L'ARCHIPEL D'UNE AUTRE VIE, Seuil, 2016, 281 pages, ****
Roman d'une époque rude et tendue en Russie plus précisément en Sibérie, en 1952.
Un roman, une fable, un songe, une rencontre d'humains menacés donc une vie de survivance à la dure. Nul n'est épargné par le régime soviétique à l'époque de STALINE.
Un roman touchant, une histoire d'amour hors norme, en dehors de la réalité d'une époque où chaque jour la survie est menacée.
Pas facile la vie de soldat à moins d'être un décoré, un héros et un menteur. Le pouvoir appartient à un haut gradé qui s'accapare le bénéfice de la gloire des humbles soldats. Tout lui revient car il en a le pouvoir et on le croit. Il est le maître de toutes les situations. La gloire lui appartient.
ELKAN ET GARTSEV, leur histoire d'amour menacée, faite d'amour et d'amour de la liberté.
"La même nature humaine, faite de méfiance, d'agressivité, de perfidie." Une vie démente.
Un grand roman, un auteur à l'écriture vive. Un roman et un un auteur à ne pas manquer.
Un roman qu'on dévore.
Gilles LAGROIS, Auclair, Québec
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"... un rôle dans la bouffonnerie du monde où depuis toujours les hommes vivent en se haïssant."
"À cet instant de ma jeunesse, le verbe "vivre" a changé de sens.Il exprimait désormais le destin de ceux qui avaient réussi à atteindre la mer des CHANTARS. Pour toutes les autres manières d'apparaître ici-bas "exister" allait me suffire."
"Je me sentis très proche de cet inconnu. Pourtant, son mystère résista--une identité plus complexe que celle d'une simple trappeur de la taïga."
"...sur la Russie et son communisme vieillissant qui coïncida avec notre jeunesse, âgés de quatorze ans. La dictature qui nie l'individualité humaine. Rétifs aux doctrines, nous n'avions qu'une envie: nous enivrer de ce nouveau printemps, le meilleur de notre vie, pensions-nous."
"En réalité, TOUGOUR se trouvait dans le cul-de-sac d'un golfe serré entre des reliefs monstrueux et débouchant...sur une modeste mer intérieure."
"La douleur est faite pour révéler l'homme."
"Dès lors, la vraie poursuite commença, une traque rapprochée, celle qui réveille, chez l'homme, son instinct de prédateur."
RAINSKY."Pour survivre, il avait trouvé une bouée: la "discipline de fer" qu'il admirait chez son père, chez les Allemands, chez LOUSKAS."
VASSINE."Depuis, je n'aime pas ces récits de soldats. On enjolive, on décrit des exploits et des victoires."
GARTSEV."...ce "pantin de chiffon" que je gardais en moi. Fiévreux symbole de notre volonté de vivre, d'aimer, d'être reconnu, d'être aimé."
"Être face à une femme inversait le sens de notre expédition. Elle nous avait humiliés, rapetissés. Les vrais victimes, c'était nous....une garce qu'il fallait punir, non pas pour son crime mais pour avoir perverti la logique de ce monde."
Pour en savoir davantage:
Résumé :
"Aux confins de l'Extrême-Orient russe, dans le souffle du Pacifique, s'étendent des terres qui paraissent échapper à l'Histoire... Qui est donc ce criminel aux multiples visages, que Pavel Gartzev et ses compagnons doivent capturer à travers l'immensité de la taïga ? C'est l'aventure de cette longue chasse à l'homme qui nous est contée dans ce puissant roman d'exploration. C'est aussi un dialogue hors du commun, presque hors du monde, entre le soldat épuisé et la proie mystérieuse qu'il poursuit. Lorsque Pavel connaîtra la véritable identité du fugitif, sa vie en sera bouleversée. La chasse prend alors une dimension exaltante, tandis qu'à l'horizon émerge l'archipel des Chantars : là où une "autre vie" devient possible, dans la fragile éternité de l'amour."
Les éditeurs
Un lecteur:
"
Andreï Makine, nouveau membre de L'Académie Française, nous offre avec « L'Archipel d'une autre vie » un magnifique roman. Avec un grand talent il nous entraine dans une grande aventure dans sa Sibérie natale.
Nous sommes dans les années 1970 en Sibérie extrême-orientale, un jeune garçon rencontre Pavel Gartsev. Cet homme va commencer à lui raconter son histoire.
Flashback !
Nous sommes en 1952, l'URSS de Staline se prépare à une possible guerre atomique. Cinq soldats dont Pavel sont envoyés à la poursuite d'un évadé du Goulag. Commence alors une longue chasse à l'homme dans la taïga Russe. Dans cette nature hostile, les hommes, de plus en plus épuisés par cette battue d'un fugitif qui les tient toujours à distance, vont révéler leur réelle personnalité. Lorsque Pavel réussira à le rejoindre et connaîtra qui est l'évadé, sa vie ne sera plus la même.
Dans ce décor hostile mais magnifique, l'homme prendra conscience de la violence de notre monde et se rendra compte qu'il est du mauvais côté. Andreï Makine, car c'est bien lui le jeune garçon qui recueille le témoignage de Gartsev, nous envoie un message : arrêtez la violence, les armes, les fanatismes, les pollutions, regardé notre terre, il y a une autre façon de vivre.
L'écriture de Makine est magnifique, le style est vivace. L'auteur nous transmet son amour pour sa Sibérie et son inquiétude pour notre monde. L'histoire vous tient jusqu'à la dernière page. Un roman qu'on dévore."
INHUMAINES, roman des moeurs contemporaines de Philippe CLAUDEL, 2017, 129 pages
19/05/2017 12:00
CLAUDEL Philippe
INHUMAINES, 2017, 129 pages, roman des moeurs contemporaines
Nous sommes devenus des monstres. On pourrait s'en affliger. Mieux vaut en rire.
Ce livre ne correspond pas à mon genre d'humour peu importe les dires de l'auteur. Il a ses raisons que je ne partage pas. Rire des autres ne me dit rien, ne me fait pas grandir ni ne fait de moi une meilleure personne humaine. De l'humour noir, socialement déplacé. Excessif, amoral.
Un livre un peu fou, disons humour exagéré comme manger du Juif ou du Roumain qui est meilleur au goût. Humour social déplacé.
Gilles LAGROIS, Auclair, Québec
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"L'homme est un risque à prendre." KOFI ANNAN.
"Hier matin j'ai acheté trois hommes.Une tocade. C'est Noël. Ma femme n'aime pas les bijoux. Je ne sais jamais quoi lui offrir. La vendeuses me les a emballés."
"Mon sexe disparaît. Son sexe avait bel et bien disparu. Le sexe de Bredin s'est effacé. Plus rien. En effet. Les bourses elles aussi avaient disparues. L'entrejambe de Bredin était parfaitement lisse."
"Il a collé sur le front du mort une pastille rouge. Un homme est arrivé en courant. Vendu. Vendu. Demain. Je pense en avoir un autre assez semblable."
"Morel du service comptabilité a épousé une ourse. L'ourse était en blanc. J'ai trouvé cela douteux. Ma femme aussi. On se moque de nous. L'ourse était un peu serrée dans sa robe."
"Un village. Un faux. un village de vacances. Le village appartient au comité d'entreprise. La mer est là. Pétanque. Courses en sac. Urologie. Concours de châteaux. Les animateurs sont jeunes et musclés...ils s'accouplent avec la femme d'un des vacanciers. Pour les hommes, il y a les masseuses. elles sont exotiques. Ne parlent pas notre langue."
Pour en savoir davantage:
Résumé :
Nous sommes devenus des monstres.
On pourrait s’en affliger.
Mieux vaut en rire.
« Le rire contre les armes. Et l’ironie pour se moquer de nous.
L’homme est sans doute le seul animal à commettre deux fois les mêmes erreurs. Il est aussi l’unique à fabriquer le pire et à le dépasser sans cesse. À observer le monde comme il va, on hésite alors entre les larmes et le rire.
J’ai choisi dans Inhumaines de m’affubler d’un nez rouge, d’exagérer le vrai pour en saisir l’atroce. Ma volonté était de cette façon de tempérer la cruauté née de notre société en la croquant de façon grotesque, ce qui permet de s’en moquer, en espérant contribuer à la corriger aussi, même si je n’ai guère d’illusion sur ce point : restons modeste.
En 2000, j’avais déjà écrit un roman, J’abandonne, sur la vulgarité de notre monde et sa bêtise. Cela ne me faisait pas rire à l’époque, et le texte était serré comme un coup de poing. Avec le temps, j’ai préféré l’humour et la satire, comme dans Le Paquet ou dans L’Enquête, pour dire comment nous allions droit dans le mur, un mur plus solide que nos pauvres caboches.
Je suis convaincu qu’il est des situations où la littérature doit se transformer en papier de verre pour décaper les cervelles : cela fait un peu mal au début mais cela chatouille aussi. Et après tout, à mon très petit niveau, je ne fais avec ce roman de moeurs que m’inscrire dans un sillon tracé depuis longtemps par des aînés prestigieux, Pétrone, Rabelais, Molière, Voltaire, Villiers de L’Isle-Adam, Jarry, l’Apollinaire des romans érotiques et absurdes, Georges Fourest, les Surréalistes, Ionesco, Roland Topor, Pierre Desproges et bien d’autres qui se sont
servis de l’outrance et de la farce pour transcrire nos errements, et amuser leur public en le déshabillant.
Bien des peintres et graveurs aussi m’ont inspiré depuis longtemps, qui ont su se pencher sur les monstres : Jérôme Bosch, Brueghel, Jacques Callot, Monsu Desiderio, Füssli, George Grosz, Alfred Kubin, Otto Dix, le Topor dessinateur, Reiser, Jean Rustin, Cardon, sans oublier la joyeuse bande du mythique Hara-Kiri. Et dans le cinéma, comment ne pas citer Dino Risi et ses propres Monstres, mais aussi plus près de nous le devenu culte désormais
C’est arrivé près de chez vous de Rémy Belvaux, André Bonzel et Benoît Poelvoorde,
Inhumaines est inspiré de faits réels. Toute ressemblance avec des personnes ou des situations existant est totalement volontaire. J’ai simplement forcé un peu le trait. À peine. Et je n’ai d’autre ambition que faire rire, même jaune, à nos propres dépens, à commencer par les miens.
Inhumaines est à la vérité ce que le palais des glaces est au réel : exhibant un reflet convexe, parfois concave, rétréci ou agrandi, même s’il déforme, il ne ment jamais. »
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Une lectrice:
Que dire? Que dire?
Que si les vingt premières pages m'ont fait sourire (voire rire), les quarante suivantes m'ont troublée (voire mise mal à l'aise) et que les cent dernières m'ont agacée. Philippe Claudel prend ici le parti de se moquer de la société actuelle et tout le monde en prend pour son grade; les vieux, les pauvres, les cancéreux, les réfugiés, les femmes, les arabes, etc. La toute puissance des banques et des multinationales est décriée; et ce qu'il advient des pauvres employés de base est ici souvent critiqué, voire moqué. "On est toujours le con de quelqu'un" a chanté Pierre Perret. C'est on ne peut plus implicitement répété ici.
Mais si encore il n'y avait eu que ce côté satirique des travers de notre société, passe encore. Ce que j'ai déploré, c'est l'omniprésence d'une sexualité débordante, sans morale et sans raison d'être. Ici tout le monde "couche" avec tout ce qui traîne (vivant ou non), et surtout avec les maris et femmes de la même entreprise. Franchement, au fur et à mesure des pages, cet univers lubrique et glauque lasse plus que tout le reste.
Bref, j'ai été attirée par la lecture des débuts de plusieurs de ces nouvelles, mais bien trop déçue par leur suite.