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HARRIS Thomas---HANNIBAL
12/08/2012 21:49
HARRIS Thomas
HANNIBAL, Albin Michel, 2000, 562 pages
Roman du genre grands frissions-thriller très bien écrit, un style classique, profilé, recherché pour ses qualités d’écriture. Les personnages sont amplifiés, remarquables, correspondants aux fonctions qui leur sont attribuées : ils ont du caractère, de la classe, de la profondeur et de l’endurance par leur personnalité éclatée. Un roman qui a du mordant, de la magnificience, de l’éclat par l’auteur « Du silence des agneaux ».
Gilles Lagrois, Auclair, Québec
Pour en savoir davantage :
« Le talent de Harris dépasse, et de beaucoup, la force de son noir imaginaire, de son implacable sens de l’intrigue. À l’inverse de beaucoup des maîtres du suspense anglo-saxons, Harris sait écrire. Et il ne manque pas d’humour…Sous le masque du thriller, ce livre est aussi, bien sûr, une réflexion sur la nature et les origines de la folie, du vice, du Mal…Lisez, dévorez ce gros pavé bien saignant. Vous ne vous en mordrez pas les doigts. » Olivier Le Naire, L’Express
Résumé :
« Sept ans ont passé depuis Le Silence des agneaux. Depuis, Hannibal Lecter vit sous nom d’emprunt à Florence, en Italie, où le faux docteur, vrai serial killer, mène la grande vie. Sur ses traces, Clarice Sterling, agent modèle du FBI. Mais elle n’est pas la seule à le pister : Mason Verger, une des premières victimes d’Hannibal Lecter, attend sa vengeance. La lutte peut-elle être égale entre cet homme cloué à son lit d’hôpital, accroché à son respirateur artificiel, qui tente de tirer parti de toutes les potentialités d’Internet pour mener sa traque, et le redoutable Lecter ? »
www.jetulis.wordpress.com
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SAGAN Françoise---LES FAUX-FUYANTS
14/08/2012 20:29
SAGAN Francoise
LES FAUX-FUYANTS, Julliard, 1991, 243 pages
Roman très réussi de Françoise Sagan. On y retrouve un style plein d’humour, de mots pittoresques autant de la campagne que de saveur parisienne. Un roman avec des personnages très attachants de la classe bourgeoise et d’authentiques paysans attachés à leur campagne et à leur façon de vivre.
J’ai passé passé de très moments de lecture en lisant ce roman qui m’a plu, touché et fait rire tout au long de cette aventure. J’ai découvert une Sagan pleine d’humour nous présentant maintes situations cocasses, drôles à se bidonner. À lire sans faute et sans regret.
Gilles Lagrois, Auclair, Québec
Pour en savoir davantage :
« Ils sont quatre, tardivement lancés sur la route de l'exode en cette mi-juin 40. Quatre fleurons du Tout-Paris occupés à cancaner et à déguster leur foie gras dans une Chenard et Walcker rutilante qui, l'année dernière encore, remportait le Grand Prix de l'Élégance Sportive à Deauville. Quatre? Non, cinq avec le chauffeur. On oublie toujours les domestiques. Mais voilà que celui-ci a l'inconvenance de se faire étourdiment tuer par un Stuka de passage, laissant ses employeurs hébétés devant leur limousine fumante.
Le beau paysan qui les ramasse dans sa carriole tirée par deux percherons, pour les ramener dans sa ferme que sa mère régente d'une main de fer, a quelques arrière-pensées dont la nature n'est pas exclusivement salace. Si les appas de Luce chatouillent son regard, il évalue aussi de l'œil les biceps de son amant...Les femmes culbutées dans le foin ou pataugeant dans la gadoue du poulailler ? Les hommes assaillis par le crétin du village ou transpirant aux champs ?....
Ce que la grande Françoise Sagan, avec ce regard sarcastique et tendre qu'elle porte depuis Bonjour tristesse sur la nature humaine, tire de cette situation, c'est une vraie comédie, irrésistible de verve brillante et de gaieté. Elle nous fait, dans cette période sombre, le cadeau inespéré d'un roman qui arrachera aux lecteurs les plus déprimés par quelques événements récents des accès de fou rire. »
www.babelio.com
« Juin 1940.
Quatre mondains à bord d'une voiture de luxe fuient Paris pour rejoindre Madrid. A bord, Luce, jeune épouse délaissée par son riche mari ; Bruno, son gigolo du moment ; Diane, riche mondaine d'un certain âge ; et Loïc, diplomate supposément homosexuel.
En ce lendemain d'Armistice, des milliers de Français, comme eux, veulent gagner la zone libre au plus vite. Alors que leur convoi finit par se retrouver immobilisé sur les routes de l'exode, quelque part en Beauce, ils se font mitrailler par la flotte aérienne allemande.
La menace éloignée, chacun sort de sa stupeur et revient à la réalité. La voiture des Parisiens est hors d'usage. Pire encore, Jean, leur chauffeur, est tombé sous les balles ennemies… ce qui les place dans un drôle d'embarras. Évidemment, c'est triste pour ce pauvre Jean, mais que vont-ils devenir, perdus sur cette route, livrés à eux-mêmes parmi la populace ?
Alors qu'ils en sont toujours à se demander comment ils vont se sortir de ce pétrin, un jeune paysan qui passait par-là dans sa charrette leur propose le gîte, le temps pour eux de trouver un autre moyen de se rendre à Madrid.
À la ferme, ils découvrent un monde rustique qui leur était jusque-là inconnu, habitués qu'ils sont des ors des salons de la capitale
Peu habitués au confort rustique de la ferme, les quatre compagnons vont devoir changer leurs (mauvaises) habitudes, se lever au chant du coq. Ils vont découvrir la valeur du labeur et du couvert dûment gagné. Les femmes devront nourrir la basse-cour sans craindre d'abimer leurs toilettes, tandis que les hommes troqueront la limousine pour la moissonneuse.
De tout ce que j'ai lu jusqu'ici de Françoise Sagan, Les faux-fuyants est un roman à part, qui s'inscrit dans une veine comique peu habituelle chez l'auteur.
Le procédé utilisé ici n'est pas nouveau : placer des personnages dans un environnement à l'opposé de celui dans lequel ils évoluent et dont ils ignorent les usages et coutumes. Ce choc des cultures devient alors matière à tensions et à quiproquos.
Sous couvert de la comédie, Sagan dénonce le snobisme des mondains oisifs en les frottant à des paysans droits, sans artifices, qui ne craignent pas de retrousser leurs manches. Elle se moque de leur ignorance, de leur condescendance et de leurs airs supérieurs ; et condamne du même coup la comédie des apparences.
Au contact des paysans, loin du regard de la société parisienne, les mondains vont dévoiler un autre aspect de leur personnalité ; certains prenant même plaisir à leur nouvelle condition pourtant inconfortable. Dans ces circonstances inhabituelles, ils vont vivre des situations autrement plus exaltantes et enrichissantes qu'en fréquentant la jet-set.
A l'exception du gigolo, qui persistera dans son attitude méprisante et hautaine, cette expérience permettra à nos bourgeois de prendre conscience de la vanité du jeu des apparences dont ils sont prisonniers à Paris.
Pourtant, sitôt le dos tourné à la ferme, chacun s'empressera de revêtir à nouveau le costume de la suffisance qui lui colle à la peau.
S'il est moins subtilement ironique que ses autres romans de Sagan, Les faux-fuyants n'en demeure pas moins un récit caustique et souvent drôle. »www.babelio.com
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SÜSKIND Patrick---LE PIGEON
15/08/2012 21:22
Patrick SÜSKIND
LE PIGEON, Fayard, 1987, 111 pages
Le Pigeon est un bon conte philosophique sur la survie, la solitude imposée par le sort, la vie, le rejet, la survivance difficile et psychologique d’un solitaire.
Gilles Lagrois, Auclair, Québec
Pour en savoir davantage:
« "Lorsque lui arriva cette histoire de pigeon qui, du jour au lendemain, bouleversa son existence, Jonathan Noël avait déjà dépassé la cinquantaine, il avait derrière lui une période d'une bonne vingtaine d'années qui n'avait pas été marquée par le moindre événement, et jamais il n'aurait escompté que pût lui arriver rien de notable sauf de mourir un jour. Et cela lui convenait tout à fait. Car il n'aimait pas les événements, et il avait une véritable horreur de ceux qui ébranlaient son équilibre intérieur et chamboulaient l'ordonnance de sa vie."
Qu'est-ce qu'un "événement" ? Que se passe-t-il, en somme, quand "il se passe quelque chose" dans la vie d'un homme ? Tel est au fond le sujet, étonnamment simple et profond, de ce nouveau conte philosophique et cocasse de l'auteur du "Parfum".
Patrick Süskind est né en 1949 à Ambach, en Bavière. Il a fait des études littéraires à Munich et à Aix-en-Provence et exerce le métier de scénariste. Outre "Le parfum", best-seller mondial, il a écrit une pièce de théâtre à un personnage, "La contrebasse". » www.babelio.com
« L'enfance de Jonathan Noël est parcourue d'événements tragiques. Ses parents ont été déportés et lui-même a dû fuir et se cacher pour échapper à son funeste destin. Envoyé faire la guerre en Indochine, trahi par une femme partie convoler avec un Tunisien, autant de traumatismes qui pousseront Jonathan Noël à s'exiler du monde. "De toutes ces péripéties, Jonathan Noël tira la conclusion qu'on ne pouvait se fier aux humains et qu'on ne saurait vivre en paix qu'en les tenant à l'écart." Ainsi il prit la décision de tout quitter et partit pour Paris où il eut la chance de trouver un travail de vigile dans une banque et loua une minuscule chambre de bonne dans les combles d'un immeuble bourgeois. Sa vie ainsi réglée ne laissa désormais plus de place à l'imprévu. Les jours se suivaient identiques à eux-mêmes et Jonathan Noël put enfin jouir du bonheur d'être seul, à l'abri du monde, à l'abri de l'autre. Jusqu'au jour où... il se retrouva nez à nez avec un Pigeon, un matin, alors qu'il sortait de sa chambre pour se rendre aux commodités. Et cet événement, ce non-événement, va être le grain de sable qui enrayera une machine huilée depuis plus d'une vingtaine d'années. Le Pigeon est un conte philosophique, une parabole. le texte est court, sa lecture est facile, le récit fluide. Néanmoins au travers d'événements d'une absurdité confondante il soulève des questionnements d'une grande complexité. En premier lieu le livre démarre sur un paradoxe, une énigme, Jonathan Noël et sa famille sont victimes de la persécution nazie, mais à aucun moment il n'est donné de détails sur ses origines ni sur les raisons de cette déportation. Il est donc naturel de penser que Jonathan Noël est juif, Jonathan est un nom hébreu signifiant "don de Dieu", mais pourtant Noël n'est en aucun cas un nom à connotation juive. Bien au contraire, Noël est indubitablement lié au Christ et au christianisme ! Ce paradoxe de départ est un mystère, en tout cas il a pour intérêt de situer le récit dans le domaine de la fable et du conte et oriente d'emblée le lecteur sur la thématique du sacré, ou tout du moins d'une certaine a-sacralité. La chambre de bonne dans laquelle il vit pourrait s'apparenter à une cellule monacale, c'est un espace sécuritaire, et c'est aussi la métaphore de son enveloppe corporelle. Thématique du sacré que l'on retrouve à travers l'évocation qui est faite du Pigeon. Jonathan Noël le perçoit comme un monstre. Cet animal est à ses yeux la personnification du mal, du démon qu'il faut fuir et combattre, c'est la synthèse de toutes les ignominies humaines. Le Pigeon n'est pas ce nuisible urbain, mais c'est le dragon de l'apocalypse. "Il était posé devant sa porte, à moins de vingt centimètres du seuil, dans la lueur blafarde du petit matin qui filtrait par la fenêtre. Il avait ses pattes rouges et crochues plantées dans le carrelage sang de boeuf du couloir, et son plumage lisse était d'un gris de plomb: Le Pigeon. Il avait penché sa tête de côté et fixait Jonathan de son oeil gauche. Cet oeil, un petit disque rond, brun avec un point noir au centre, était effrayant à voir. Il était fixé comme un bouton cousu sur le plumage de la tête, il était dépourvu de cils et de sourcils, il était tout nu et impudemment tourné vers l'extérieur, et monstrueusement ouvert; mais en même temps il y avait là, dans cet œil, une sorte de sournoiserie retenue; et, en même temps encore, il ne semblait être ni sournois, ni ouvert, mais tout simplement sans vie, comme l'objectif d'une caméra qui avale toute la lumière extérieure et ne laisse passer aucun rayon en provenance de son intérieur. Il n'y avait pas d'éclat, pas de lueur dans cet oeil, pas la moindre étincelle de vie. C'était un œil sans regard. Et il fixait Jonathan." La seconde thématique récurrente de ce conte est l'œil et Süskind, alors qu'il avait traité le sens de l'odorat dans "Le Parfum" s'attelle ici à celui de la vue. En effet quand vous vous êtes à ce point retiré du monde et des autres et que vous avez passé votre vie à vous soustraire à leur influence, il est difficile de se soustraire à leur image. A plusieurs endroits du conte est donc fait référence à l'œil, l'œil du Pigeon, petit (l'œil de la bête, l'œil sournois, l'œil de la perversion), l'œil de la couturière grossie par ses lunettes (l'œil sécuritaire, l'œil charitable, l'œil de la bonté), l'œil, les yeux de Jonathan Noël (mince paroi entre lui et le monde extérieur, une ouverture sur les autres, objets de sa souffrance). La troisième thématique notable est celle de l'excrément. Voyez la scène très imagée du clochard déféquant entre deux voitures. A plusieurs endroits du conte l'auteur montre les angoisses issues de la relation de Jonathan Noël avec ses propres déjections et les productions de son corps. Sa relation avec l'urine, la matière fécale, le vomi, ce sont ce qui le rattache avec le monde réel et ce à quoi il ne peut se soustraire. C'est ce qui est identique à l'animal, à la bête, au monstre, au mal, ce qui fait que jamais il ne pourra être cette évanescence qu'il convoite, cet individu vierge de toutes souillures. Ainsi ce petit recueil qui n'a l'air de rien est riche, très riche et en le lisant il m'a rappelé le travail et les écrits de George Bataille. Notamment "Histoire de l'oeil", où il est raconté les pérégrinations pornographiques de trois personnages. Dans cet ouvrage, où les perversions et les violences sexuelles s'égrainent comme on égrainerait un chapelet de ses prières, se développe les même thèmes à savoir le sacré par la voie du blasphème ; l'œil, les yeux et par extrapolation l'œuf ; les déjections corporelles, l'urine, la matière fécale, le lait, le sperme. D'un côté nous avons Süskind et Jonathan Noël qui considère la vie comme une aventure risquée à laquelle il faut se soustraire, qui est terrorisé par la violence et qui n'aspire qu'à la protection et à la sécurité, et de l'autre nous avons George Bataille et ses anti-héros qui face au même constat ont choisit le cheminement inverse celui de la transgression et de la perversion. L'un et autre sont complémentaires. L'un se nourrit de l'autre et ils ne sont pas si étrangers... » www.babelio.com
LE PIGEON, Fayard, 1987, 111 pages
Le Pigeon est un bon conte philosophe sur la survie, la solitude imposée par le sort, la vie, le rejet, la survivance difficile et psychologique d’un solitaire.
Gilles Lagrois, Auclair, Québec
« "Lorsque lui arriva cette histoire de pigeon qui, du jour au lendemain, bouleversa son existence, Jonathan Noël avait déjà dépassé la cinquantaine, il avait derrière lui une période d'une bonne vingtaine d'années qui n'avait pas été marquée par le moindre événement, et jamais il n'aurait escompté que pût lui arriver rien de notable sauf de mourir un jour. Et cela lui convenait tout à fait. Car il n'aimait pas les événements, et il avait une véritable horreur de ceux qui ébranlaient son équilibre intérieur et chamboulaient l'ordonnance de sa vie."
Qu'est-ce qu'un "événement" ? Que se passe-t-il, en somme, quand "il se passe quelque chose" dans la vie d'un homme ? Tel est au fond le sujet, étonnamment simple et profond, de ce nouveau conte philosophique et cocasse de l'auteur du "Parfum".
Patrick Süskind est né en 1949 à Ambach, en Bavière. Il a fait des études littéraires à Munich et à Aix-en-Provence et exerce le métier de scénariste. Outre "Le parfum", best-seller mondial, il a écrit une pièce de théâtre à un personnage, "La contrebasse". » www.babelio.com
« L'enfance de Jonathan Noël est parcourue d'événements tragiques. Ses parents ont été déportés et lui-même a dû fuir et se cacher pour échapper à son funeste destin. Envoyé faire la guerre en Indochine, trahi par une femme partie convoler avec un Tunisien, autant de traumatismes qui pousseront Jonathan Noël à s'exiler du monde. "De toutes ces péripéties, Jonathan Noël tira la conclusion qu'on ne pouvait se fier aux humains et qu'on ne saurait vivre en paix qu'en les tenant à l'écart." Ainsi il prit la décision de tout quitter et partit pour Paris où il eut la chance de trouver un travail de vigile dans une banque et loua une minuscule chambre de bonne dans les combles d'un immeuble bourgeois. Sa vie ainsi réglée ne laissa désormais plus de place à l'imprévu. Les jours se suivaient identiques à eux-mêmes et Jonathan Noël put enfin jouir du bonheur d'être seul, à l'abri du monde, à l'abri de l'autre. Jusqu'au jour où... il se retrouva nez à nez avec un Pigeon, un matin, alors qu'il sortait de sa chambre pour se rendre aux commodités. Et cet événement, ce non-événement, va être le grain de sable qui enrayera une machine huilée depuis plus d'une vingtaine d'années. Le Pigeon est un conte philosophique, une parabole. le texte est court, sa lecture est facile, le récit fluide. Néanmoins au travers d'événements d'une absurdité confondante il soulève des questionnements d'une grande complexité. En premier lieu le livre démarre sur un paradoxe, une énigme, Jonathan Noël et sa famille sont victimes de la persécution nazie, mais à aucun moment il n'est donné de détails sur ses origines ni sur les raisons de cette déportation. Il est donc naturel de penser que Jonathan Noël est juif, Jonathan est un nom hébreu signifiant "don de Dieu", mais pourtant Noël n'est en aucun cas un nom à connotation juive. Bien au contraire, Noël est indubitablement lié au Christ et au christianisme ! Ce paradoxe de départ est un mystère, en tout cas il a pour intérêt de situer le récit dans le domaine de la fable et du conte et oriente d'emblée le lecteur sur la thématique du sacré, ou tout du moins d'une certaine a-sacralité. La chambre de bonne dans laquelle il vit pourrait s'apparenter à une cellule monacale, c'est un espace sécuritaire, et c'est aussi la métaphore de son enveloppe corporelle. Thématique du sacré que l'on retrouve à travers l'évocation qui est faite du Pigeon. Jonathan Noël le perçoit comme un monstre. Cet animal est à ses yeux la personnification du mal, du démon qu'il faut fuir et combattre, c'est la synthèse de toutes les ignominies humaines. Le Pigeon n'est pas ce nuisible urbain, mais c'est le dragon de l'apocalypse. "Il était posé devant sa porte, à moins de vingt centimètres du seuil, dans la lueur blafarde du petit matin qui filtrait par la fenêtre. Il avait ses pattes rouges et crochues plantées dans le carrelage sang de boeuf du couloir, et son plumage lisse était d'un gris de plomb: Le Pigeon. Il avait penché sa tête de côté et fixait Jonathan de son oeil gauche. Cet oeil, un petit disque rond, brun avec un point noir au centre, était effrayant à voir. Il était fixé comme un bouton cousu sur le plumage de la tête, il était dépourvu de cils et de sourcils, il était tout nu et impudemment tourné vers l'extérieur, et monstrueusement ouvert; mais en même temps il y avait là, dans cet œil, une sorte de sournoiserie retenue; et, en même temps encore, il ne semblait être ni sournois, ni ouvert, mais tout simplement sans vie, comme l'objectif d'une caméra qui avale toute la lumière extérieure et ne laisse passer aucun rayon en provenance de son intérieur. Il n'y avait pas d'éclat, pas de lueur dans cet oeil, pas la moindre étincelle de vie. C'était un œil sans regard. Et il fixait Jonathan." La seconde thématique récurrente de ce conte est l'œil et Süskind, alors qu'il avait traité le sens de l'odorat dans "Le Parfum" s'attelle ici à celui de la vue. En effet quand vous vous êtes à ce point retiré du monde et des autres et que vous avez passé votre vie à vous soustraire à leur influence, il est difficile de se soustraire à leur image. A plusieurs endroits du conte est donc fait référence à l'œil, l'œil du Pigeon, petit (l'œil de la bête, l'œil sournois, l'œil de la perversion), l'œil de la couturière grossie par ses lunettes (l'œil sécuritaire, l'œil charitable, l'œil de la bonté), l'œil, les yeux de Jonathan Noël (mince paroi entre lui et le monde extérieur, une ouverture sur les autres, objets de sa souffrance). La troisième thématique notable est celle de l'excrément. Voyez la scène très imagée du clochard déféquant entre deux voitures. A plusieurs endroits du conte l'auteur montre les angoisses issues de la relation de Jonathan Noël avec ses propres déjections et les productions de son corps. Sa relation avec l'urine, la matière fécale, le vomi, ce sont ce qui le rattache avec le monde réel et ce à quoi il ne peut se soustraire. C'est ce qui est identique à l'animal, à la bête, au monstre, au mal, ce qui fait que jamais il ne pourra être cette évanescence qu'il convoite, cet individu vierge de toutes souillures. Ainsi ce petit recueil qui n'a l'air de rien est riche, très riche et en le lisant il m'a rappelé le travail et les écrits de George Bataille. Notamment "Histoire de l'oeil", où il est raconté les pérégrinations pornographiques de trois personnages. Dans cet ouvrage, où les perversions et les violences sexuelles s'égrainent comme on égrainerait un chapelet de ses prières, se développe les même thèmes à savoir le sacré par la voie du blasphème ; l'œil, les yeux et par extrapolation l'œuf ; les déjections corporelles, l'urine, la matière fécale, le lait, le sperme. D'un côté nous avons Süskind et Jonathan Noël qui considère la vie comme une aventure risquée à laquelle il faut se soustraire, qui est terrorisé par la violence et qui n'aspire qu'à la protection et à la sécurité, et de l'autre nous avons George Bataille et ses anti-héros qui face au même constat ont choisit le cheminement inverse celui de la transgression et de la perversion. L'un et autre sont complémentaires. L'un se nourrit de l'autre et ils ne sont pas si étrangers... » www.babelio.com
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Ai-je la place du passager dans ma vie ?
20/08/2012 14:29
Ai-je la place du passager
Dans ma vie ?
Suis-je celui qui décide
Sinon vais-je où tu vas ?
Suis-je penseur et décideur
Ou suis-là pour vous plaire
Et vous rendre la vie agréable ?
Avec chaque personne
Je me pose la question fataliste.
Suis-je un être libre
Ou une personne manipulée ?
Pour être aimé et heureux
Je suis du même voyage
Que le guide que je me suis attitré.
Est-ce ma réalité ou vraiment moi ?
Pourtant je suis capable
De décider pour moi
Ce qui est beau, merveilleux et bon.
On voyage à deux,
Donc on décide à deux.
Je veux bien partager
Ces instants de délices
Mais je veux surtout décider
De ma part de vie personnelle.
Certains choix me sont imposés
Par un médecin, un spécialiste,
Un comptable ou un consultant.
Mais les autres sélections me reviennent
Entièrement et quotidiennement.
La beauté passe
La gentillesse reste.
Qui se considère vraiment beau ?
Qui se considère vraiment gentil ?
Qui se considère les deux à la fois ?
Parfois dans des situations laborieuses
Je me dis : »Je vais l’avoir par le moral. »
J’avoue qu’en général cela fonctionne,
À condition d’entretenir le moral.
Je comprends de plus en plus
Ce que c’est que de vivre avec la douleur
Quotidenne et intense par moment.
Je puise en moi compétence et pouvoir
Mais où est la limite ?
Quand sera l’abandon momentané ?
Sans désirer la résignation
Il faut aussi se reposer
Du moins rechercher le calme
Et le point de moins de douleur.
Je crois au pouvoir de l’esprit
Sur les capacités du corps.
Je sais la vie belle et magique.
Dans chaque instant
Je le recherche et l’atteins parfois.
Le principal est dans la détermination
Et l’abandon de soi dans l’esprit
Libre et voyageur du moment.
Je veux croire en la beauté de la vie
Dans ses merveilles, ses charmes, ses éclats.
Il suffit de pouvoir regarder et le voir
Dans ses créations, ses apparitions
Sinon par l’imagination volontaire.
Je veux le voir et le ressentir
Car la vie est là autour de moi
Présente, magnifique, féérique
Éclatante par sa vivacité et sa fraîcheur.
Le monde est merveilleux
Tout est dans les yeux,
Tout est dans le regard,
On l’apprend tous, tôt ou tard.
Je l’ai écrit et je le pense encore.
Du voyeur je suis devenu observateur.
J’ai en moi ce pouvoir magnifique
De voir les beautés autour de moi,
De les contempler, de les savourer.
Seul je marche plus vite,
Mais à deux, on marche plus loin.
Le temps n’existe pas,
Le moment présent est mon seul bien.
Les moments perdus ou oubliés
Sont remplacés par les moments gagnés.
On n’a pas le dernier mot,
C’est la vie qu’il l’a
Et c’est bien ainsi.
Gilles Lagrois, Auclair, Québec, 6 juin 2012
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Cesser de regarder en arrière
20/08/2012 14:31
Cesser de regarder en arrière,
Oublier le passé, la maladie
Dont je n’y peux plus rien changer
Car ce qui m’est arrivé
Relève du passé et assez subi.
Aspirer au plaisir,
Au bonheur du moment
Car il est rare et agréable à vivre.
Il est souvent présent,
Il suffit de savoir regarder.
Viendront bien assez vite
Les tracas, les idées noires
Et la douleur accablante.
Malgré mon état physique
Je peux créer du bonheur
Autour de moi,
Apporter le sourire et la joie.
Trouver le plaisir de vivre
Dans les gestes simples
De la vie quotidienne.
Regarder les autres s’éclater
Et leur faire partager
Mon plaisir et ma joie d’exister.
Chaque jour doit receler
Un moment intense,
Un bonheur inattendu
Qui adoucira les douleurs
Et les maux de la vie.
Il suffit de le provoquer,
D’en être ébloui
Par sa douceur.
Je dois me transformer
En colombe ou en tourterelle triste
Qui roucoule en cherchant
Sa nourriture en solitaire
Car ainsi va sa vie.
Si je n’ai pas d’attente
Et moins d’exigences
Je risque d’être moins déçu
Par les turpitudes
Que me réserve souvent
Ma vie au quotidien.
Je peux éblouir
Par mon regard,
Par ma beauté,
Par mon sourire
Ou par mon intensité
Et mon charme de vivant,
Heureux de chaque moment
Avec toi qui est aussi éclatant
Que la fleur au printemps
Car l’été est déjà pour le suivant.
Je ne veux pas me voir
Dans un miroir
Je veux sentir de la joie
Et du plaisir en moi.
Je ne veux pas attirer,
Je veux ressentir en pensée
Que je suis réel et habité.
Je veux être beau
Comme un soleil couchant
Qui par son éclat
Apporte la joie et imprime ce moment.
Le matin je me lève
Comme le soleil lent
Qui se dévoile
Avec minutie et temps.
Je suis un soleil
Qu’il apparaisse ou pas
Il est là en mouvement.
Comme lui je me lève
Et me couche mais pas
Toujours aussi éblouissant
Et ardant par son éclat.
La lune éclaire mes nuits
Mais elle aussi change
De couleur et de forme
Comme moi de sourire,
De forme et d’humour.
J’accepte mes formes,
Vis chaque moment
Comme la pomme
Avant que l’été arrive
Et comme elle
Un éternel recommencement
De chaque moment présent
De couleur, de chaleur,
De vitalité dûe au changement.
La beauté est dans les yeux
Et l’éclat du sourire,
Complices et témoins
De ces moments
De présence et d’éblouissement.
Je suis le rythme de ma nature
J’accepte la joie et ma réalité.
Je ne peux pas
Faire mieux qu’un astre
En mouvement, en changement
Sinon par mes qualités
Et mon intensité d’aimer.
Gilles Lagrois, 12 mai 2012, Auclair, Québec
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