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NEUHAUS Nele---FLÉTRISSURE
28/03/2012 13:45
NEUHAUSS Nele
FLÉTRISSURE, ACTES SUD 2011, 357 pages
Très bon roman du genre polar avec des personnages hors normes mais représentatfis de certaines classes sociales. Les personnages du commissaire Oliver von Bodenstein et de sa collègue, la très prosaïque Pia Kirchhoff sont très attachants, perspicaces et futés. Un bon moment de lecture pour qui aime le genre détectives efficaces et audacieux.Un polar magistral.
Gilles Lagrois, Auclair, Québec
Pour en savoir davantage :
Flétrissure, Nele Neuhaus, Actes Sud
»Le polar du mois ! Un secret de famille bien gardé depuis plus de trente ans, une famille d'industriels allemands riches et bien en vue, des meurtres cruels de vieillards respectables, une paire de policiers perspicaces et tenaces. Voilà les ingrédients de cet excellent polar historique qui nous ramène au coeur de l'allemagne nazie. On croit toujours avoir tout lu sur cette époque et on découvre toujours un nouveau volet sombre et moche.
Nous sommes à la fin de la guerre, et profitant du chaos général, des SS ont usurpé l'identité de juifs martyrs. Je ne vous révèle rien de l'intrigue en vous disant cela car les policiers de Francfort font cette stupéfiante découverte en autopsiant le premier cadavre. Un vieil homme riche, juif et influent. Sur son bras se devine la trace effacée d'un tatouage que portait tous les nazis : leur groupe sanguin. Ce mort étrange n'est que le premier d'une série. Qui a découvert l'horrible imposture et qui règle ses comptes ? Intrigue impeccablement ficelée avec des retours intéressants dans le passé et des personnages crédibles.
L'auteur dénonce l'opacité des origines de certaines grosses fortunes ainsi que la faiblesse du pouvoir qui préfère toujours étouffer le scandale plutôt que d'y faire face. Ce roman se dévore d'une traite tellement on veut connaître l'identité du meutrier et savoir ce qu'il sait. La construction méticuleuse du récit permet de suivre l'enquête avec ses rebonds et ses fausses pistes. On croit tout avoir compris et puis non, ce n'est pas ça. La fin laisse baba.
J'ai adoré : L'intrigue, le profil psychologique des personnages, les nombreuses pistes qui s'offrent à notre sagacité et les relations familiales détestables. »
www.leslivresquejaime.net
L’avis d’une lectrice :
« Excellent polar!
Premier roman traduit en France de cette auteure allemande, qui semble-il ne sera pas le dernier ! A noter qu’elle a commencé par se publier à compte d’auteur avant de connaitre un réel succès dans son pays.
En bref l’histoire : un premier meurtre qui a toutes les apparences du crime antisémite mais qui va se révéler tout autre ! Lors de l’autopsie le présumé juif porte sur son bras un tatouage propre aux membres de la Waffen SS .Rapidement le lecteur plonge dans les terribles secrets d’une illustre famille allemande, sur fond de passé nazi de l’Allemagne.
Une intrigue dense qui peut parfois sembler complexe, mais magistralement menée. Une multitude de personnages, dont le profil psychologique est travaillé au détail près, rien n’est laissé au hasard.
La tension est palpable dans tout le roman, on est sur le qui vive jusqu’au dénouement.
Des indices distillés au compte-goutte, le moindre fait a son importance, résultat difficile de lâcher le livre avant l’apothéose finale !
Le duo d’enquêteurs Pia / Bodenstein fonctionne à merveille, leur vie privé dévoilée en aparté fait que l’on a envie de les voir évoluer et de les retrouver dans une autre enquête. »www.leschroniquesdhistoiredenlire.blogspot.ca
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Deon MEYER---À LA TRACE
01/04/2012 19:43
MYER Deon
À LA TRACE, SEUIL, 2012, 721 pages
À la lecture de cet intense roman d’action j’avais l’impression de voir un film, un drame, des complications l’une après l’autre : séparation, contrat, fusillade, extermination, gang, chef de gang au pouvoir illimité, argent, prostitution, alcool, pauvreté. Tout y est pour nous décrire l’Afrique du Sud qui est un pays riche par ses diamants mais peuplé aussi de démunis qui viennent de partout se réfugier dans l’espoir de survivre. Pour survivre il faut agir et vite…Comme l’animal traqué l’humain laisse des traces, il suffit de les interpréter pour le retracer.
« Une baissse subite d’adrénaline permet à Milla de voir sa propre vie, claire comme de l’eau de roche : elle s’est raconté des histoires, a joué, comme dans une pièce de théâtre, à ce-que-la-vie-est-censée-être, est restée aveugle devant la réalité. Sa désillusion est massive ; elle la submerge brutalement, la remplissant d’un sens aigu de l’inutilité de toutes ces années gaspillées…Étrangement, Barend son fils lui manque avec une intensité douleureuse. Elle voudrait lui dire : »Je le regrette tellement », lui demander pardon, sans même savoir de quoi. » p. 487
Gilles Lagrois, Auclair, Québec
Pour en savoir davantage :
« Chacun des protagonistes de ce roman aux intrigues apparemment distinctes laisse des traces. Toutes, à un moment donné, vont se croiser.
Milla, mère de famille qui plaque son foyer et rejoint l’Agence de Renseignement Présidentielle au moment où un groupuscule islamiste s’agite de manière préoccupante.
L’aventurier Lemmer qui protège le transfert à la frontière du Zimbabwe de deux inestimables rhinos noirs. Lukas Becker, l’archéologue aux prises avec les gangs de la plaine du Cap. L’ex-flic Mat Joubert, devenu détective privé, chargé d’enquêter sur la disparition d’un cadre de l’Atlantic Bus Company.
Comparée à l’univers du polar américain (corruption, drogue, prostitution), la matière romanesque de À la trace, qui allie « le monde animal, inhérent à notre culture », des contrebandes pittoresques, l’émancipation des femmes, la culture gangsta des villes, frappe par sa richesse et sa diversité.
Deon Meyer est un des rares auteurs qui, tout en maîtrisant avec brio les règles du genre, ouvre grand le champ des problèmes contemporains de son pays. »www.seuil.com
Roman policier

L'art du pisteur consiste à identifier les signes, puis à les interpréter. Dans son nouveau roman, Deon Meyer (né en 1958) s'appuie sur ces techniques de traque animale pour déployer une histoire où chaque personnage laissera des traces qui finiront par se recouper. Le romancier sud-africain de langue afrikaans, auteur notamment des mémorables Soldats de l'aube (2000), rappelle du même coup les fondamentaux du thriller : la chasse et la fuite, le chasseur et le gibier, le fort et le faible. Mais, en scrutant les failles et les conflits internes d'une poignée d'hommes inquiets et de femmes déroutées, il évite également toute forme de manichéisme.
Divisé en quatre « livres », A la trace se déroule en septembre 2009, en Afrique du Sud, entre la ville du Cap et le parc national du Karoo. Tout commence avec Milla. Elle vient de quitter son mari et son fils, après vingt ans de mariage qui ressemblaient à une prison avec sévices. Sans ressources mais déterminée, la voilà embauchée par les services secrets sans bien comprendre à quoi elle sert, alors que la Presidential Intelligence Agency surveille des islamistes qui ont tout l'air d'attendre une livraison essentielle. Milla a toujours été une épouse docile, et soudain la vie s'ouvre devant elle. Deon Meyer en fait une héroïne torturée, naïve, mais définitivement libre. Dans une seconde partie du roman, il lui opposera d'autres types de femme comme Flea, fausse dompteuse de rhinocéros, belle aventurière violente et voleuse, prête à assurer le transport d'animaux en voie de disparition à la frontière du Zimbabwe.
Quand il veut faire monter la testostérone, le romancier fait entrer en scène Lemmer (personnage central de Lemmer l'invisible, en 2008). Garde du corps, ex-taulard, Lemmer est un vrai héros, teigneux et sentimental, un franc-tireur pourvu d'une morale fluctuante. Autre figure récurrente de Meyer, Mat Joubert est le personnage central de la quatrième partie : un ancien flic devenu détective, capable d'une empathie démesurée pour ses clients. De ces aventures apparemment indépendantes, dont l'épine dorsale est un trafic de diamants pour le compte d'al-Qaida, Deon Meyer sait tirer les fils et les lier ensemble sans le moindre accroc.
Au-delà de la construction implacable, des personnages incarnés, il y a le pays : une Afrique du Sud post-apartheid qui ne se résume pas à la ville du Cap. On quitte les chics banlieues résidentielles pour se perdre dans des parcs nationaux et rouler au coeur de la brousse. On entend les bruits de la nuit, le hurlement du chacal, le chuintement des crocodiles, pour finir la soirée à manger un bobotie au riz jaune et patates douces.
Deon Meyer raconte des histoires sombres et panoramiques. Chaque personnage distingue quelque chose mais il lui manque un morceau du puzzle pour appréhender l'ensemble. Le lecteur est seul pour réunir les pièces : un pays qui se cherche, une nature sauvage face à l'économie mondiale, une politique contemporaine qui peine à composer avec l'histoire tribale, des langues multiples et des rêves euphoriques plombés par la réalité...
A la trace est le septième livre traduit de Deon Meyer. Comme ses héros, Lemmer ou Mat Joubert, il ne dévie jamais de sa route, creusant ses obsessions tournées vers l'écologie, le refus du pittoresque, la lutte des femmes et ce foutu racisme qui peut changer de camp. Deon Meyer ne se veut pas porteur d'un message, se contente d'éclairer les traces, à l'aise dans son rôle d'écrivain qui agrippe le lecteur en lui offrant tout à la fois du suspense, du sentiment, de l'espionnage, de l'enquête policière. Sacré pisteur que ce Meyer, qui traque sa proie sans jamais la lâcher, jusqu'à la dernière page. »
www.telerama.fr
Le 04/02/2012 - Mise à jour le 29/03/2012 à 16h52 Christine Ferniot
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HACHEMI Chékéba
02/04/2012 23:55
HACHEMI Chékéba
L’INSOLENTE DE KABOUL, ÉD. Anne Carrière, 2011, 277 pages
Récit très touchant d’une auteure qui s’est impliquée politiquement dans la restauration de la démocratie dans son pays. Ce roman m’a permis de connaître l’histoire contemporaine de l’Afghanistan, de ses dirigeants, de son peuple, de ses moeurs et modes de vie, des conflits avec la Russie.Un grand roman qui nous décrit un peuple soufffrant et abusé par ses voisins et ses dirigeants.
Gilles Lagrois, Auclair, Québec
Citations :
« …cela me ramène à une tare de mon pays : les rivalités ethniques, les clans, les tribus, les classes sociales étanches, le mépris communautaire. Ces faiblesses nous ont déjà tellement coûté, et elles restent un obstacle majeur à la construction de ce grand Afghanistan moderne pour lequel je me bats. » p.158
« …aucun spécialiste de l’Afganistan n’a jamais pu approcher mon pays par le prisme de la féminité. Parler de ces années de guerrre en donnant la parole aux mères, aux épouses, aux sœurs, aux filles…Aucun homme n’aurait pu en rêver. Aucun, mais nous ? Peu convenable, mais pas impossible! P. 160
« Le plus dur face à la corruption, ce n’est pas de résister à la tentation, c’est l’usure ressentie quand il vous semble que tout le système est gangrené, »
« Quand un homme politique construit sa maison, c’est qu’il a vendu un peu de son pays. S’il veut construire son pays, il lui faut vendre sa maison. » p. 240
« L’humanitaire ne sera jamais qu’un palliatif à l’absence de politique, je le sais pertinemmeent, mais un puits, c’est de l’eau à boire, et une victoire contre tant de maladies liées au manque d’hygiène. C’est concret. Cela aide des familles. Cela ne change rien à l’état d’un pays. » p. 254
Pour en savoir davantage :
« C’’est l’histoire d’une femme qui a traversé une montagne seule quand elle était enfant. Et en a soulevé mille depuis.
Chekeba Hachemi est née en 1974 à Kaboul dans une famille bourgeoise et influente. Elle a onze frères et sœurs. Son père était gouverneur, un homme proche du peuple, qui est mort quand elle avait deux ans, mais qui a toujours incarné son modèle.
À l’âge de onze ans, alors que sa mère décide que leur tour est venu de fuir l’occupation soviétique, Chekeba se trouve séparée d’elle et va traverser la passe de Khaibar avec un passeur menaçant. Onze jours de terreur, dans les montagnes, qui lui ouvriront les yeux sur la réalité de la violence de l’occupation russe.
En 1999, Chekeba décide qu’il est temps de rencontrer ce Massoud pour lequel l’association qu’elle a créée, trois ans plus tôt, récolte des fonds en vue d’ouvrir des écoles dans le Panshir. Elle redécouvre son pays plongé dans la guerre et devient proche du célèbre commandant, qui voit en elle une aide précieuse pour sensibiliser la communauté internationale à la lutte contre les talibans.
En septembre 2001, Massoud est assassiné, les tours tombent, les talibans sont défaits ; Chekeba entre dans Kaboul libéré et devient la première femme diplomate afghane en poste à Bruxelles.
En 2005, elle est nommée conseillère auprès du vice-président à Kaboul. Puis, en 2007, ministre-conseiller à Paris.
En 2009, après avoir dénoncé la corruption, et lassée de constater qu’aucun changement ne répond à son appel, elle décide de donner sa démission »
www.livre.fnac.com.
Le point de vue de Patryck Froissart
Titre: L'insolente de Kaboul
Auteur: Chékéba Hachémi
Editeur: Anne Carrière 2011
ISBN: 978-2-8433-7570-5
278 pages
« Récit autobiographique d'une Afghane devenue française qui se bat depuis toujours pour son pays en général et pour l'amélioration de la condition des femmes en particulier.
L'histoire commence lorsque Chébéka, tout juste âgée de huit ans, quitte clandestinement Kaboul vers le Pakistan, d'abord avec sa mère puis seule, avec un passeur et un groupuscule de kaboulis fuyant l'occupation soviétique.
Dès le départ le lecteur est pris dans les péripéties d'une vie qui ne va plus cesser, particulièrement dès que la jeune fille devient femme, de se dérouler à un rythme haletant, dans une succession de voyages entre la France et l'Afghanistan, dans une série étourdissante d'actes militants, dans un réseau impressionnant que Chébéka tisse patiemment, infatigablement, et qui la met en relation intime avec les plus célèbres commandants afghans (dont Massoud) et des personnalités politiques françaises, afghanes, belges, européennes de premier plan.
Le style est alerte, sans fioritures: le romanesque, la poésie n'ont pas leur place ici. Le réalisme est de mise, parfois terrible, souvent sordide, fréquemment exaltant. La rapidité narrative reflète l'allure trépidante de Chébéka dans la course en avant qu'elle mène pour essayer d'inverser, de contrarier, ou d'accélérer le cours de l'histoire d'un pays où tout va, elle finit par le constater un tant soit peu désabusée, de mal en pis.
Même si son combat, quotidien, épuisant se heurte jour après jour à des obstacles toujours renouvelés, même s'il semble aboutir à un triste échec, Chébéka Hachémi, indéfectiblement attachée par l'ombilic à son pays d'origine, viscéralement proche de ses compatriotes humiliées et persécutées, reste, à l'heure où paraît ce livre, engagée dans une action individuelle et collective qui force l'admiration.
Lecture incontournable!
Patryck Froissart
Saint-Paul, le 12 janvier 2011, www.critiqueslibres.com
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KELLERMAN Jesse---JUSQU'À LA FOLIE
07/04/2012 22:07
KELLERMAN Jesse
JUSQU’À LA FOLIE, Flammaion, 2011, 377 pages
Un grand roman de Kellerman dans un style éclatant, descriptif, troublant, soulevant. Nous cotoyons la vie intime de Jonah, un étudiant en médecine, faisons connaissance avec ses différents programmes et les phases descriptives de chacun.
Par inadventance Jonah volera au secours d’une jeune femme agressée par un homme armé d’un couteau et tuera accidentellement l’agresseur. Les événements s’enchaînent et Jonah est entraîné dans une spirale terrifiante par la vie disjonctée de la belle jeune femme.
La folie, le comportement humain porté à l’excès, à la démesure, à la disproportion sera pour nous un sujet préoccupant et présent tout au long de ce roman. À chaque geste que posons il y a une conséquence et une responsabilité ci-jointe, le châtiment ne fera que suivre dès cet instant.
Gilles Lagrois, Auclair, Québec
Une chronique d’un lecteur
« Tous les lecteurs attendaient Jesse Kellerman au tournant de son second roman. Pour les auteurs dont le premier livre a été un succès, c’est un cap traditionnellement difficile à franchir. Qu’en est-il de ce « jusqu’à la folie » dont on a déjà beaucoup parlé avant même sa sortie officielle ? Est-il à la hauteur du premier, les Visages, qui a connu à la fois un succès public ainsi qu’un vrai succès critique ?
En réalité, ce roman peut déconcerter les amateurs de thrillers classiques, ceux qui aiment les phrases courtes, les changements fréquents de situations, les chapitres qui s’enchaînent avec rapidité, les dialogues réduits à leur plus stricte efficacité. Car en effet, Kellerman ne joue pas dans ce registre.
Alors que dans les Visages l’histoire se déroulait dans le milieu des marchands de tableau, décrit avec beaucoup de vérité et force détails, l’auteur a choisi ici comme toile de fond un hôpital newyorkais. Si vous êtes adepte de la série Urgences, vous apprécierez la documentation réunie par l’auteur, qui est impressionnante, ainsi que la description du milieu de l’hôpital, d’une grande richesse de détails. Dès le début du roman, nous suivons pas à pas son héros dans les recoins et les situations les plus glauques du servie de chirurgie. L’auteur se moque de la concision, il prend le temps d’installer son personnage et nous montre tous les détails de son travail, nous livre la moindre de ses impressions.
Au bloc, c’était la folie ; tout le monde courrait pour tout préparer en attendant le chirurgien, ne s’interrompant que pour s’adonner au passe-temps favori des salles d’opération : hurler sur l’externe de servie. Jonah prit une casaque chirurgicale et des gants, et la panseuse lui hurla : « tu l’as contaminé, prends-en une autre ! » alors que tout était emballé et stérile, comme si c’était lui qui était particulièrement, monstrueusement contagieux. Discipliné, il retourné dans la réserve en trainant les pieds et en revint avec une nouvelle casaque et une nouvelle paire de gants. (…)
Les dieux de la chirurgie étaient jaloux et cruels, et Jonah avait fauté. En tant qu’étudiant de troisième année, il ne pouvait guère espérer faire plus que suturer, écarter, aspirer. Comme tout apprenti, son véritable rôle n’était pas de se rendre utile mais de donner raison à la hiérarchie. Il était là pour souffrir, ainsi que tous les médecins qui l’avaient précédé à cette place.
On comprend tout de suite en lisant ces lignes que le plaisir de l’auteur ne se situe pas uniquement dans le fait de faire monter graduellement la pression et le suspense (ce qu’il fait aussi avec une grande maitrise), mais qu’il est avant tout dans cette description des lieux et des gens, à la fois précise et détaillée, plus proche d’un Dennis Lehane ou même d’un auteur de la « littérature blanche » que d’un auteur de thriller classique à la James Patterson.
Cependant, même les amateurs purs et durs de thrillers pourront être satisfaits, car le roman va très vite s’emballer, et ce dès la fin du premier chapitre. Jonah va accomplir un acte héroïque qui va avoir des conséquences dramatiques : en sortant de son boulot il va sauver la vie à Eve, une jeune femme agressée par un homme qui la menace avec un couteau. En lui portant secours, il tue accidentellement son agresseur, la famille de celui-ci porte plainte contre lui et une enquête démarre pour faire le point sur les circonstances précises de la mort de l’individu.
Lorsque la jeune femme qu’il a sauvé prend contact avec lui et qu’une histoire d’amour commence alors entre eux, Jonah va être pris dans une spirale infernale, une nasse dont il va chercher à sortir. Qui est vraiment cette jeune femme ? Il va le découvrir, à ses dépens, et la découverte sera cruelle, puisqu’elle va le ramener vers son premier amour, Hannah, une jeune fille qu’il devait épouser et qui a sombré dans la folie.
Car la folie est au cœur de cette histoire, une folie qui prend l’aspect d’une séduisante jeune femme mais qui va au fil des pages se révéler terrifiante par ses symptômes et ses conséquences.
Jesse Kellerman a particulièrement travaillé les différents personnages : Jonah, étudiant motivé, qui veut réussir ses études et ne lâche jamais son travail même dans les moments les plus difficiles. Son ami et colocataire Lance dont le côté sympathiquement déjanté tranche avec la noirceur du récit, et surtout le personnage d’Eve, la jeune femme agressée, dont le comportement de plus en plus étrange est décrit avec une précision clinique et une grande force.
Cette profondeur des personnages, leur véracité, est le premier point fort du livre, et c’est un élément qui devrait plaire à tous ceux que les personnages stéréotypés et dessinés à grands traits de certains thrillers fatiguent un peu.
Le deuxième point fort est l’écriture. Jesse Kellerman excelle dans les descriptions, il rentre dans les détails méticuleusement, avec précision, sans jamais lasser le lecteur, il trouve chaque fois le mot juste, l’expression la mieux adaptée à la situation. Il réussit à faire monter la tension psychologique jusqu’au point extrême de la scène dramatique finale qui justifie le titre du livre. C’est un roman dont la construction du récit est impeccable, l’écriture d’une grande densité, et s’il m’a fallu un chapitre pour m’habituer à son style, que j’ai trouvé pendant quelques pages un peu bavard, je l’ai par la suite apprécié à sa juste valeur.
Ce deuxième roman est donc une vraie réussite. A conseiller à tous ceux qui aiment les suspenses psychologiques intelligents et bien écrits, il va définitivement installer Jesse Kellerman dans la liste des meilleurs auteurs de thrillers, toutes nationalités confondues. »www.unpolar.autrefort.com
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OKSANEN Sofi---PURGE
13/04/2012 15:18
OKSANEN Sofi
PURGE, E D. Stock, 2010, 390 pages
Vraiment exceptionnel, un grand roman doté d'un style recherché, élaboré.
Gilles Lagrois, Auclair, Québec
Résumé par l’éditeur :
« Un vrai chef-d’oeuvre. Une merveille.
J’espère que tous les lecteurs du monde, les vrais, liront Purge. »
Nancy Huston
« Si vous ne devez lire qu’un seul livre cette année, lisez Purge. » ELLE, (Danemarrk)
En 1992, l’union soviétique s’effondre et la population estonienne fête le départ des Russes. Mais la vieille Aliide, elle, redoute les pillages et vit terrée dans sa maison, au fin fond des campagnes.
Ainsi, lorsqu’elle trouve Zara dans son jardin, une jeune femme qui semble en grande détresse, elle hésite à lui ouvrir sa porte. Ces deux femmes vont faire connaissance, et un lourd secret de famille va se révéler, en lien avec le passé de l’occupation soviétique et l’amour qu’Aliide a ressenti pour Hans, un résistant. La vieille dame va alors décider de protéger Zara jusqu’au bout, quel qu’en soit le prix.
Sofi Oksanen s’empare de l’Histoire pour bâtir une tragédie familiale envoûtante. Haletant comme un film d’Hitchcock, son roman pose plusieurs questions passionnantes : peut-on vivre dans un pays occupé sans se compromettre ? Quel jugement peut-on porter sur ces trahisons ou actes de collaboration une fois disparu le poids de la contrainte ?
Des questions qui ne peuvent que résonner fortement dans la tête des lecteurs français. »
« Dans une tonalité qui rappelle EXPIATION d’Ian McEwan et le meilleur polar scandinave, ce joyau amer annonce d’autres chefs-d’œuvre, de la plume de la talentueuse Oksanen. »
Kirkus Reviews (États-Unis)
www.editions-stock.fr
Pour en savoir davantage :
Glaçante Europe orientale
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Un séjour du côté de l’Europe dite « de l’Est » vous fait régulièrement cet effet : vous sentez que la vie s’y est arrêtée un moment, disons, qu’elle s’est figée. Et ça se sent encore. L’Estonie, enclavée dans la grande Russie, ex-domino de l’URSS, a ce malheur d’une trop grande proximité avec le « grand frère ». Quand, en plus, il a fallu essuyer, au mitan du XXème siècle, l’invasion – vécue au départ comme une libération – des Nazis, ça fait beaucoup pour des pays qu’on pourra qualifier de « martyrs ».
Sofi Oksanen est une jeune auteure finlandaise, d’un peu plus de trente ans à cette date, aux racines en partie estonienne. « Purge » est son troisième roman, le premier traduit en français, et c’est peu de dire qu’il a fait un tabac, ici aussi, comme en Finlande, puisqu’il a reçu le Prix Femina Etranger en 2010.
Il est sombre, ce roman, comme l’histoire – et l’Histoire – qu’il nous conte. Comme si, au contact du mal et de ceux qui font le mal, on ne pouvait définitivement en sortir indemne ? A mes yeux, outre l’histoire particulière de ce petit bout de pays balte, cette contamination par le mal est le sujet du roman.
Il n’est pas forcément facile à lire dans la mesure où Sofi Oksanen a délibérément choisi d’en faire comme un kaléidoscope, éclatant des bouts de récit dans tous les coins, dans le style « tuez les tous, Dieu reconnaîtra les siens » !
Très fémino-centré également, ce roman. Les hommes n’y ont pas de beaux rôles … A vrai dire, y ont-ils réellement un autre rôle que celui de vecteurs du mal ? Toujours est-il qu’à travers l’histoire d’Aliide et de Zara, la vieille et la jeune, c’est tout le rouleau compresseur de l’Histoire passé sur l’Estonie qui nous est décrit. L’invasion allemande et la « libération » soviétique, puis l’occupation et la grande misère des jeunes femmes de l’est attirées par le miroir aux alouettes occidental de nos jours, finissant par exemple entre les griffes de proxénètes à Berlin ou ailleurs …
Aliide Truu a été ballotée par le contexte historique et affligée d’une vie sentimentale mal engagée dès le départ. Zara est tombée dans le piège. Mais il y davantage. Car en fait quelque chose les rapproche. Il n’y a pas de hasard en la matière et Sofi Oksanen nous distille les infos nécessaires au gré de son « kaléidoscope ».
De la belle ouvrage, un peu plombant quand même, à la hauteur d’un « Rapport de Brodeck » de Philippe Claudel.
« Quand ceux qui rentraient des camps arrivèrent et s'installèrent pour une nouvelle vie, elle les reconnut parmi les autres gens. Elle les reconnut à leur regard obscurci, le même qu'ils avaient tous, les jeunes comme les vieux. Elle les évitait dans la rue, de loin déjà elle les évitait, et elle avait peur avant même de tourner la tête. Elle avait peur avant même de tourner la tête. Elle avait peur avant même de réaliser que c'était l'odeur du camp qu'elle voyait dans leurs yeux. Elle était toujours dans leurs yeux, la conscience du camp. «
Tistou ,www.critiqueslibres.com
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Résumé
« En 1992, l'Union soviétique s'effondre et la population estonienne fête le départ des Russes. Mais la vieille Aliide, elle, redoute les pillages et vit terrée dans sa maison, au fin fond des campagnes.
Ainsi, quand elle trouve la jeune Zara dans son jardin, qui semble en grande détresse, elle hésite à lui ouvrir sa porte. Mais finalement ces deux femmes vont faire connaissance, et un lourd secret de famille se révélera, en lien avec le temps de l'occupation soviétique. Aliide a en effet aimé un homme, Hans, un résistant. Quarante ans plus tard, c'est au tour de Zara de venir chercher protection, et la vieille dame va décider de la lui accorder jusqu'au bout, quel qu'en soit le prix. »
www.renaud-bray.com
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