LA MER ET LE SILENCE, Éd. Joëlle Losfeld, 2012, 241 pages
Un bon roman qui nous fait connaître l’Irlande, ses habitants, ses coutumes, sa situation politique de l’époque et son évolution. Le personnage principal Ismay est une femme d’une grande beauté, intelligence et indépendance. Un personnage touchant qui nous fait connaître son pays, sa culture, l’évolution de sa société et des femmes. Roman écrit dans un style flamboyant et efficace.
Gilles Lagrois, Auclair, Québec
Pour en savoir davantage :
« résumé du livre
La mer et le silence s'ouvre sur un premier cahier intitulé 'Hector' : en 1946, Iz, une jeune femme dont le passé reste énigmatique, arrive à Sibrille, à côté de Monument. Elle vient s'installer dans le phare du village aux côtés de son nouvel époux, Ronnie Shaw. Elle va y mener durant de longues années une vie calme et monotone, essayant de s'accomplir au bord de ces falaises souvent battues par une mer houleuse. A cette installation dont l'origine est entourée de mystères, survient rapidement la naissance de son fils Hector. Il sera finalement sa seule source de bonheur, alors qu'elle se heurte aux infidélités et inconstances de Ronnie. Mais Hector grandit et s'engage dans l'armée.
Débute alors le deuxième cahier, nommé 'Iz '. Il revient sur les années qui ont précédé son arrivée à Monument et sa rencontre avec Ronnie. Il y est fait le récit de son secret, celui de son seul grand amour, empêché par les événements qui ont précipité l'indépendance Irlandaise et ont meurtri et déchiré nombre de familles de propriétaires anglo-irlandais, dont sont issus Iz et Ronnie. La beauté du livre est révélée par la délicatesse de l'écriture, la force des descriptions et un charme nostalgique qui s'impose lentement.
Ce roman extrêmement élégant laisse une impression durable que marque le destin absolument tragique d'Iz. Ce livre est par bien des aspects à rapprocher des romans de Sebastian Barry. Il reflète par ailleurs notre désir de développer et d'installer au sein du catalogue une histoire de la littérature irlandaise. »
Une lectrice enthousiasmée : « Je l'ai dévoré dans l'après-midi. Oui oui dévoré. Cela veut tout dire...un vrai régal de lecture. Un roman comme j'aime. Là je n'ai rien deviné. Je n'ai rien détesté. J'ai lu chaque mot avec avidité. Quelle belle histoire !
Je ne vous en dirai pas grand chose... Juste que c'est en Irlande, qu'il y a la mer...et qu'un jour un notaire reçoit deux paquets et un testament provenant d'une cliente qui vient de mourir. La très belle Iz. Ces deux paquets contiennent chacun un manuscrit. Il doit les lire et les détruire. Et...et lisez-le ! Lisez-le ! Lisez-le ! Vous l'aimerez cette Iz. D'emblée. Une vraie femme dans toutes ses émotions et ses réactions parfois stupides souvent passionnées. Oh la la je voudrais vous dire pourquoi mais je préfère vous laissez le plaisir de découvrir tout tout tout...
Peter Cunningham La Mer et le silence
« Un brave notaire, lors du décès de sa cliente préférée, réceptionne deux textes qu’elle lui confie, afin qu’il les détruise après les avoir lus. C’est un procédé poussif, mais ce roman prend de la vitesse et de la force en avançant. Le déclin des vieilles familles anglo-irlandaises en est la toile de fond. Mme Shaw raconte sa vie.
Tout le monde l’appelle Iz. Première partie, elle arrive, jeune mariée de 23 ans en 1945, dans le domaine de son mari, à Monument, petite ville inventée par l’auteur sur le modèle de son Waterford natal. Ils ont un fils, Hector, bientôt engagé dans l’armée anglaise, et envoyé en Ulster en 1970. Quel est le passé d’Iz, nul ne le sait.
Deuxième partie, Iz est une jeune fille de 21 ans en 1943, benjamine d’une famille bientôt endeuillée. Amour et lutte des classes s’en mêlent, avec cascade de quiproquos et de rebondissements. Les sentiments les plus puissants concernent la solidarité ou la rivalité féminine. Cl.D. »www.liberation.fr
DANS LES FORÊTS DE SIBÉRIE, Gallimard, 2011, 266 pages
Roman remarquable de Sylvain Tesson sur la solitude, la connaissance et l’acceptation de soi, de ses capacités, de sa volonté, du plaisir à vivre seul car pour lui « J’ai été libre car sans l’autre, la liberté ne connaît plus de limite. »
« Les théoriciens de l’écologie prônent la décroissance…nous devrions ralentir nos rythmes, simplifier nos existences, revoir à la baisse nos exigences. On peut accepter ces changements de plein gré. Demain, les crises économiques nous les imposeront. » p. 48.
« La cabane est un terrain parfait pour bâtir une vie sur les fondations de la sobriété luxueuse…La sobriété de l’ermite est de ne pas s’encombrer d’objets ni de semblables. De se déshabituer de ses anciens besoins. » p.48
« Le luxe de l’ermite, c’est la beauté. Son regard, où qu’il se pose, découvre une absolue splendeur » p. 49
« L’homme libre possède le temps. L’homme qui maîtrise l’espace est simplement puissant. Je suis libre parce que mes jours le sont. » p. 72
« Si votre quotidien vous paraît pauvre, ne l’accusez pas. Accusez-vous vous-même de ne pas être assez poète pour appeler à vous ses richesses. » Rainer Maria Rilke
« Le ton sur lequel nous parlons au monde est celui qu’il emploi avec nous. »
« Être heureux c’est savoir qu’on l’est. » p. 223
« Les livres sont plus secourables que la psychanalyse. Ils disent tout, mieux que la vie. Il est faible de cacher ce que l’on ressent. »
« Il y a une jouissance à tenir en ordre son intérieur. » p. 166
Ses textes sont touchants par leur profondeur, leur vérité, leur authenticité pour chacun.
À travers l’auteur il y une part de nous, de la vie, de la recherche de la connaissance de notre rôle dans cette vie passagère. Un roman remarquable à conserver, à relire pour y découvrir, retenir et appliquer ces perles de beauté, de plaisirde vivre seul.
Sylvain Tesson est parti s'isoler six mois en Sibérie. Il en ressort un récit sur la condition humaine et la civilisation.
« Il est ressorti du supermarché d'Irkoutsk avec six Caddie pleins à ras bord de pâtes. A rajouté quelques caisses de vodka, des boîtes de cigares, une hache, une chignole à glace, des fusées anti-ours et une malle de livres - Giono, Jünger, Conrad... Six jours plus tard, un vieux camion russe le laisse, lui et son chargement, devant une petite cabane au bord du lac Baïkal. Il fait - 32 °C, le premier voisin est à cinq heures de marche. Sylvain Tesson va vivre six mois (février-juillet 2010) au milieu de cette solitude glacée. Dans les forêts de Sibérie est le journal de cette réclusion volontaire.
Oui, Sylvain Tesson, l'homme aux Vibram de vent, l'infatigable arpenteur du désert de Gobi et des cols tibétains, peut-être le plus brillant de nos écrivains voyageurs, a choisi la sédentarité : un univers de 3 mètres sur 3, où une fenêtre remplace la télévision et dont le poêle constitue le centre vital. Eloge de la routine : on casse du bois, on pêche l'omble, on guette l'ours. Mais, surtout, refus de la civilisation des villes, dont notre Walden sous Smirnoff offre, en contrepoint, un tableau effrayant : "Le froid, le silence et la solitude sont des états qui se négocieront demain plus cher que l'or, écrit-il. Sur une Terre surpeuplée, surchauffée, bruyante, une cabane forestière est l'eldorado."
La visite d'un Sibérien lâchant inlassablement "Putain de bite !", les moustaches d'un phoque ou une sortie en patins à glace viennent parfois briser cette délicieuse solitude. Fidèle au "never complain" de Peter Fleming, son lointain prédécesseur en équipées tatares, Tesson a l'élégance de ne jamais se plaindre du froid ou de la fatigue, lors de ses sorties en kayak ou de ses ascensions aux confins de son domaine. C'est qu'il est tout à sa vie intérieure, tiraillé entre hédonisme dionysiaque, panthéisme et doute métaphysique : "Qui suis-je ? s'interroge-t-il. Un couard qui s'alcoolise en silence pour ne pas risquer d'assister au spectacle de son temps ni de croiser sa conscience faisant les cent pas sur la grève."
"Rien ne me manque de ma vie d'avant. Rien"
Ah, la vodka ! On saura gré à Sylvain Tesson de rompre avec le politiquement correct et le prêchi-prêcha à la Thoreau qui dégoulinent si souvent des récits de voyage. Non, l'auteur du Petit Traité sur l'immensité du monde ne carbure pas au jus de carotte bio. Tout comme, dans un autre registre, il avoue cruellement : "Rien ne me manque de ma vie d'avant. Rien. Ni mes biens, ni les miens." A-t-il pour autant trouvé le bonheur dans sa "loge de concierge sur la taïga" ? Des moments de bonheur, oui. C'est déjà énorme.
Au-delà de l'expérience, c'est aussi par le style que Dans les forêts de Sibérie se distingue. Rien d'incongru à ce que ce récit paraisse sous la couverture blanche de Gallimard. Géographe littéraire, Sylvain Tesson excelle à restituer l'intensité de son voyage immobile à coups de formules : "La fuite est le nom que les gens ensablés dans les fondrières de l'habitude donnent à l'élan vital", etc. Au risque, peut-être, d'abuser de ce qu'il appelle lui-même ses "aphorismes de sous-préfecture". On a parfois l'impression qu'à vouloir enfermer le Baïkal dans le carcan oraculaire, il laisse en chemin un peu de la liberté déliée qui, parfois, sied à la rêverie du promeneur solitaire. Il n'empêche : on se régale à lire ce croisement entre Jean-Jacques Rousseau et Bear Grylls, le héros survivaliste de la série télé culte Man versus Wild. Un croisement détonant comme une vodka par - 32 °C. »
LA MORT S’INVITE À PEMBERLEY, Fayard, 2012, 392 pages
Un roman d’une grande qualité d’écriture dont l’action se déroule en 1803 en Angleterre à Pemberley dans le Derbyshire où les personnages principaux mènent une vie de château en tant qu’héritiers de nobles richissimes.
Ce roman est du genre polar d’époque où se côtoient serviteurs de tous les métiers et compétences et les maîtres seigneurs, leurs familles et leurs proches.
Un roman écrit dans un style descriptif approfondi et aristocratique. Un roman à la fois efficace, indulgent et généreux.
Gilles Lagrois, Auclair, Québec
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« Rien ne semble devoir troubler l'existence ordonnée et protégée de Pemberley, le domaine ancestral de la famille Darcy, dans le Derbyshire, ni perturber le bonheur conjugal de la maitresse des lieux, Elizabeth Darcy. Elle est la mère de deux charmants bambins; sa soeur préférée, Jane, et son mari, Bingley, habitent à moins de trente kilomètres de là; et son père adulé, Mr Bennet, vient régulièrement en visite, attiré par l'imposante bibliothèque du château. Mais cette félicité se trouve soudain menacée lorsque, à la veille du bal d'automne, un drame contraint les Darcy à recevoir sous leur toit la jeune soeur d'Elizabeth et son mari, que leurs frasques passées ont rendu indésirables à Pemberley. Avec eux s'invitent la mort, la suspicion et la résurgence de rancunes anciennes. »
« Six ans se sont écoulés depuis le mariage de Mr Darcy avec Elizabeth Bennett. Ils vivent désormais à Pemberley, le domaine des Darcy, entourés de leurs enfants et de domestiques entièrement dévoués. Jane, la sœur d'Elizabeth, et son mari Bingley, viennent fréquemment leur rendre visite. Rien ne semble manquer à leur bonheur. Un bonheur qui va pourtant vaciller à la veille du Bal de Lady Anne, que les époux donnent chaque année : Lydia, la sœur d'Elizabeth et l'épouse de (l'infâme!) Wickham, fait irruption chez eux hystérique, hurlant au meurtre de son mari. Darcy, accompagné de deux autres hommes, va se rendre dans les bois à la recherche du disparu. La surprise est de taille quand ils le retrouvent, les mains ensanglantées, penché au-dessus du cadavre de son meilleur ami. Le meurtre va secouer les habitants de Pemberley et les remettre devant des événements qu'ils auraient sans doute aimé oublier.
Comment refuser le plaisir de retrouver l'univers et les personnages d'Orgueil et préjugés, le chef-d'œuvre de Jane Austen? Car cette lecture est un vrai plaisir : passionnée des livres de cette auteure, P.D. James lui rend hommage avec ce roman et réussit à s'approprier la psychologie et le caractère de chacun pour leur redonner vie dans cette intrigue policière. Mieux, leur évolution semble parfaitement cohérente. Les points de vue oscillent entre celui d'Elizabeth et celui de Darcy, même si j'ai trouvé que ce dernier tenait une plus grande place. L'écriture est fluide, agréable, et, si c'est possible, fidèle : P.D. James ne se départit pas de son propre style mais on retrouve également l'ironie subtile et élégante de Jane Austen dans ses lignes. Néanmoins, il faut reprocher à ce pastiche quelques longueurs et quelques redondances qui viennent alourdir le propos : on a parfois le sentiment à la lecture d'avoir déjà lu un passage quelques pages auparavant. De plus, les amateurs de Romans policiers pourraient être déçus, car on ne suit pas le déroulement de l'enquête mais plutôt celui du procès. Ce qui m'a amenée à me poser cette question (restée sans réponse) : si, à n'en pas douter, les admirateurs de l'œuvre d'Austen seront enchantés par cette lecture, quelqu'un n'ayant jamais lu Orgueil et préjugés pourra-t-il y trouver lui aussi son compte? En somme, un roman très agréable et qui restitue fidèlement l'esprit de l'œuvre d'origine, que les lecteurs assidus de Jane Austen ne devraient manquer sous aucun prétexte! »
Bon roman d’action du genre polar comptant des policiers, des soldats, des détectives, des espions, des contrebandiers, des trafiquants, des députés, des avocats et …des clandestins. Une bonne brique qui nous tient en haleine pendant un certain temps car l’action ne manque pas : elle se déroule aux frontières du Mexique et de l’Arizona, États-Unis. Nous apprenons des mots espagnols courants et significatifs dans le secteur des passeurs et nous voyageons à travers ces deux pays voisins et convoités pour ses activitées économiques.
Gilles Lagrois, Auclair, Québec
Pour en savoir davantage :
« Gil Castle, homme d'affaires new-yorkais, ne se remet pas de la disparition brutale de sa femme. Après une longue dépression, il décide de tout abandonner pour s'installer seul avec son chien en Arizona, dans une petite bicoque perdue au milieu des terres familiales, près du ranch de son cousin. Là, à quelques encablures de la frontière mexicaine, il commence peu à peu une nouvelle vie, s'enivrant le jour de la beauté des paysages, lisant Sénèque la nuit. Mais, en recueillant un immigré clandestin, rescapé d'un deal de drogue ayant mal tourné, il va faire connaissance avec la face obscure de la frontière, celle qui, depuis des générations, pèse sur sa famille. Et avec l'apparition d'Yvonne Menendez, figure haute en couleur d'un cartel mexicain, le passé et le présent ne vont pas tarder à converger vers un final étourdissant. Philip Caputo, prix Pulitzer pour Rumeur de guerre, nous donne avec Clandestin son grand roman américain et son livre le plus poignant. Cette fresque pleine de bruit et de fureur brosse le portrait sans concession de deux grandes obsessions américaines : la violence et la frontière, à travers une passionnante méditation sur la nature, l'identité et les racines. » www.babelio.com
« Gil Castle, riche homme d'affaires new yorkais, a perdu sa femme le 11 septembre 2001 et n'arrive pas à remonter la pente. Il accepte l'invitation de ses cousins Erskine propriétaires d'un ranch en Arizona, près de la frontière mexicaine. Il lit la consolation à Marcia, de Sénèque, chasse avec son chien et continue son deuil. Un jour, il découvre un immigrant Clandestin en piteux état. Et même si au départ "il se considérait comme un spectateur du théâtre de la vie, éloigné de la marche des événements aussi bien grands que petits", il ne peut s'empêcher de se sentir concerné. Il sympathise avec Tessa, une propriétaire du voisinage et petit à petit l'ours plongé dans le chagrin évolue vers une timide guérison."On apprend à vivre avec, comme on apprend à vivre avec un membre en moins. On a toujours conscience de l'absence, mais on continue. Voilà où j'en suis arrivé au cours de ces six derniers mois. J'ai appris qu'il était possible de continuer."
Mais le roman n'est pas que cette histoire de deuil pourtant fort réussie et racontée avec sensibilité et justesse.
La frontière, malgré les efforts des deux états concernés, est poreuse et laisse passer drogue et immigrants Clandestins. Fédéraux, police, armée, narcotrafiquants, passeurs, tout se monde se connaît et les agents doubles ou triples sont légion, jouant "à la fois les hors-la-loi et les représentants de l'ordre". Les renseignements s'échangent, les faveurs aussi. Après tout, "fournir de la drogue aux Américains est l'outil de la revanche historique"(sic).
Mais le roman n'est pas que cet aperçu frappant et passionnant de l'illégalité et des destins tragiques des mules et Clandestins.
Un siècle en arrière, le grand père de Gil et de son cousin Blaine circulait librement sur ces mêmes terres coupées par une frontière à l'époque invisible, à la poursuite ou recherche de bétail, ou participant à la révolution mexicaine. Ben Erskine, un fichu personnage, violent, a marqué l'histoire du coin et les conséquences en seront tangibles jusqu'à aujourd'hui.
Un bon gros roman intelligent, passionnant, des personnages forts, au milieu d'une nature toujours présente. » www.babelio.com
« Une épopée américaine. Avec Clandestin, Philip Caputo se plonge dans un siècle d’histoire américaine, de l’avant-veille de la première guerre mondiale au lendemain des attentats du 11 septembre. Attentats au cours desquels est décédée la femme du personnage principal du livre, Gil Castle. Elle a été « atomisée ». Son corps n’a jamais été retrouvé.
Castle ne parvient pas à se remettre de cette disparition. Il entre dans une longue phase de dépression, est à deux doigts de se suicider, mais se ravise au dernier moment, le fusil en main, pour ne pas imposer cette nouvelle épreuve à ses filles.
Finalement, il plaque son boulot de grand ponte de Wall Street (mais garde quelques millions de dollars sur son compte, ce qui sera très pratique pour la suite du roman, mais qui s’avère également une facilité scénaristique certaine…) et part s’installer en Arizona, près de la frontière mexicaine, dans une cabane située sur les terres de ses cousins.
Une nouvelle vie débute, qu’il passe entre parties de chasse avec son chien et lecture de Sénèque. Petit à petit, il retrouve goût à la vie.
Un jour, Castle découvre un Mexicain à moitié mort dans un fourré. C’est un clandestin, Miguel, qui cherchait à passer la frontière pour décrocher un travail aux Etats-Unis. En cours de chemin, il s’est fait détrousser, puis s’est retrouvé pris au milieu d’une affaire de drogues.
En secourant cet homme, Castle n’imagine pas encore qu’il a mis en branle toute une mécanique qui mêlera clandestins, barons de la drogue, équipes du FBI, agents infiltrés…
Parallèlement à Castle, on suit la vie d’un de ses ancêtres, Ben Erskine, au début du vingtième siècle. Ben est un cow-boy à l’ancienne, au coup de poing facile, engoncé dans ses principes, et qui a du mal à admettre le passage d’une époque à une autre. Le monde entre dans la modernité, mais il ne peut pas, ne veut pas s’y faire.
Tous les éléments du grand roman américain sont là (époques qui se chevauchent, dimension politique, personnages happés par l’histoire, l’histoire familiale qui rejoint celle d’un pays) mais le grand roman attendu n’est pas au rendez-vous.
Le livre souffre de quelques longueurs. 700 pages, c’est sans doute un peu trop pour ce que l’auteur a à raconter. Il a souvent besoin d’un peu trop de pages pour expliquer les choses. Il a aussi tendance à lourdement insister. Il prépare ses coups à l’avance, nous prévient deux, trois, quatre fois que quelque chose va survenir, comme s’il ne faisait pas assez confiance à ses lecteurs.
Philip Caputo aborde des thématiques chères à Cormac McCarthy (d’ailleurs la quatrième de couverture nous promet que si nous aimons le grand McCarthy, on adorera Caputo…). L’histoire de Ben se déroule à peu près à la même époque que des romans comme de Si jolis chevaux ou Méridien de sang, dans les mêmes environs, cette frontière incertaine et poreuse que certains veulent franchir, que d’autres protègent. Un monde disparaît, un autre naît. Mais force est de constater qu’à côté de Cormac McCarthy, Philip Caputo fait figure d’élève sage et appliqué. Il n’y a pas la même tension dans la phrase, la même mystique, et encore moins le souffle épique.
Les personnages sont par moments trop mièvres, trop fleur bleue. Leur psychologie manque de relief. Une fois leur comportement fixé, ils ne changent pas beaucoup. Ils ont tendance à être engoncés dans le rôle et à ne pas en dévier.
L’ensemble tient néanmoins la route pendant 500 pages. L’auteur sait faire preuve d’empathie pour ses personnages, les rend attachants. Mais toute la fin fait capoter le livre. Elle ne tient absolument pas la route. Elle manque de crédibilité. L’auteur semble l’avouer lui-même, par le biais de l’un de ses personnages, lors de l’ultime page. Comme s’il était lui-même résigné, qu’il avait conscience d’être passé à côté de quelque chose.
GERMAIN Georges-Hébert---LA FUREUR ET L'ENCHANTEMENT
07/08/2012 18:53
GERMAIN Georges-Hébert
LA FUREUR ET L’ENCHANTEMENT, roman, Libre Expression, 2010, 498 pages
Roman à base historique relatant une période importante dans la lutte patriotique des Canadiens-Français revendiquant des droits exclusifs hors de la juridiction des Anglais riches, puissants et dominants au gouvernement du Québec.
Le style journalistique et descriptif en fait un roman captivant bien documenté. Des relents d’Histoire nous parviennent, nous touchent profondément car il s’agit des nos ancêtres immédiats.
Nous faisons connaissance avec les Patriotes de 1837-38-39 qui furent durement malménés par les Seigneurs propriétaires français, les députés et ministres anglophones.
Nous passons de bons moments avec notre histoire, des personnages attachants et représentatifs de notre culture de toutes les classes sociales de cette époque significative.
Gilles Lagrois, Auclair, Québec
Pour en savoir davantage :
« Dans un roman d’aventures au souffle épique, Georges-Hébert Germain fait revivre une époque où le Bas-Canada était comme le Far West du Nord: une société en devenir, ambitieuse, instable, parfois violente, et souvent impitoyable.
La fureur et l’enchantement raconte les aventures palpitantes d’un héros plutôt attachant, François Simard, un bûcheron itinérant, coureur des bois et de jupons de La Malbaie.
À travers ses péripéties, Georges-Hébert Germain dresse une fresque panoramique de ce qu’était la vie quotidienne, ainsi que les enjeux économiques, politiques et culturels de cette époque particulièrement turbulente de notre histoire: les années 1830.
La Conquête datait déjà de plus de 70 ans. Le deal que fut la Confédération, qui définit le Canada, n’arriverait pas avant une quarantaine d’années encore. Les années 1830 étaient celles du rapport Durham, préconisant l’assimilation des Canadiens, celles de la Révolte des Patriotes réclamant un gouvernement plus démocratique de la colonie.
Ce furent aussi des années de saccages écologiques: destruction des troupeaux de bisons des Prairies, des grandes forêts de pins blancs et de bouleaux de la vallée du Saint-Laurent.
IMPECCABLE
Germain est un érudit des moeurs de cette époque qui l’intéressent depuis longtemps. Il sait exactement ce que les gens savaient à cette époque, comment ils vivaient, pensaient, se déplaçaient, comment ils faisaient les choses de la vie quotidienne et même les mots qu’ils utilisaient.
Son récit est impeccable et captivant de réalisme.
Le coeur du récit est le suivant: comment des gens de La Malbaie, à l’étroit sur leurs terres, ont fondé une compagnie financée par William Price, le magnat de la forêt de Québec, pour aller couper du bois au Saguenay, alors un domaine vierge occupé par les «sauvages» et contrôlé par la Compagnie de la Baie d’Hudson, avec l’idée de s’emparer des lieux pour les coloniser.
Price les manipule pour qu’ils fassent faillite afin de récupérer les fruits de leur travail. Il leur engage des concurrents qui feront tout pour les faire échouer. Les Autochtones se révoltent et partent sur le sentier de la guerre.
VIE QUOTIDIENNE
Ce roman d’envergure se déroule dans la vie quotidienne, en canot, en raquettes dans la neige, ou à voile sur le Saguenay, dans l’environnement physique, économique, politique, hostile du temps.
Le roman est écrit au passé simple, une forme classique de récit, malheureusement négligée de nos jours. L’écriture de Germain est fluide, précise et efficace dans ses descriptions des travaux et des batailles. Elle devient souvent lyrique dans celles de la nature et des sentiments.
La fureur et l’enchantement est un projet ambitieux, remarquablement bien exécuté. »