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SAGAN Françoise---LES FAUX-FUYANTS
14/08/2012 20:29
SAGAN Francoise
LES FAUX-FUYANTS, Julliard, 1991, 243 pages
Roman très réussi de Françoise Sagan. On y retrouve un style plein d’humour, de mots pittoresques autant de la campagne que de saveur parisienne. Un roman avec des personnages très attachants de la classe bourgeoise et d’authentiques paysans attachés à leur campagne et à leur façon de vivre.
J’ai passé passé de très moments de lecture en lisant ce roman qui m’a plu, touché et fait rire tout au long de cette aventure. J’ai découvert une Sagan pleine d’humour nous présentant maintes situations cocasses, drôles à se bidonner. À lire sans faute et sans regret.
Gilles Lagrois, Auclair, Québec
Pour en savoir davantage :
« Ils sont quatre, tardivement lancés sur la route de l'exode en cette mi-juin 40. Quatre fleurons du Tout-Paris occupés à cancaner et à déguster leur foie gras dans une Chenard et Walcker rutilante qui, l'année dernière encore, remportait le Grand Prix de l'Élégance Sportive à Deauville. Quatre? Non, cinq avec le chauffeur. On oublie toujours les domestiques. Mais voilà que celui-ci a l'inconvenance de se faire étourdiment tuer par un Stuka de passage, laissant ses employeurs hébétés devant leur limousine fumante.
Le beau paysan qui les ramasse dans sa carriole tirée par deux percherons, pour les ramener dans sa ferme que sa mère régente d'une main de fer, a quelques arrière-pensées dont la nature n'est pas exclusivement salace. Si les appas de Luce chatouillent son regard, il évalue aussi de l'œil les biceps de son amant...Les femmes culbutées dans le foin ou pataugeant dans la gadoue du poulailler ? Les hommes assaillis par le crétin du village ou transpirant aux champs ?....
Ce que la grande Françoise Sagan, avec ce regard sarcastique et tendre qu'elle porte depuis Bonjour tristesse sur la nature humaine, tire de cette situation, c'est une vraie comédie, irrésistible de verve brillante et de gaieté. Elle nous fait, dans cette période sombre, le cadeau inespéré d'un roman qui arrachera aux lecteurs les plus déprimés par quelques événements récents des accès de fou rire. »
www.babelio.com
« Juin 1940.
Quatre mondains à bord d'une voiture de luxe fuient Paris pour rejoindre Madrid. A bord, Luce, jeune épouse délaissée par son riche mari ; Bruno, son gigolo du moment ; Diane, riche mondaine d'un certain âge ; et Loïc, diplomate supposément homosexuel.
En ce lendemain d'Armistice, des milliers de Français, comme eux, veulent gagner la zone libre au plus vite. Alors que leur convoi finit par se retrouver immobilisé sur les routes de l'exode, quelque part en Beauce, ils se font mitrailler par la flotte aérienne allemande.
La menace éloignée, chacun sort de sa stupeur et revient à la réalité. La voiture des Parisiens est hors d'usage. Pire encore, Jean, leur chauffeur, est tombé sous les balles ennemies… ce qui les place dans un drôle d'embarras. Évidemment, c'est triste pour ce pauvre Jean, mais que vont-ils devenir, perdus sur cette route, livrés à eux-mêmes parmi la populace ?
Alors qu'ils en sont toujours à se demander comment ils vont se sortir de ce pétrin, un jeune paysan qui passait par-là dans sa charrette leur propose le gîte, le temps pour eux de trouver un autre moyen de se rendre à Madrid.
À la ferme, ils découvrent un monde rustique qui leur était jusque-là inconnu, habitués qu'ils sont des ors des salons de la capitale
Peu habitués au confort rustique de la ferme, les quatre compagnons vont devoir changer leurs (mauvaises) habitudes, se lever au chant du coq. Ils vont découvrir la valeur du labeur et du couvert dûment gagné. Les femmes devront nourrir la basse-cour sans craindre d'abimer leurs toilettes, tandis que les hommes troqueront la limousine pour la moissonneuse.
De tout ce que j'ai lu jusqu'ici de Françoise Sagan, Les faux-fuyants est un roman à part, qui s'inscrit dans une veine comique peu habituelle chez l'auteur.
Le procédé utilisé ici n'est pas nouveau : placer des personnages dans un environnement à l'opposé de celui dans lequel ils évoluent et dont ils ignorent les usages et coutumes. Ce choc des cultures devient alors matière à tensions et à quiproquos.
Sous couvert de la comédie, Sagan dénonce le snobisme des mondains oisifs en les frottant à des paysans droits, sans artifices, qui ne craignent pas de retrousser leurs manches. Elle se moque de leur ignorance, de leur condescendance et de leurs airs supérieurs ; et condamne du même coup la comédie des apparences.
Au contact des paysans, loin du regard de la société parisienne, les mondains vont dévoiler un autre aspect de leur personnalité ; certains prenant même plaisir à leur nouvelle condition pourtant inconfortable. Dans ces circonstances inhabituelles, ils vont vivre des situations autrement plus exaltantes et enrichissantes qu'en fréquentant la jet-set.
A l'exception du gigolo, qui persistera dans son attitude méprisante et hautaine, cette expérience permettra à nos bourgeois de prendre conscience de la vanité du jeu des apparences dont ils sont prisonniers à Paris.
Pourtant, sitôt le dos tourné à la ferme, chacun s'empressera de revêtir à nouveau le costume de la suffisance qui lui colle à la peau.
S'il est moins subtilement ironique que ses autres romans de Sagan, Les faux-fuyants n'en demeure pas moins un récit caustique et souvent drôle. »www.babelio.com
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RABAUDY Martine---ÉLECTROCHOCS
08/09/2012 17:36
RABAUDY Martine
ÉLECTROCHOCS, Flammarion, 2012, 181 pages
CRITIQUES
 
L'auteure raconte sa vie avec une mère maniaco-dépressive. Un témoignage choc.
« Résumé
M. de Rabaudy fait le récit de sa vie passée auprès de sa mère souffrant de psychose maniaco-dépressive et montre comment elle a cherché à comprendre cette maladie en étudiant des personnages comme Virginia Woolf, Winston Churchill ou Louis Althusser pour enfin accepter cet ennemi qui a dévasté son enfance.
Quatrième de couverture
Électrochocs
« Avec les années cahin-caha, je m'étais habituée aux embardées de cette femme, dépressive permanente et mère intermittente. Jusqu'au jour où elle voulut m'étrangler. Ses nerfs craquèrent. Pas mes cartilages. Se méfiant d'elle-même, elle m'avait fabriquée en dur. J'avais dix ans, je voyais mon enfance chavirer. »
Il faudra à la petite fille attendre l'âge adulte pour découvrir que cette tentative de meurtre maquillait une tentative d'amour. Un amour dévoyé par la psychose maniaco-dépressive qui cannibalisait sa mère. Pour comprendre cette maladie soignée dans des cliniques psychiatriques à coup d'électrochocs, l'auteur part à la recherche d'autres parmi ces malheureux élus que furent Virginia Woolf, Louis Althusser, Sylvia Plath, ou encore Winston Churchill. Des compagnons de route qui lui permettront d'apprendre à résister sans se dérober, à accepter sans capituler face à un ennemi qui dévasta son enfance. Jusqu'au bout elle s'acharnera à ramener vers la rive cette mère candidate récidiviste à la noyade.
Une écriture tenue sanglée par l'humour fait de ce récit non un traité du désespoir mais un hymne à la vie. »
www.laprocure.com
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DE MOULINS Xavier---CE PARFAIT CIEL BLEU
21/10/2012 17:03
DE MOULINS Xavier
CE PARFAIT CIEL BLEU, Au diable vauvert, 2012, 202 pages
Roman touchant, réaliste, positif avec une écriture d’une grande justesse et sensibilité. Une histoire de famille qui souligne la relation intime d’un homme de quarante ans et de sa grand-mère de quatre-vingt-huit ans. La grand-mère seule et vivant dans une résidence confortable demande à son petit-fils de l’amener voir la mer pour une dernière fois. Celui-ci accepte avec plaisir car sa grand-mère est importante pour lui car elle est une femme coquette, distinguée et aimant la vie. La fugue de ces deux coquains provoque la colère de son père mais le fils se contente d’en sourire car il est heureux de vivre ces derniers instants avec sa grand-mère qui le touche énormément par sa vison de la vie et de la famille.
Un roman qui nous porte à réfléchir sur soi, sur l’importance de soi dans notre famille hiérarchique. À lire sans faute pour approfondir la connaissance de la vie, de soi libre penseur et hédoniste.
« Il faut continuer à vivre dans se retourner. » p. 53
« La vraie famille est celle que l’on se construit accidentellement. » p. 109
« Je veux arrêter d’avoir mal quand je regarde en arrière, d’avoir peur quand je regarde en avant. » p. 109
« Malgré le temps, les rides et la mémoire qui flanche, les jolies choses restent intactes. » p. 122
Gilles Lagrois, Auclair, Québec
Pour en savoir davantage :
« On retrouve ici Antoine Duhamel le personnage du premier roman de l'auteur, Un coup à prendre. Il est désormais divorcé et père recomposé dans les bras de Laurence, mais peine toujours à se séparer d'Alice et ne se résout toujours pas à cesser d'hésiter entre deux femmes. comme entre regret et renoncement. Il va offrir à celle qui est finalement sa seule confidente, sa grand-mère Mouna, deux jours hors de la maison de retraite où elle a préféré finir ses jours. Un pèlerinage clandestin dans l'hôtel de leurs vacances passées, le temps d'une escapade sous le ciel bleu de la côte normande. Sous un parfait ciel bleu, c'est le face à face d'un homme de trente-sept ans qui a encore peur de vivre et d'une vieille dame qui a peur de mourir. Et c'est celle qui a pourtant tout connu du renoncement qui, au soir de sa vie, va lui donner le courage de choisir sa vie. » www.babelio.com
« Un grand merci à Babelio et aux éditions le Diable Vauvert pour ce très agréable moment de lecture ! Un journaliste qui écrit, pourquoi pas ? Pourtant, j'ai toujours cette appréhension que cela ne soit qu'une lubie parmi tant d'autres. Certains écrivent des bouquins comme d'autres achètent du pain. Facilement, rapidement, sans grande réflexion. Comme si cela avait été fait sur un coup de tête. Mais ce livre est loin d'être comme ça. Ce livre a fait valser mes préjugés et ça fait du bien ! J'avoue que les premières pages m'ont tout de suite mise mal à l'aise. L'auteur nous parle d'une maison de retraite d'une manière un peu crue. du genre « je me moque de tout ». Et c'est tout à fait ce style d'écriture que j'appréhendais. Pourtant, ce sentiment s'estompe très rapidement. Nous faisons alors la connaissance d'Antoine. Au tout début du roman, il assiste au mariage de son ex-femme, Alice. Difficile comme situation. Surtout qu'Antoine n'en a pas tout à fait fini avec cette histoire. Mais au fond, met-on vraiment un terme à une histoire avec celle qui nous a donné deux beaux enfants. Parce qu'Antoine n'est pas seul, il y a ses deux filles : Alma et Claire. Mais aussi, sa nouvelle compagne, Laurence. Sans oublier Mouna, sa grand-mère. Antoine a donc du mal à se remettre de son divorce. Il n'oublie pas Alice. Alors il l'observe sur Facebook, regarde comme elle évolue sans lui. Pourtant, c'est l'idée du parfait amour qui semble lui manquer le plus. J'imagine qu'il est difficile de se séparer de celle à qui on avait promis de l'aimer toute la vie. Et puis, se quitter, tout recommencer. Ca prend du temps, ça crée des doutes. Heureusement que sa nouvelle chérie est là. Pas jalouse, très proche de ses ex, qui sont les pères de ses enfants. Comme elle le dit si bien « Il suffit de savoir continuer à s'aimer même quand on est plus ensemble, il suffit de transmettre ça autour de nous et à nos enfants, la joie, l'amour, l'harmonie, un esprit de famille ». Mais celle qui aidera Antoine à traverser cette épreuve, à mettre de la lumière au creux de ses doutes, c'est Mouna, sa grand-mère. Quelques temps avant son divorce, elle est devenue sa confidente. Petit à petit, tout en douceur. C'est ainsi que sur un coup de tête, il décide l'emmener à la mer. A l'endroit de leurs vacances passées, à l'endroit des souvenirs heureux. On découvre qu'on ne connaît pas réellement ses grands-parents. Quand on naît, ils sont déjà vieux. On oublie parfois qu'ils ont une vie, des amours, des amis, un passé. En lisant ce roman, en vivant cette relation entre Antoine et Mouna, j'ai tenté d'imaginer ce qu'avait pu être la vie de « mes » Mouna. Ce roman est empreint d'une jolie tendresse. Leur voyage à la mer aurait pu être « cliché », dans le sens où tout est beau, tout est gentil. Et pourtant, il est décrit avec sincérité. Xavier de Moulins aurait pu vivre cette scène, peut-être l'a-t-il vécu. Moi-même, j'aurais pu vivre cette scène, ce roman. C'est doux, c'est frais. C'est triste, ça pique le cœur. Concernant la forme du roman, elle est très appréciable. Les personnages sont d'une grande justesse. Je les croiserais demain dans la rue que je ne serais pas étonnée. Ils semblent vrais. L'écriture est simple et touchante. Ce livre, c'est un concentré de sentiments, de vie. » wwww.babelio.com
Par juste-lire-avec-plaisir
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FERRARI Jérôme---LE SERMON SUR LA CHUTE DE ROME
19/11/2012 18:57
FERRARI Jérôme
LE SERMON SUR LA CHUTE DE ROME, Actes Sud, 2012, 201, Gagnant du Goncourt 2012
Ce roman m’a touché par le style de l’auteur, sa maîtrise des mots, des émotions prolongées, des phrases envoûtantes rendant ainsi hommage aux personnages vivant dans l’austérité de la vie.
Gilles Lagrois, Auclair, Québec
Pour en savoir davantage :
« Dans « Le sermon sur la chute de Rome », l’auteur nous offre une variation sur le déclin du monde. Yves Simon a été conquis par son roman magnifique et ambitieux. »
paru dans Match
« Début du roman : une photographie prise en 1918, fin historique du XIXe siècle. Elle montre une famille : la mère, cinq frères et sœurs ; manque Marcel, le dernier. La raison est simple, Marcel ne va naître qu’en 1919 lorsque son père sera rentré de la guerre. C’est sa vie fragmentée qui va se dérouler à notre lecture durant le XXe siècle et servir de toile de fond au livre de Jérôme Ferrari.
Fin du roman : un texte d’une lucidité aveuglante écrit à Hippone en 410 après J.-C. par saint Augustin. « Dieu a-t-il promis que le monde serait éternel ? » Non. L’homme ne bâtit que sur du sable, du vent, de l’éphémère. La chute de Rome n’est pas seulement la fin d’une ville et des Romains, mais celle d’une civilisation remarquable. Entre ces deux instants de l’histoire du monde se déroule un texte, une longue séquence qui chevauche les XXe et XXIe siècles, où deux jeunes gens, Matthieu et Libero, promis à un brillant avenir, vont finalement se déterminer tout autrement : l’argent, la sensualité, le sexe vont devenir leurs maîtres à penser. Ils s’établissent sur les lieux mêmes de leurs vacances de jeunesse, la Corse, pour y faire revivre un bar de montagne et tenter d’y bâtir, comme les a initiés Leibniz, « le meilleur des mondes possibles ». Matthieu et Libero sont notre actualité. La chute de Rome et la vie de Marcel, le grand-père de Matthieu, représentent le déroulement du temps, comme les rêves humains, inassouvis, qui croient que le monde est à leurs ordres et peut durer comme ils l’entendent : éternellement.
Superbe architecture pour ce livre puissant. Il y a là trois temps de l’Histoire : celui d’une civilisation, celui d’un siècle, celui d’une vie d’homme. C’est Fernand Braudel, le grand historien de la Méditerranée, qui nous a appris cela, ces trois temps pour penser l’Histoire et ses connexions entre les êtres et des temporalités qui les dépassent. Matthieu et Libero rejettent le monde où ils sont nés pour se mettre à vénérer celui dans lequel ils ont choisi de vivre. Nous sommes au cœur du roman. Le monde se rétrécit, et tout va se dérouler autour d’un bar où des filles recueillies dans des établissements glauques vont venir ornementer le lieu, de même qu’un chanteur, plutôt beau gosse, qui va distraire l’auditoire avec sa guitare et sa voix du Sud. Les clients affluent, du village, puis des environs, puis de la ville. L’argent, le vin, la peau des filles vont être le matériau enivrant de ce bar perdu où chacun entre pour tenter de se trouver une raison de vivre comme de survivre. Super feeling ! On s’alcoolise, on oublie, on se perd. Quoi de meilleur ?
L'auteur écrit en virtuosela fin d'un monde occidental
Libero et Matthieu foncent vers l’abîme mais n’en disent rien. Repus d’onguents illusoires qui les aseptisent et où ils se vautrent comme dans une kermesse d’apocalypse joyeuse, ils savent que les mondes sont des entités finies, avec un début et une fin. Tout en feignant une nonchalance calculée, ils savent qu’un jour viendra où il ne restera rien de cette caverne des ombres dans laquelle ils sont les maîtres du jeu. Ils avancent en aveugles vers des gouffres de décadence où ils ne peuvent que se briser. Un pistolet fait son entrée, dans un tiroir, sous le bar ; une arme de la dissuasion, disent-ils. Arme incongrue par laquelle une tragédie, façon grecque antique, va se nouer.
Comment ne pas retrouver de sombres coïncidences avec le volcan décadent sur lequel nous sommes en train de danser ? Alors que nous parlons de droits acquis, une civilisation – la nôtre – est en train de mourir sous nos yeux, espérant qu’elle survive et renaisse, alors que tous les ingrédients de sa mort sont programmés. Fin de la beauté, fin d’une majesté, fin d’une époque, fin des savoirs et des civilités où tout allait de soi alors que tout allait survenir d’ailleurs, d’ailleurs de soi. Les autres, cet enfer. C’est la fin de la confiance, de la parole donnée ; c’est croire encore que l’autre est fiable, aimant, amoureux, qu’il ne peut trahir, quand la dissidence sourd de tous côtés, que les excès de toutes sortes – désinvolture, cynisme, sexe – balisent notre quotidien et le dégradent.
Jérôme Ferrari écrit en virtuose cette apocalypse corse, cette fin d’un monde occidental où chacun s’est cru éternellement l’empereur des destins. Pour ces raisons, « Le sermon sur la chute de Rome » est ce qu’il y a de plus abouti, de plus beau, de plus universel en cette rentrée littéraire. Il décrit la finitude et l’impermanence des choses pour laisser à saint Augustin le devoir d’en expliquer la chute inexorable. »
www.parismatch.com
Un lecteur : litolff, le 21 septembre 2012
Tragédie classique aux accents apocalyptiques dans un petit village corse.
Jérôme Ferrari m'avait enchantée dans son précédent roman, « Où j’ai laissé mon âme », et cette fois-ci encore son écriture m'a enthousiasmée : ses phrases peuvent faire une page comme une demi-ligne et dans tous les cas, il vise juste et il captive.
J'ai beaucoup aimé cette histoire, assez sordide, il faut le dire, d'ambitions et de rêves effondrés, cette histoire pathétique de jeunes types immatures, incapables d'affronter la réalité et de percevoir l'inanité de leurs rêves.
Matthieu, jeune corse « parisien » autocentré, étudiant en philosophie s'associe à Libero, jeune corse « local » étudiant en lettres, pour reprendre le bar du village et redonner vie à la région… beau projet, oui mais, quand l'alcool, le sexe et la bêtise s'en mêlent, les choses peuvent se gâter. Parallèlement au parcours chaotique de Matthieu, on suit celui de Marcel, son grand-père, un rescapé du siècle qui a vu ses mondes s'effondrer.
Et puis il y a Saint-Augustin, son sermon, la chute de Rome, et c'est là où j'ai trouvé que la comparaison était certes audacieuse, mais quand même pas mal tirée par les cheveux ! Avait-on besoin de Saint-Augustin pour décrypter le message et ses retombées philosophiques ? Je n'ai pas trouvé que les références augustines ( ?) étaient indispensables et elles ne m'ont pas particulièrement parlé …
Il n'en reste pas moins un texte magnifique pour raconter une histoire pathétique et universelle » www.babelio.com
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DJIAN Philippe---
05/12/2012 16:13
DJIAN Philippe
« OH… », Gallimard, 2012, 236 pages
Bon roman dans le style impeccable de Djian qui nous entraîne dans une histoire de famille et d’une femme peu commune. Une famille spéciale il faut dire, une grand-mère de soixante et quinze ans qui veut se remarier, son mari est en prison pour crime d’enfants, une femme séparée qui est victime de viols et un fils de vingt cinq ans qui a une relation avec une nouvelle amie qui a un enfant nouveau né.
Le personnage principal est la femme qui est associée dans une entreprise privée et qui est la victime de viol chez elle à deux reprises mais qui finalement réussit à gérer cette situation rocambolesque et sexuelle. Une femme qui assume sa sexualité, sa vie familliale et réussit dans sa compagnie comme femme d’affaires.
Un bon roman.Une autre vison de la vie d’une femme qui vit ce qu’elle a à vivre à sa manière sans préjugés, sainement et sans y laisser sa peau.
Gilles Lagrois, Auclair, Québec
Roman intéressant et impartial de DJIAN surtout par le principal personnage féminin Michèle épouse, mère et fille qui a une vie en dents de scie, qui assume pleinement les choix qu’elle doit faire dans les changements de sa vie et dans ses différents rôles. Elle va jusqu’au bout d’elle-même et vit au jour le jour sans tenir compte des opinions des membres de sa famille sinon sa vie serait humainement insoutenable.
Pour en savoir davantage :
« Décembre est un mois où les hommes se saoulent…tuent, violent, se mettent en couple, reconnaissent des enfants qui ne sont pas les leurs, s’enfuient, gémissent, meurent… »
«Oh… » raconte trente jours d’une vie sans répit, où les souvenirs, le sexe et la mort se court-circuitent tous instant. » nrf
« Djian réussit très bien à se mettre dans la peau d'une femme de 50 ans. On oublie que c'est un homme qui écrit. "Oh …" est un roman qui parle des vivants. La filiation, l'amour, le sexe, la mort. Djian aborde toutes ces questions charnellement, à travers la vie et les péripéties de ses personnages. »
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“Oh”, c'est l'histoire de Michèle, presque cinquantenaire, qui vient de se faire violer chez elle par un inconnu quand le livre s'ouvre. Elle vit séparée de Richard, son mari, scénariste raté, pendant que leur fils Vincent, sans vrai emploi, vient de se mettre en ménage avec Josie, enceinte d'un dealer en prison. Sa mère Irène, soixante-quinze ans, a des amants trois fois plus jeune qu'elle et son père est en prison depuis trente ans après avoir commis un crime affreux. Michèle a une liaison avec Robert, le mari d'Anna sa meilleure amie et son associée dans une boîte de production qu'elles gèrent ensemble. Richard, Lui, se console dans les bras d'Hélène, une standardiste qui pourrait être sa fille. En dernier, il y a Patrick, un voisin de Michèle, au charme duquel elle n'est pas insensible. Nous suivons les histoires de cette galerie invraisemblable de personnages une trentaine de jours pendant les fêtes de Noël. Le viol est donc le point de départ de cette histoire et le premier d'un nombre d'événements qui vont déstabiliser Michèle et bouleverser le semblant d'équilibre qu'elle s'est construite depuis le massacre commis par son père alors qu'elle ne sortait à peine de l'adolescence. Depuis cette époque, la vie est passée par là, et elle s'est mariée, a fait un enfant, a monté son entreprise, s'est séparée … C'est une femme résolument moderne, forte et indépendante, qui gagne bien sa vie et entretient sa famille, tout en dirigeant son entreprise et en gérant les égos surdimensionnés des un et l'inefficacité des autres. Alors … comment se fait-il que, après ce viol, elle va se lever, ranger les bibelots, nettoyer le sol, prendre son bain … et continuer comme si rien n'était ? La famille vient dîner le soir même, il y a une pile de dossiers sur son bureau, la vie continue. Bien sûr, Michèle se pose mille questions, cherche à comprendre, à savoir comment faire … mais la vie n'est-elle pas ainsi ? Pendant qu'on se les pose, ces questions, le téléphone continue à sonner, le chat a faim, le loyer reste à payer, il y a les fêtes et les réunions à préparer. C'est une des choses que j'ai bien aimé dans ce livre, ce mélange de drame (non seulement le viol, mais je ne vais pas révéler d'autres clés de l'histoire) et de quotidien … on ferme les volets, on allume les lumières, on débarrasse la table, le voisin coupe son bois … tout ça rythmé par ces évènements bouleversants qui se succèdent. Car Michèle vit un véritable tourbillon pendant ces trente de jours, et nous sommes emportés avec elle. le style d'écriture y est pour énormément d'ailleurs. le texte se lit en un seul bloc. Il n'y a ni paragraphes, ni chapitres, pas de blancs. Comme explique Djian Lui-même dans une interview des Inrocks “…dans la belle littérature, il faut commencer la première phrase du premier chapitre cinq points après la marge, alors j'ai décidé dans “Oh…” de la coller à la marge.” Et cet effet de “bloc” est bien efficace … on est plongé directement dans l'histoire, ça démarre tout de suite, on ne peut pas décrocher car rien ne lâche jusqu'à la fin. Cette fin prend la forme d'un court épilogue, agissant comme un grand bol d'air frais après l'ambiance presque asphyxiant du reste du roman. Et cet “Oh…” final qui, pour moi, est un vrai signe d'apaisement après tant de changements et de ruptures. Certes, le rythme est un peu oppressant, avec des flashbacks, des trahisons, des mensonges et des révélations, créant parfois un véritable malaise, mais c'est tout à fait cohérent avec ce que vit Michèle. Et le plus gênant est peut-être le fait que nous ne savons pas vraiment pourquoi elle agit de telle ou telle façon. Elle fait souvent le mauvais choix, mais Djian ne fait pas dans la psychologie, et c'est à nous de trouver les réponses (s'il y en a) en s'interrogeant. Ce qui est, avec ce thème de viol comme fil conducteur, plutôt dérangeant, il faut le dire.
C'est le premier roman de Philippe Djian que je lis, donc je ne peux pas le comparer avec ses œuvres précédents. Par contre, j'ai appris que c'est la première fois que son narrateur est en fait une narratrice, et je trouve qu'il se glisse remarquablement bien dans la tête d'une femme.
Certains l'accuseront de relever des fantasmes masculins avec l'histoire de viol et comment Michèle agit quand elle apprend l'identité de son agresseur. Mais d'après les interviews de l'auteur que j'ai lu, je n'y crois pas, je le pense plus honnête que ça. Pour conclure, je dirais, que malgré le côté invraisemblable de certains éléments de l'histoire, elle tient bien la route. Mieux que ça, elle est percutante, choquante, renversante et superbement humaine. J'ai passé un moment de lecture très intense, parfois dérangeant, j'en suis sortie sonnée mais tellement enchantée d'avoir vécu une telle expérience littéraire » www.babelio.com
« "Oh", c'est bien le cri que l'on se retient de pousser tout au long de cette lente et inexorable descente aux enfers que nous conte si bien Philippe Djian, qui vient de recevoir le prix Interallié. L'héroïne en effet, approche de la cinquantaine; Elle a bien des soucis avec son ex-mari qui noue une relation avec une femme bien plus jeune que Lui et son fils qui s'amourrache d'une future maman de près de 100 kg dont l'ancien compagnon et père du bébé purge une peine en prison pour trafic de drogue. Sa mère, la septuagénaire Irène, Lui donne aussi du fil à retordre car elle entretient un gigolo de 40 ans son cadet... Comme si cela ne suffisait pas, elle est agressée chez elle et son voisin Patrick, sous des dehors bien tranquilles de banquier, cache en fait une personnalité inquiétante. Et nous apprenons par la suite que le père de notre sympathique héroïne éditrice et productrice avait commis dans le passé un crime épouvantable. Le récit est magnifiquement rendu, la situation apparaît de plus en plus inextricable. Les personnages principaux apparaissent comme livrés à eux-mêmes, incapables d'agir sur leur destin, comme des marionnettes emportées par le vent... Un récit fort et implacable… on regrette seulement que le thème du viol soit abordé de manière un peu "légère", traité comme un fait banal. Des personnages féminins intéressants, ce qui fait le point fort du récit. » www.babelio.com une lectrice
Dans son nouveau roman, Philippe Djian détricote les relations d’une famille hors normes. Déroutant et envoûtant.
Par Valérie Trierweiler - Paris Match
« Attention, ceci est une oeuvre littéraire, un livre puissant. Philippe Djian revient avec « Oh… » un roman qui braconne sur des terres défendues. Certes, l’écrivain a coutume de nous conduire là où nous ne l’attendions pas. Ici encore, il fait la démonstration d’une imagination fertile qui oscille entre fantasmes et répulsions. Depuis son culte « 37° 2 le matin » – écrit il y a tout de même vingt-sept ans – et vingt oeuvres plus tard, Djian continue à nous surprendre. Dans « Oh… » (drôle de titre, non ?), on se dit d’abord qu’il y va fort. Sa narratrice, Michèle, à la veille de la cinquantaine, semble mener une vie presque normale. Elle est séparée de son mari et, comme beaucoup de femmes de sa génération, se débat entre une mère qui refuse de vieillir, et un fils, Vincent, qui peine à grandir et à s’assumer. Sans travail, il veut se mettre en ménage avec une jeune femme enceinte dont l’enfant n’est pas de lui. Le géniteur est en prison.
Le banal commence à s’estomper. Et voilà la mère, ou plutôt la grand-mère, qui, à 75 ans, souhaite se remarier. « Je te tuerai, c’est bien simple. Pas besoin de réfléchir », lui rétorque Michèle. Les relations sont tendues, extrêmement tendues. Entre Michèle et sa mère. Entre Michèle et son fils. On apprend très vite l’existence d’un père enfermé dans un asile psychiatrique, depuis des années et des années. Un père dont Michèle ne veut plus entendre parler, un père qu’elle refuse de revoir malgré l’insistance de sa mère. Rien ne semble simple, rien ne semble apaisé.
Il faudra avancer plus loin dans le livre pour apprendre que l’homme en question a tué soixante-dix enfants dans un club Mickey, un accès de folie, il y a plus de trente ans. On comprend les réticences de Michèle. Ses années de jeunesse à vivre au ban de la société, à n’être perçue que comme « la fille du monstre », l’errance avec sa mère – sans argent, sans savoir où elles dormiraient chaque soir – ont fait d’elle une femme méfiante. On comprend ce qui lie les deux femmes ; on admet leur relation faite d’appartenance et de dépendance. De répulsion aussi. Avec le fils, les rapports ne sont pas moins tortueux, mais d’un autre ordre. Michèle ne souhaite que l’indépendance de ce rejeton âgé de 24 ans, tout en lui contestant ses choix, tout en lui niant sa liberté.
Philippe Djian explorele champ de la perversité
Michèle et son ex-mari, Richard, conservent des liens de proximité. Ils sont solidaires comme un vieux couple quand la question du sexe ne se pose plus. Ils s’entendraient même plutôt bien depuis trois ans qu’ils sont séparés. Jusqu’au jour où Richard refait sa vie. C’est toute la question du lien que Philippe Djian aborde dans « Oh… ». Du lien interfamilial d’abord. Celui dont on voudrait se détacher jusqu’à la rupture parfois, sans que ce ne soit jamais possible. Comme le père assassin que sa femme n’a jamais voulu renier quand la fille a voulu gommer son existence. Comme le fils qui veut reconnaître un enfant dont il n’est pas le père. Comme l’ex-mari rejeté mais interdit de bonheur avec une autre. Et puis, il y a cette autre histoire dans l’histoire.
Les premières pages du livre s’ouvrent sur l’agression de Michèle par un homme cagoulé. L’agression se double d’un viol et se renouvelle. Michèle n’en parle pas. Et ce nouveau voisin séduisant qui lui tourne autour. On devine la suite. Enfin, pas toute la suite. Le viol devient le centre du jeu. Oui, du jeu. Un jeu pervers qui mènera loin. Philippe Djian, comme dans certains de ses romans, explore le champ de la perversité. Entre adultes. Comme si cela ne suffisait pas, l’amant de Michèle n’est autre que le mari de sa meilleure amie et associée.
Tout devrait nous inciter à lâcher ce texte. Et pourtant, on le lit jusqu’à la dernière ligne. On attend le prochain rebondissement. On cherche ce que signifie chacun des événements au-delà d’un simple agrément de l’histoire. On y pense encore le livre refermé. On y réfléchit. Sommes-nous passés à côté de quelque chose ? On revient quelques pages en arrière. Trente jours seulement s’écoulent dans la vie de Michèle, pendant lesquels tous les sentiments sont évoqués. Djian, une fois de plus, impose son style et s’impose comme une pièce maîtresse de la rentrée littéraire. Il est Djian, tout simplement.
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