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Cécile LADJALI---ARAL
14/06/2012 12:28
Ladjali Cécile
ARAL, Actes Sud, 2012, 251 pages
Très beau roman poétique. Tout y est poétique, le style, les mots, le sujet, les métiers, les lieux et le langage des personnages.
Gilles Lagrois, Auclair, Québec.
Pour en savoir davantage :
« Alexeï et Zena ont grandi à Nadezhda, au bord de la mer d’Aral asséchée. Autarcique, leur amour s’est affranchi de tous les obstacles : le lent évanouissement de leur mer, la mort qui coule dans l’eau polluée du village, la surdité d’Alexeï survenue à ses dix ans. Jeune musicien prodige, Alexeï continue à jouer du violoncelle et ouvre son espace intérieur à des perceptions nouvelles. Mais le silence s’installe entre les amants à mesure que le pays devient de sable.
S’inspirant, dans ses compositions, de ses “trois fiancées” (la mer, la musique et Zena) dont les effacements successifs se conjuguent, il part à la recherche de la huitième note, celle qui contiendrait toutes les autres, et aboutirait à l’“éternelle présence”.
Récit de l’enfance sauvage, d’une vie en forme de mirage dans le silence hypnotique et les paysages austères du Kazakhstan, le roman de Cécile Ladjali oblige à scruter l’invisible, par un saisissant mélange de peur et de beauté. » www.actes-sud.fr
« Dans ses « Aphorismes sous la lune et autres pensées sauvages », Sylvain Tesson appelle les habitants des bords de l’Aral, les orphelins de leur mer. Le dernier roman de Cécile Ladjali remercie en exergue celles qui l’ont recueillie, orpheline de sa mère. Ainsi la métaphore principale d’ »Aral » déploie sa poésie sous la plume conteuse de cet auteur venue de loin elle aussi : la Perse.
En même lenteur que la mer d’Aral se retire, ce livre flamboyant raconte en vagues successives la PERTE. Perte de l’enfance, de la femme aimée ou du père adoptif, perte de l’audition, de la mémoire, de la confiance en soi, et d’un avenir possible. « Aral » tournoie comme un vent de sable salé d’un chapitre sur l’autre entre les moments de l’enfance et ceux de l’âge adulte du couple universel formé par Alexei et Zenia : A et Z, début et fin de l’alphabet. Cette spirale emporte le lecteur en deux temps (les décennies 70 et 80), trois mouvements (les vies croisées du couple et d’Urufar) sur les notes d’un violoncelle virtuose. Malgré sa perte auditive Alexei compose en quête d’une huitième note afin de combler les vides de sa vie et résonne en écho sur le rôle de l’écriture pour Cécile Ladjali : « Écrire des mots ou des notes c’est biffer le soleil. Rendre la vie aux étoiles éteintes ». La puissance des pensées qui empoisonnent le héros, lui permet également de se sauver par la magie de la 8ème note qui les engloberait toutes, comme la lettre « p » qui ne s’entend pas dans « sept ».
Les vertus de l’art, du rêve, de l’imaginaire peuvent seules faire rempart contre le sel et les bactéries du vent qui souffle et ronge paysages et habitants de la région. En effet ce roman est un magnifique paradoxe qui entremêle de mots en mots comme une pluie de sable, des éléments contraires. La mer d’Aral disparaît et pourtant elle existe, le bruit de la mer et du monde ne parlent plus à Alexei or il les entend. Pareille magie enjolive de multiples métaphores l’écriture salvatrice de Cécile Ladjali comme une miniature orientale. La mer d’Aral avec ses désastres écologiques en toile de fond miroite des richesses du vocabulaire et du style baroque dont l’auteur joue en virtuose. Ce récit-poésie en appelle à la mythologie, aux forces telluriques avec la sonorité précise d’un vocabulaire-partition.
La quête de limpossible, l’acceptation des voies sans-issue permettent de trouver le vrai sens des choses. Il faut perdre pour mieux se retrouver, les situations se répètent comme une deuxième chance de trouver enfin le sens de sa vie.
Et puisque l’eau est source de vie, on sait que depuis quelques années, la mer d’Aral enfin renaît… »www.chroniquedelarentreelitteraire.com
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CAIN James M.---LE FACTEUR SONNE TOUJOURS DEUX FOIS
14/06/2012 23:09
CAIN James. M
LE FACTEUR SONNE TOUJOURS DEUX FOIS, 1936, 1962, Gallimard, Folio policier, 151 pages
Roman policier de l’époque des années 1930. Histoire soutenue et un certain intérêt pour les trois principaux personnages. James M. Cain fut pendant presque toute sa vie scénariste à Hollywood, est un des romanciers américains les plus populaires. Ce roman fut adapté plusieurs fois au cinéma.
Gilles Lagrois, Auclair, Québec
Pour en savoir davantage :
« Chômeur à vingt-quatre ans, Frank Chambers arpente les routes, une petite valise à la main, à la recherche d'un emploi. Il s'arrête à une station-service restaurant. Le patron, Nick Papadakis, qui exploite l'établissement avec son épouse Cora, lui propose un travail. Après avoir aperçu la jeune femme, Frank accepte de rester et devient rapidement son amant.
Ensemble, ils décident de tuer Nick. À sa parution en 1934, ce roman reçut de nombreuses critiques élogieuses. Novateur par son écriture concise et rythmée, le livre l'est tout autant par le choix de son sujet. Cette passion banale entre deux êtres très ordinaires débouche sur un crime dont les mobiles centraux sont l'argent et le sexe.
D'un regard distancié, sans porter le moindre jugement moral sur ses personnages, James Cain met en évidence leurs motivations et montre comment l'obsession de la réussite aboutit au naufrage d'individus fascinés par le rêve américain. Ce récit a donné lieu à différentes adaptations cinématographiques, notamment en 1946 avec Lana Turner, puis, en 1981, avec Jack Nicholson et Jessica Lange. --Claude Mesplède » www.babelio.com
« Ce roman écrit en 1948, est très court, mais il est intense.
Il ne faut pas le juger en comparant notre époque et celle de son écriture.
Ce qui nous paraît anodin a beaucoup d'importance dans ces esprits de gens simples qui ont encore des valeurs, dont les mots comme : respect, haine, peur, amour, revanche, complot ne sont pas celles d'aujourd'hui.
Je me suis mis dans la peau du narrateur, ce vagabond de 24 ans, oh pas longtemps, juste le temps de la lecture, soit quelques heures, et j'ai eu des moments de joie et de peine. Des moments où la vie devient ou va devenir belle, et d'autres où c'est fichu, faut repartir à zéro.
Et comme des montagnes russes, tout au long du roman, et la fin, qui ne me convient pas, mais, c'est la vraie fin.
Ce roman m'a plu, mais je suis étonné que le titre mentionne "le facteur". Je sais que c'est une image, mais ce mot n'est pas du tout ni mentionné, ni évoqué dans le roman, on aurait aussi bien pu l'appeler, "la chance, c'est une fois seulement " ou encore " on ne fait bien les choses qu'une seule fois" ......... »
www.babelio.com
« Fin des années 1930, début des années 1940. Le vagabond Frank Chambers se fait engager en tant que mécano-pompiste à une station essence le long de la côte en Californie (il y est déposé, après avoir fait du stop, par le voisin, qui est procureur). Son nouveau patron, Nick, un homme affable dans la cinquantaine, y est également propriétaire d'un restaurant-bar qui accueille les voyageurs de passage. Il est marié à la très belle et très jeune Cora, qui semble ne pas travailler beaucoup et qui est cependant très ambitieuse.
Cora n'est tout d'abord pas enchantée que Frank reste travailler et vivre avec eux. Frank l'embrasse de force ce premier jour. Le temps passe et Cora et Frank deviennent amants. En l’absence de Nick, il lui demande une fois de s'en aller avec lui, ce qu’ils entreprennent. Sur la route, à pied, les choses s'avèrent plus désagréables que prévues et Cora décide de rentrer chez elle ; Frank la suit.
Un plan pour faire disparaître Nick est mis au point. Celui-ci sera assommé dans son bain, ce qui devra passer pour un accident. Le soir prévu, un court-circuit empêche le plan de se dérouler comme prévu et Nick, seulement assommé et ne se doutant de rien, passe sa convalescence à l'hôpital.
Frank quitte ensuite Cora et Nick, mais celui-ci, quelques semaines plus tard, tombe sur Frank par hasard et le ramène à la maison.
Nick annonce qu'il va vendre son commerce pour aller vivre, avec Cora, auprès de sa sœur malade. Cette décision n'enchante pas du tout Cora.
Un nouveau plan pour se débarrasser de Nick est élaboré. Alors qu'ils se rendent tous trois en voiture à une rencontre avec l'acheteur de la station, Nick, qui est saoul, est assommé. L’automobile est poussée dans un ravin mais Frank doit l'aider à dévaler la pente : il chute même avec celle-ci. Le procureur, qui avait des soupçons depuis l’affaire de la baignoire, les a suivis et arrive sur la scène de ce qu’il interprète comme un crime.
Nick est mort et Frank s'en sort avec des blessures. Lui et Cora sont jugés pour meurtre. Après que Frank, manipulé par le procureur, a dénoncé Cora, l'avocat de celle-ci organise une machination subtile où Cora signe des aveux et un arrangement est obtenu avec les compagnies d’assurances, celle sur la vie que Nick avait signée (que ni Cora ni Frank connaissaient, un beau mobile pour le procureur) et celle qui devrait indemniser Frank en raison du tort physique subi dans la chute de la voiture. L’accusation du procureur est finalement modifiée et Cora et Frank sont libérés.
Ils retournent au restaurant mais le cœur n'y est plus puisque Frank a trahi Cora. Les affaires du restaurant se développent grâce à la renommée de leur propriétaire, la sulfureuse Cora. Enfin, pour faire taire les rumeurs, Cora et Frank se marient.
Cora part en déplacement car sa mère est très malade et meurt. Pendant ce temps, Frank, incontournable, séduit une autre femme. Au retour de Cora, cette dernière et Frank sont victimes d'un chantage sur la base des aveux de Cora mais le maître chanteur se fait vite déborder et Cora et Frank reprennent possession du dangereux document.
Plus tard, Cora apprend que pendant son absence, Frank a séduit une autre femme. Elle s'en fâche et décide de quitter Frank. Mais ce dernier la retient et avoue son amour à Cora. Cora lui apprend qu'elle est enceinte. Toutefois, elle doit être sûre de quelque chose: elle emmène Frank à la plage où ils avaient été si heureux autrefois puis ils nagent en s'enfonçant dans la mer jusqu'à ce que Cora soit épuisée. Elle lui demande, s'il pense qu'elle ne pourra pas le réconquérir, de la laisser se noyer ici. Frank choisit de la ramener au rivage.
Le couple est alors heureux. En rentrant de la plage, Frank trop occupé à embrasser Cora, ne regarde pas la route et ils ont un accident de voiture dans lequel Cora meurt.
Frank, qui, en tant que mari, hériterait de tous les biens de Cora, est accusé et condamné pour le meurtre de sa femme. Celle-ci a aussi laissé une lettre d'adieu avant son suicide manqué qui les accuse les deux du meurtre de Nick. » www.wikipedia.org
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MARTÌNEZ Guillermo ---LA VÉRITÉ SUR GUSTAVO RODERER
17/06/2012 13:18
MARTÌNEZ Guillermo
LA VÉRITÉ SUR GUSTAVO RODERER, NIL ÉDITIONS, 2011, 121 pages
Roman sur l’intelligence mathématique donc un duel entre deux étudiants qui deviennent néanmoins amis, à savoir qui aura des éléments de réponse pouvant convaincre l’autre de sa compétence intellectuelle sur un sujet précis à savoir quelle est la science la plus représentative de l’intelligence humaine, la philosophie ou la mathématique.
Ce que j’ai aimé dans ce roman c’est la vie familiale de chacun qui me permet de poser la question suivante : » Le plus important est le bonheur ou la connaissance ?
Gilles Lagrois, Auclair, Québec
Extraits : « …les diverses formes de l’intelligence pouvaient se réduire à deux formes principales : la première, l’intelligence assimilative, celle qui agit comme une éponge et absorbe immédiatement tout ce qui s’offre à elle, qui avance, confiante, et trouve naturelles, évidentes, les relations et analogies établies auparavant par d’autres, qui est en harmonie avec le monde et se sent dans son élément que que soit le domaine de la pensée.
…ce genre d’intelligence ne se différencie qu’en termes quantitatifs des facultées normales de tout individu, il s’agit seulement d’une accentuation du sens commun : plus de rapidité, un esprit plus pénétrant, plus d’habileté dans les opérations d’analyse et de synthèse. C’est l’intelligence des « talentueux » ou « capables » qui se comptent par milliers. C’est l’intelligence qui s’accommode le mieux de la vie, celle des grands savants et humanistes….pages 37-38
Pour en savoir davantage :
« Dans un bourg endormi d’Argentine, deux adolescents nouent une curieuse relation. Ils possèdent des facultés intellectuelles très supérieures à la moyenne, et le seul moteur de leur amitié est la compétition. Mais si le narrateur veut surtout se confronter à la réalité et conquérir sa place au soleil, Gustavo Roderer est un génie dévoré par une quête extraordinaire : l’élaboration d’une philosophie révolutionnaire. Cloítré chez lui, flirtant avec les drogues et maniant des idées destructrices, il cherche à repousser les limites de sa réflexion. Agacé et fasciné, son ami s’acharne à lui démontré l’inanité de ses questionnements. Ces deux brillantes intelligences s’affrontent en une lutte qui finit par devenir une question de vie ou de mort.
D’inspiration borgésienne, ce premier roman encore inédit en France mélange avec virtuosité suspense et métaphysique.
Né en 1962 à Buenos Aires, docteur en mathématiques, Guillermo Martínez a publié La mort lente de Luciana B. et Mathématique du crime.
Mon avis par une lectrice :
Je l’ai lu hier soir et j’avoue que tout cela me pose plein de questions. J’ai compris ce roman comme un roman de dualité et qui faisait écho aux questionnements du mathématicien Guillermo Martínez. L’auteur Guillermo Martínez met en scène deux personnages : le narrateur et le fameux Gustavo Roderer. Les deux n’ont pas la même intelligence (voir extrait ci-dessous) : un à une intelligence qui lui permet d’apprendre vite ceux que d’autres mettent longtemps à comprendre, de réutiliser, d’améliorer les choses, c’est une intelligence qui s’insère dans la vie réelle, l’autre a une intelligence de sensation : il lui manque quelque chose pour profiter de sa tête, quelque chose qu’il se propose de chercher sans répits. Je ne crois pas que l’on puisse être l’un ou l’autre. C’est pour ça que j’ai pensé que finalement c’était un peu deux côtés d’un même personnage. Entre Gustavo et le narrateur va naître à mon avis une sorte d’émulation, chacun essayant d’expliquer sa vision du monde, car ici c’est bien de ce dont il s’agit. Je n’ai pas réussi à voir s’il s’agissait d’en imposer l’une par rapport à l’autre ou de les concilier. C’est la première dualité dont parle le livre.
Ensuite le narrateur décide d’étudier les mathématiques à l’université alors qu’il souhaitait plus se consacrer aux humanités. En cela, il suit les conseils de Gustavo. Il n’étudiera pas n’importe quelle branche des mathématiques mais celle de la logique. Ce qu’il faut voir, c’est qu’en mathématiques appliquées, finalement, le but c’est de modéliser une situation réelle en la rendant abstraite vis à vis de certaines contingences. En général, on se pose la question de à quoi servent et à quoi serviront nos travaux. Les mathématiques pures, et principalement la logique à mon avis, c’est autre chose : on créé une nouvelle manière de penser, une nouvelle manière de voir les choses. On est dans l’abstraction pure.
En général, ce sont souvent les logiciens qui ont besoin de devenir philosophe parce qu’ils ont besoin de se raccrocher à la vie. Et c’est ce qui passe ici. Finalement, Gustavo qui est en train de créer son système philosophique a besoin de se raccrocher au monde et cela passera par les mathématiques et inversement. Gustavo et le narrateur vont essayer de raccrocher leurs wagons. Cela passe en particulier par la démonstration d’un théorème (du mathématicien Seldom, clin d’œil au professeur du livre Mathématique du crime, clin d’œil pour nous lecteur français pour les autres c’était dans l’autre sens). Ce théorème établit “fondamentalement”, “l’insuffisance de tous les systèmes connus jusqu’à maintenant”. Il parle de système mathématique comme philosophique (c’est mieux expliquer dans le livre).
Et c’est là que tout se complique, la vie de Gustavo doit-elle s’écrouler car vaine ou est-ce que c’est la vie du narrateur qui finalement quoi qu’il fasse n’arrivera à rien créer qui puisse tout expliquer. Finalement, chacun des deux s’en sort puisque le narrateur fera des compromissions et arrivera à vivre réellement. Gustavo lui expliquera que le théorème n’envisage que les cas de dualité, c’est oui ou c’est non, que les systèmes philosophiques passés n’envisagent que ces ces cas de dualité suite à des approximations. Il dira que son système à lui envisage une troisième voie. Sauf que moi, j’avais lu tout le livre en pensant que deux choses, deux manières de penser s’opposait et que toute la construction du livre était basée sur cette dualité. Je me suis dis que j’avais loupé quelque chose. À cela, l’auteur ajoute une allusion à la nouvelle d’Henry James, L’image dans le tapis, où l’auteur se moquait du critique qui cherchait un sens à l’œuvre de l’autre et me voilà toute pensive.
La fin m’a elle laissé encore plus perplexe parce que je n’ai pas réussi à comprendre si l’auteur avait une voie ou une autre parce que finalement tout le monde est parti d’Argentine.
Extrait
Puis il déclara que les diverses formes de l’intelligence pouvaient se réduire à deux formes principales : la première, l’intelligence assimilative, celle qui agit comme une éponge et absorbe immédiatement tout ce qui s’offre à elle, qui avance, confiante, et trouve naturelles, évidentes, les relations et analogies établies auparavant par d’autres, qui est en harmonie avec le monde et se sent dans son élément quel que soit le domaine de la pensée.
[...]
Ce genre d’intelligence ne se différencie qu’en termes quantitatifs des facultés normales de tout individu, il s’agit seulement d’une accentuation du sens commun : plus de rapidité, un esprit plus pénétrant, plus d’habileté dans les opérations d’analyse et de synthèse. C’est l’intelligence des “talentueux”, ou “capables”, qui se comptent par milliers. [...] C’est l’intelligence qui s’accommode le mieux de la vie, et c’est aussi somme toute celle des grands savants et des humanistes. Elle ne recèle que deux dangers : l’ennui et la dispersion. La vanité l’incite à aborder tous les domaines, et l’excès de facilité, on le sait bien, finit par lasser.
[...]
Quant à l’autre forme d’intelligence, elle est beaucoup plus rare, plus difficile à rencontrer : elle trouve étranges et souvent hostiles les enchaînements de la raison, les arguments les plus habituels, ce qui est su et prouvé. Rien, pour elle, n’est “naturel”, elle n’assimile rien sans éprouver en même temps une certaine réaction de rejet : “C’est écrit , d’accord, se plaint-elle et pourtant ce n’est pas comme ça, ce n’est pas ça.” Et ce rejet est parfois si brutal, si paralysant, que cette intelligence court le risque de passer pour de l’aboulie et de la stupidité. Deux dangers la guettent aussi, beaucoup plus terribles : la folie et le suicide. Comment surmonter cette douloureuse remise en cause de tout, cette sensation d’être étranger au monde, ce regard n’enregistrant qu’insuffisances et lacunes das tous les liens que les autres estiment nécessaires ? Quelques-uns y parviennent néanmoins, et alors le monde assiste aux révélations les plus prodigieuses, et l’exilé de tout enseigne aux hommes à avoir un regard neuf, un regard à leur façon. Ils sont peu, très peu ; l’humanité les accueille à bras ouverts et les appelle génies. Les autres, ceux qui se perdent en route…, murmura-t-il pour lui-même, ne trouvent pas leur place au soleil. (pp. 37-39)” www.cecile.ch-baudry.com
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CHARLES Janet Skeslien---LES FIANCÉES D'ODESSA
14/07/2012 12:37
CHARLES Janet Skeslien
LES FIANCÉES D’ODESSA, Liana Levi, 2012, 414 pages
Un roman très réussi par le sujet, le style, l’humour et son actualité : le commerce intense des femmes de l’Est. Le personnage principal Daria est à la fois très atttachante, dévouée pour sa grand-mère, efficace à son travail, d’une grande beauté mais avec des conditions de travail désuètes, un manque à gagner inhumain.
Le roman coule comme un ruisseau printannier rafraîchissant, nous décrit la beauté de l’Ukraine et de ses femmes avec un attachement touchant et invitant.
Un grand roman sur les conditions de la femme, son exploitation et sa recherche de vie personnelle.
Gilles Lagrois, Auclair, Québec
Pour en savoir davantage :
résumé du livre
« Daria, vingt-cinq ans, un diplôme d'ingénieur en poche, vit seule avec sa grand-mère à Odessa, dans une Ukraine qui souffre encore des blessures du communisme. Les salaires sont bas, les emplois rares et la mafia omniprésente. Grâce à sa parfaite maîtrise de l'anglais, Daria décroche le poste envié de secrétaire dans une filiale israélienne d'import. Hélas, ce n'est pas sans contrepartie : son patron espère une récompense en natureÂ… Daria use de tous les stratagèmes pour éviter le moment fatidique, et croit avoir trouvé la solution en lui jetant son amie Olga dans les pattes. Mais Olga, arriviste et sans scrupule, rend l'atmosphère du bureau vite irrespirable.
Pour devancer les dangers d'un licenciement, Daria travaille le soir dans une agence matrimoniale : Unions soviétiques. Elle traduit les lettres que s'échangent Américains et Ukrainiennes par le biais du site internet, et sert d'interprète dans des 'soirées 'au cours desquelles les Américains viennent 'faire leur marché '. Pour trouver une solution à sa précarité, Daria se laisse à son tour tenter par le rêve américainÂ…
Mais la réalité est loin d'être à la hauteur de ses espérances. Croyant épouser un professeur de San Francisco, elle se retrouve en fait en rase campagne, aux prises avec un mari jaloux, possessif et rustre qui lui a menti sur toute la ligneÂ… Critique sur le commerce terrible des femmes de l'Est, l'auteur garde cependant un point de vue plein d'humanité et d'humour. »www.evene.fr
Ce que j'en ai pensé par une lectrice :
« Daria, 25 ans, vit seule avec Boba, sa grand-mère, dans un modeste logement à Odessa. En Ukraine le quotidien est difficile, les emplois sont rares, les salaires très bas et la corruption et les menaces de la mafia règnent en maître. Daria veut à tout prix s’en sortir. Grâce à sa persévérance et à sa parfaite maîtrise de l’anglais elle décroche un emploi d’assistante de direction dans une filiale d’import-export, mais dès sa première entrevue son patron, Mr Harmon, lui fait comprendre que coucher avec lui fait partie de son travail. Daria se refuse à accepter une telle humiliation, elle use de toutes les ruses pour éviter tout affrontement, elle propose même à sa meilleure amie de devenir la maîtresse de son patron. Malgré tout le travail lui plait, elle découvre au travers de fréquents cadeaux de clients et de son patron une vie meilleure dont Boba peut profiter, elle devient un maillon indispensable au sein de l’entreprise.
Olga qui a trouvé en Mr Harmon un pigeon à plumer, s’est prise au jeu et devient vite jalouse de Daria, elle brigue son renvoi et son emploi. Anxieuse, Daria devance un éventuel licenciement et travaille le soir dans une agence matrimoniale qui se charge de trouver de riches Américains ou Européens à des Ukrainiennes. Daria se prend à rêver elle aussi à l’Amérique : une nouvelle vie, une grande maison, un mari et des enfants loin de ce pays où elle galère. De loin la vie en Amérique semblait parfaite, mais ne fait-elle pas une erreur en ne suivant pas son destin ?
Ce livre est d’une magnifique et douloureuse beauté. Daria est un personnage qui m’a touchée dès les premières lignes, on la suit dans sa réussite mais aussi dans ses déboires. Ce récit nous confronte avec la vie difficile en Europe de l’Est où certaines femmes n’hésitent pas à s’expatrier pour fuir leur misère. Cependant ce roman n’est pas triste, bien au contraire, les dialogues ne manquent pas d’humour, des choses graves sont dénoncées avec un soupçon d’ironie, les personnages sont séduisants, même Vlad le jeune et fringant dirigeant de la mafia, même ce patron très macho au regard tendre et au sourire hésitant. J’ai bien aimé Boba la grand-mère, une vielle femme toujours de bonne humeur qui adore sa petite-fille, qui n’hésite pas à lui conseiller de choisir un Américain qui l’emmènera loin de ce monde de misères et de haine, loin des hypocrites comme Olga, même si elle ne peut imaginer finir sa vie loin d’elle. »
www.lire-visionner-créer.blogspot.ca
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CUNNINGHAM Peter---LA MER ET LE SILENCE
19/07/2012 15:32
CUNNINGHAM Peter
LA MER ET LE SILENCE, Éd. Joëlle Losfeld, 2012, 241 pages
Un bon roman qui nous fait connaître l’Irlande, ses habitants, ses coutumes, sa situation politique de l’époque et son évolution. Le personnage principal Ismay est une femme d’une grande beauté, intelligence et indépendance. Un personnage touchant qui nous fait connaître son pays, sa culture, l’évolution de sa société et des femmes. Roman écrit dans un style flamboyant et efficace.
Gilles Lagrois, Auclair, Québec
Pour en savoir davantage :
« résumé du livre
La mer et le silence s'ouvre sur un premier cahier intitulé 'Hector' : en 1946, Iz, une jeune femme dont le passé reste énigmatique, arrive à Sibrille, à côté de Monument. Elle vient s'installer dans le phare du village aux côtés de son nouvel époux, Ronnie Shaw. Elle va y mener durant de longues années une vie calme et monotone, essayant de s'accomplir au bord de ces falaises souvent battues par une mer houleuse. A cette installation dont l'origine est entourée de mystères, survient rapidement la naissance de son fils Hector. Il sera finalement sa seule source de bonheur, alors qu'elle se heurte aux infidélités et inconstances de Ronnie. Mais Hector grandit et s'engage dans l'armée.
Débute alors le deuxième cahier, nommé 'Iz '. Il revient sur les années qui ont précédé son arrivée à Monument et sa rencontre avec Ronnie. Il y est fait le récit de son secret, celui de son seul grand amour, empêché par les événements qui ont précipité l'indépendance Irlandaise et ont meurtri et déchiré nombre de familles de propriétaires anglo-irlandais, dont sont issus Iz et Ronnie. La beauté du livre est révélée par la délicatesse de l'écriture, la force des descriptions et un charme nostalgique qui s'impose lentement.
Ce roman extrêmement élégant laisse une impression durable que marque le destin absolument tragique d'Iz. Ce livre est par bien des aspects à rapprocher des romans de Sebastian Barry. Il reflète par ailleurs notre désir de développer et d'installer au sein du catalogue une histoire de la littérature irlandaise. »
www.evene.fr
Une lectrice enthousiasmée : « Je l'ai dévoré dans l'après-midi. Oui oui dévoré. Cela veut tout dire...un vrai régal de lecture. Un roman comme j'aime. Là je n'ai rien deviné. Je n'ai rien détesté. J'ai lu chaque mot avec avidité. Quelle belle histoire !
Je ne vous en dirai pas grand chose... Juste que c'est en Irlande, qu'il y a la mer...et qu'un jour un notaire reçoit deux paquets et un testament provenant d'une cliente qui vient de mourir. La très belle Iz. Ces deux paquets contiennent chacun un manuscrit. Il doit les lire et les détruire. Et...et lisez-le ! Lisez-le ! Lisez-le ! Vous l'aimerez cette Iz. D'emblée. Une vraie femme dans toutes ses émotions et ses réactions parfois stupides souvent passionnées. Oh la la je voudrais vous dire pourquoi mais je préfère vous laissez le plaisir de découvrir tout tout tout...
Peter Cunningham La Mer et le silence
« Un brave notaire, lors du décès de sa cliente préférée, réceptionne deux textes qu’elle lui confie, afin qu’il les détruise après les avoir lus. C’est un procédé poussif, mais ce roman prend de la vitesse et de la force en avançant. Le déclin des vieilles familles anglo-irlandaises en est la toile de fond. Mme Shaw raconte sa vie.
Tout le monde l’appelle Iz. Première partie, elle arrive, jeune mariée de 23 ans en 1945, dans le domaine de son mari, à Monument, petite ville inventée par l’auteur sur le modèle de son Waterford natal. Ils ont un fils, Hector, bientôt engagé dans l’armée anglaise, et envoyé en Ulster en 1970. Quel est le passé d’Iz, nul ne le sait.
Deuxième partie, Iz est une jeune fille de 21 ans en 1943, benjamine d’une famille bientôt endeuillée. Amour et lutte des classes s’en mêlent, avec cascade de quiproquos et de rebondissements. Les sentiments les plus puissants concernent la solidarité ou la rivalité féminine. Cl.D. »www.liberation.fr
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