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LE SAINT PATRON DES BACKPACKERS, roman de Dominique STRÉVEZ LA SALLE, Québec, 2015, 166 pages
21/05/2016 15:16
STRÉVEZ LA SALLE Dominique
LE SAINT PATRON DES BACKPACKERS, XYZ, 2015, 166 pages.
Un roman mais surtout un récit de voyage d'un jeune homme Québécois de dix-neuf ans en Europe de l'Est: Bratislava, Slovaquie. Budapest. Un jeune homme qui recherche l'amour ou plutôt qui aimerait avoir une première expérience sexuelle avec une belle femme de son goût. Il fait la connaissance d'un jeune homme lui aussi Québécois mais grand et du genre tombeur de femmes avec une gueule à la Marlon Brando, quelque peu arriviste et profiteur.
Un roman intime, une expérience de vie d'hommes à femmes à la recherche de conquête féminine hors Québec avec un sac à dos comme unique ménagerie.
Gilles Lagrois, Auclair, Québec
www.livresentete.vip-blog.com
NIL.JÉRÔME." NIL était assez perspicace pour se douter que je regrettais en silence ma position délicate de contrevenant aux lois de l'Union européenne et du monde entier.
"J'ébranlais sa fierté d'homme dont la valeur cardinale était de ne rien devoir à personne, je l'avais vu dans toute sa faiblesse: il me devait la liberté."
"Il me restait à apprendre combien la séduction d'une femme nécessite qu'on suspende momentanément tout orgueil personnel."
"Parler avec mon coeur, mais penser avec ma graine."
"Entraîne ton outil. Le reste va suivre."
"...les filles le sentent tout de suite que tu cherches l'âme soeur. C'est beaucoup trop lourd. Tu leur fais peur. Au début, les filles veulent s'amuser. Faut pas brûler les étapes. Arrête de faire la diva, cibole!"
"Toi, tu vois juste l'absolu."
"Tout est à tout le monde."
"Mais si je partais, il faudrait qu'il s'arrange sans sa vache à lait!"
Pour en savoir davantage:
" Le saint patron des backpackers, premier roman de Dominique Strévez La Salle, se fond avec le récit de Jérôme Baril, un jeune roux romantique de 19 ans qui a quitté la maison familiale de Saint-Silence-sur-la-Lièvre, dans l’Outaouais, pour s’offrir une année « sabbatique » en Europe après son cégep. Avec son sac à dos et un cahier Canada rempli de poèmes. Et investi d’une « mission fondamentale » : perdre sa virginité.
« À dix-neuf ans, les lois du sexe me semblaient aussi mystérieuses que le boson de Higgs. Ma fascination pour les femmes était vouée à une déception perpétuelle, frustrante, d’autant plus que le sexe semblait aller de soi pour tout le monde. Tout le monde fourrait. »
De Munich à Budapest, en passant par Bratislava et le nord de la France, ce court roman d’apprentissage et de fascination se résume à quelques mois de découvertes et de galère voyageuse, dont l’apothéose, dans une auberge de jeunesse de Bratislava, sera sa rencontre avec Nil, un autre Québécois. Plus vieux de quelques années, cet ancien étudiant en philosophie, anarchiste et activiste de l’ombre, « vénère le rire et le sexe comme les plus grands biens de la Terre ». Avec sa voix d’une autre époque,« comme un vinyle de Plume Latraverse, la gravelle des chemins de rang pognée dans la gorge », il roule sa bosse en Europe depuis déjà quelques années.
Aux yeux de son cadet, avec son charisme et sa grâce naturelle, Nil n’est rien moins qu’un dieu, l’incarnation même de la route, de la liberté, d’un infini pouvoir de séduction. Un professeur de désir doublé d’un road bum, avec qui se succèdent les magouilles, les beuveries à coups de grosses Pilsner Urquell et les petites trahisons.
Ni femme, ni dieu, ni maître
Mais toujours pas de femme pour Jérôme, jamais bien loin pourtant de ces beautés slaves qui lui font tourner la tête, lui qui semble jouer toute son existence à chacune de ses manoeuvres d’approche. « Je me vautrais dans mon drame personnel, j’écrivais dans ma tête des poèmes qui me faisaient saigner par en dedans, mais rien n’était plus fort que la croix de Gaspé plantée dans mon jeans. »
http://www.ledevoir.com/culture/livres/449244/critique-la-lecon-de-cynisme-du-professeur-de-desir
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POUR L'AMOUR DE DIMITRI, roman de Didier LECLAIR, 2015, 218 pages, Québec
24/05/2016 17:03
LECLAIR Didier
POUR L'AMOUR DE DIMITRI, roman, Indociles, 2015, 218 pages, Québec
Un roman touchant qui affecte trois générations d'hommes. La rancune d'un fils buté contre son père alcoolique après la mort accidentelle de sa mère.Un roman mais également une histoire vraisemblable où il arrive dans la vie des moments de bonheur mais également des moments de difficultés accidentelles parfois incontournables.
Un roman remarquable et un auteur de talent à découvrir pour sa qualité d'écriture.
Gilles Lagrois, Auclair, Québec
www.livresentete.vip-blog.com
"Le bonheur vient de soi."
"La gloire, c'est toujours un miroir collé dans votre dos qui agrandit votre reflet. Seuls les autres ont toujours ce privilège de vous imaginer plus grand que nature."
"Cet Hindou t'a enlevé le goût de boire et il a rouvert le robinet à paroles.Je ne sais pas ce qui est pire."
"L'année suivante, la situation empira et je mêlai l'alcool à ma détresse."
"Mon rôle de mari fut un fiasco, celui de père un échec."
"Le fond d'un adulte n'est pas forcément mauvais ; il est fait de lueurs claires et obscures."
"Quelquefois, la fuite est la seule opteion quand on est mal dans sa peau."
"Mon petit-fils m'aime; mon fils me déteste."
"Tout le monde a son jardin secret."
Pour en savoir davantage:
"Ayant touché le fond du baril, Adrian s’est longtemps battu pour remonter à la surface. Son fils Rodney refuse toutefois de lui adresser la parole et ne veut d’aucune façon se réconcilier. En effet, il lui en veut pour le décès de sa mère, même si Adrian jure qu’il n’y est pour rien.
Heureusement qu’Adrian a Sarah, sa belle-fille, Max, son ami revenu du bout du monde, Henry, son patron grincheux, Lucy, son amoureuse et, surtout, Dimitri, son petit-fils adoré. Malheureusement, Rodney, séparé de la mère de Dimitri, Sarah, ne veut plus que son père voit son fils, en raison de l’influence qu’il exerce sur lui."
Né à Montréal, Didier Leclair a vécu son enfance en Afrique et habite aujourd’hui à Toronto. Lauréat du Prix Trillium avec son roman, Toronto, je t’aime, il a été finaliste du Prix du Gouverneur général pour Ce pays qui est le mien.
Indociles, http://editionsdavid.com/2015/09/lamour-dimitri-didier-leclair/
"Didier Leclair a récemment publié un roman sur les relations père-fils et l’action se déroule entièrement à Toronto. Dans Pour l’amour de Dimitri, il nous fait découvrir comment «l’adulte, par définition, est un être qui trahit». Ces trahisons sont le plus souvent involontaires.
Le personnage principal et narrateur est Adrian Kavanagh, un employé dans une quincaillerie de la rue Eglinton. Grand-père de Dimitri, 3 ans, Adrian a une relation extrêmement tendue avec son propre fils et père du petit garçon, Rodney. «Mon petit-fils m’aime; mon fils me déteste. Je donnerais tout à ce moment précis pour prendre la place de ma défunte femme.»
Adrian a eu des problèmes d’alcool, mais semble avoir tourné la page sur la dive bouteille. De ses années d’ivrognerie solitaire, il n’a gardé qu’un seul ami avec qui il partageait un verre, Henry. Ce dernier, qui a une «tête de moine tibétain», l’a engagé comme comptable à sa quincaillerie et l’a guidé dans sa désintoxication.
Un des personnages les plus colorés du roman est un ancien confrère de classe d’Adrian lorsqu’il étudiant à l’Université de Toronto. Max Landry est un homosexuel qui s’est longtemps travesti et qui a beaucoup voyagé au bras de jeunes hommes élégants/élégantes. Didier Leclair décrit en long et en large certains de ces voyages, notamment en Transylvanie (Roumanie) et à Prague.
À travers l’amitié qu’Adrian nourrit pour Henry et Max, nous en venons à découvrir que son «rôle de mari fut un fiasco, celui de père, un échec». Didier Leclair met en scène ses personnages pour nous faire découvrir que, une fois la colère finie, il nous arrive souvent de trouver l’amour. Son roman est une fine analyse de la condition humaine.
Tel que mentionné plus tôt, l’action du roman se passe en grande partie à Toronto. Outre la quincaillerie de la rue Eglinton, il y a un bar de la rue Queen, le quartier des Beaches, un restaurant éthiopien près de la station de métro Ossington, l’hôtel The Drake sur Queen Ouest, le terrain de jeu à High Park et le Bloor West Village, pour ne nommer que quelques-uns des lieux fréquentés par les personnages.
Il n’y a pas que les relations père-fils au cœur de ce roman. Le vécu d’un couple séparé, celui d’un veuf qui découvre une nouvelle flamme, celui de deux anciens alcooliques devenus meilleurs amis ou celui de deux travestis gais servent à illustrer «l’urgence de deux âmes inflammables, risquant la combustion spontanée par excès d’affection».
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LA FEMME QUI FUIT, roman de Anaïs BARBEAU-LAVALETTE, 2015, 376 pages
31/05/2016 15:51
ANAÏS BARBEAU-LAVALETTE
LA FEMME QUI FUIT, roman, Éditions Marchand de Feuilles, 2015, 376 pages, Québec
La vie de SUZANNE MELOCHE, femme de MARCEL BARBEAU,une biographie qui a les allures, la démarche d'un grand roman tant sa vie est intense et survoltée.
Une vie qui se lit d'un trait tant nous sommes assoiffés , avides de connaître les péripéties de la vie de cette femme unique ayant la force d'un volcan en éruption continue.Une vraie vie et non une fiction.
Une vie éclatée, incohérente. Une vie bouleversante de rescapée.
Une vie comme un tableau tragique et fabuleux. Toute sa vie, elle a vécu sa différence. Ce sentiment de non-appartenance, elle le porte depuis l'enfance.
Une vie de liberté, une vie volcanique chaude comme l'enfer.
Une vie tortueuse de solitaire avide d'indépendance, de liberté. Une voie à sens unique. Une vie de risques à prendre pour survivre à soi-même. Rien n'est jamais pareil car tu es différente, toujours prête à continuer. Alors chaque fois tu te relèves comme une morte survivante.
Une vie de talent, une vie dramatique car elle est différente depuis toujours. Elle se sent libre de choisir sa vie.
"Tu te sens enfant dans un projet trop grand. Qui t'excite et qui t'effraie. Une poétesse ontarienne. Le défi te plaît."
Un grand livre, une grande vie, une femme exceptionnelle à découvrir par une auteure au talent d'écriture fascinant. Un livre inconditionnel à lire, une auteure à découvrir pour son immense talent comme sa grand-mère maternelle.
Gilles Lagrois, Auclair,Québec
www.livresentete.vip-blog.com
Pour en savoir davantage:
"Anaïs Barbeau-Lavalette n'a pas connu la mère de sa mère. De sa vie, elle ne savait que très peu de choses. Cette femme s'appelait Suzanne. En 1948, elle est aux côtés de Borduas, Gauvreau et Riopelle quand ils signent le Refus Global. Avec Barbeau, elle fonde une famille. Mais très tôt, elle abandonne ses deux enfants. Pour toujours. Afin de remonter le cours de la vie de cette femme à la fois révoltée et révoltante, l'auteur a engagé une détective privée. Les petites et grandes découvertes n'allaient pas tarder.
Enfance les pieds dans la boue, bataille contre les petits Anglais, éprise d'un directeur de conscience, fugue vers Montréal, frénésie artistique des Automatistes, romances folles en Europe, combats aux sein des mouvements noirs de l'Amérique en colère; elle fut arracheuse de pissenlits en Ontario, postière en Gaspésie, peintre, poète, amoureuse, amante, dévorante… et fantôme.
La femme qui fuit est l'aventure d'une femme explosive, une femme volcan, une femme funambule, restée en marge de l'histoire, qui traversa librement le siècle et ses tempêtes
.
Pour l'auteur, c'est aussi une adresse, directe et sans fard, à celle qui blessa sa mère à jamais."
L'ÉDITEUR
Les libraires craquent
· Les libraires conseillent (octobre 2015) par la librairie Les libraires
« Dans un récit poignant sur la filiation et la transmission générationnelle des blessures de l’âme, Anaïs Barbeau-Lavalette trace le portrait de la grand-mère qu’elle n’a jamais connue : Suzanne Meloche, signataire du Refus global, alors conjointe du peintre Marcel Barbeau, qui abandonna ses enfants en bas âge. D’une manière très personnelle, elle évoque la vie hors du commun de cette femme et de son époque liée d’une manière intrinsèque à notre mémoire collective. Un roman-catharsis écrit avec le talent qu’ont les cinéastes pour les images fortes et la sensibilité d’une femme blessée par la courtepointe psycho-généalogique familiale. Un roman touchant qui se devait d’être écrit. »
Denis Gamache, librairie Au Carrefour (Saint-Jean-sur-Richelieu)
· Le meilleur de 2015 par la librairie Les libraires
Un style magnifique, un sujet prenant, une sensibilité certaine. Cette lecture fait partie des grands coups de la rentrée littéraire. L’auteure trace le portrait de sa grand-mère, une figure qu’elle a à peine connue. Suzanne Meloche a côtoyé les signataires du Refus global, a été l’épouse du peintre Marcel Barbeau et a vécu une vie étonnante.
- Dominique Lemieux, Les libraires
· Les libraires craquent! par la librairie Les libraires
« Un récit poignant et sensible. Une lecture inoubliable, fulgurante. Un immense coup de cœur. » - Alexandra Mignault, Les libraires
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LA BÊTE À SA MÈRE, roman de David GOUDREAULT, Stanké, Québec, 2015, 230 pages
03/06/2016 21:59
GOUDREAULT David
LA BÊTE À SA MÈRE, Stanké, 2015, 230 pages
Roman réaliste et bouleversant de la vie d'un jeune homme dont la mère avait des comportements suicidaires,psychiatriques. Il en était témoin dès l'âge de quatre ans.À l'âge de seize ans il avait déjà fait le tour des familles d'accueil.Il devient un délinquant. Un antisystème pourri.Un marginal qui contre-attaque.
Il se sentait victime de ses rencontres et en amour également. Il en voulait davantage. Il avait si peu.Il devient un jeune homme arrogant. Tout lui est toujours dû: son intérêt d'abord. Même en amour et en amitié, il se sert d'abord. Un personnage décadent malmené par la vie, un amoral qui fait souvent un mauvais calcul pour un être obligé de toujours tout calculé vu sa condition de perdant. Un menteur qui se ment à lui-même. Une vie vide de sens. Un vie de blessé, de profiteur désespéré, toujours apeuré.
Un roman de bandes dessinées, un roman actuel, d'hier, de demain.
L'auteur est un pince-sans-rire par ses audaces d'images, de vocabulaire genre premier niveau. Un rigolo littéraire. Il nous offre une peinture sociale dans un monde d'arnaques, de frimes.Écriture joviale, imagée, moderne. Une écriture de bandes dessinées. Une critique, une analyse sociale d'une vie possible. Un auteur de talent, spontané, alerte, à l'esprit vif.Un auteur à connaître, à decouvrir. Une écriture réfléchie, songée.
Gilles Lagrois, Auclair, Québec
www.livresentete.vip-blog.com
Pour en savoir davantage:
« Ma mère se suicidait souvent. Elle a commencé toute jeune, en amatrice. Très vite, maman a su obtenir la reconnaissance des psychiatres et les égards réservés aux grands malades. Pendant que je collectionnais des cartes de hockey, elle accumulait les diagnostics. »
Le drame familial d'un homme seul. Et des chats qui croisent sa route."
Éditons -Stanké.com
" À 34 ans, David Goudreault, travailleur social de formation, publie un premier roman décapant, très difficile à prendre au premier degré.
On apprend dès le prologue qu’il y a un cadavre. On ne saura qu’à la toute fin qui est mort et dans quelles circonstances. On sait déjà qu’on a entre les mains ce qui a tout l’air d’une confession.
Puisque tout se joue dès l’enfance, c’est là que commence le récit. « Ma mère se suicidait souvent », confie le narrateur. Dès l’âge de 4 ans, l’enfant qui vivait seul avec sa mère a dû affronter les penchants autodestructeurs de sa maman, bourrée de médicaments et traitée aux électrochocs, en vain.
Pas traumatisé le moins du monde, affirme-t-il pourtant. « Contrairement à ce que prétendent les rapports officiels, je n’étais pas affecté par ses habitudes. Quand maman sortait la tête de ses enfers, c’était une femme merveilleuse. Les spécialistes peuvent bien aller se pendre eux aussi, avec leurs pseudo-analyses de nos liens d’attachement. »
De tentative de suicide en tentative, le comportement de la mère a fini par alerter les services sociaux. Est arrivé ce qui devait arriver : on l’a séparée de son petit. « Pour ma sécurité et son équilibre », précise le fils.
Il avait 7 ans. Il ne l’a jamais revue. « Cela m’a paru aussi logique que d’interdire la neige en hiver ou la sloche au printemps. Je savais bien, moi, qu’elle ne mourrait jamais et qu’il n’y avait que ses berceuses pour m’apaiser. On était une famille spéciale, mais une famille quand même. On avait besoin l’un de l’autre. »
Tout cela aurait pu donner lieu à une histoire misérabiliste. C’est plutôt de l’ascension de la rage dont il est question. Car on a affaire à une petite crapule, sans foi ni loi. Dont les actes de violence vont aller en augmentant.
Comme si avoir été séparé de force de sa mère à l’âge de 7 ans justifiait tout. Comme s’il s’agissait de circonstances atténuantes concernant son comportement inadmissible sur qui personne n’a de prise. Comme si, à partir du moment où l’enfant a été privé de sa mère, même non fonctionnelle et suicidaire, l’engrenage était inévitable. C’est du moins la version du narrateur.
Son seul réconfort dans sa descente aux enfers : les livres. Qui affinent son vocabulaire, alimentent son imaginaire. Et lui servent de repères pour philosopher à ses heures. Il nourrira aussi le rêve de devenir rappeur, tout passionné de hip-hop qu’il se révélera à l’adolescence, mais le passage à l’acte sera sans cesse reporté. Trop de hargne et de besoins primaires à combler avant tout.
Rage au coeur
Loin d’en vouloir à sa mère, il l’adule, l’idéalise. C’est aux autres qu’il en veut, à ceux qui les ont séparés. Il rage aussi contre les familles d’accueil qui se succèdent dans sa vie : il se sent traité comme un moins que rien. Il juge ceux qui empochent un chèque du gouvernement sous prétexte de (mal) prendre soin de lui. Peu à peu, il s’en prend cruellement à leurs petits animaux de compagnie. Il en vient à commettre de petits larcins, à multiplier les mauvais coups.
Devenu jeune adulte, carburant à l’alcool, à la drogue, aux amphétamines, il s’enfonce dans la criminalité. Il ne veut rien savoir des normes, rit des règles, profite de toutes les bonnes âmes qu’il croise, sans scrupule. Et il ajoute jour après jour des noms sur sa liste de vengeance : tous ces gens qui n’ont pas été à la hauteur de ses attentes, qui lui ont fait du mal...
Pas moyen, bien sûr, d’avoir de la sympathie pour cet antihéros qui se croit tout permis. Qui n’est pas sans faire penser, par certains côtés d’ailleurs, aux ploucs détestables mis en scène par François Barcelo dans ses polars déjantés. Mais en pire.
Le narrateur de La bête à sa mère a tous les défauts : non seulement cet accro à la porno et aux jeux de hasard est-il violent, il se montre manipulateur à l’extrême, harceleur de première. Aussi sexiste que raciste ou homophobe, il s’assume, sûr de son bon droit.
Tout cela est justifié à ses yeux. Car, pour ce petit salaud imbu de lui-même : « On est salaud dans la mesure où la vie est une salope. » Son expression préférée : « C’est documenté. » Du style : « Les liens du sang sont plus forts que tout, c’est documenté. » Ou : « On ne se pointe pas chez les gens les mains vides. Il faut des fleurs ou une arme, c’est documenté. » Ainsi de suite…
C’est au-delà des événements comme tels que La bête à sa mère est vraiment intéressant, si on peut dire. Dans la charge sociale sous-jacente au roman. Une charge à tous les vents, sans retenue aucune, qui se plaît à l’exagération. Contre le monde pourri, corrompu, hypocrite, égocentrique. Contre la loi du plus fort, la course à l’avoir et au paraître. Contre la déshumanisation généralisée.
Comment, dans un tel monde, seul à se défendre depuis l’enfance, éviter la rancoeur, la déviance ? La bête à sa mère pourrait se lire comme un cri du coeur. Malgré la plume au vitriol de David Goudreault. Malgré l’humour rentre-dedans qui parsème son roman. Ou peut-être grâce à cela : c’est entre les lignes que ça se passe."
http://www.ledevoir.com/culture/livres/441286/litterature-quebecoise-la-quete-de-la-mere
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LE CONTINENT DE PLASTIQUE, roman de David TURGEON, 2016, 307 pages, Québec
26/06/2016 17:06
TURGEON David
LE CONTINENT DE PLASTIQUE,roman, Le Quartanier, 2016, 307 pages, Québec
Roman à l'écriture intense, éclairée surtout précise.Un monde des lettres, écrivains, éditeur, consultant. Un monde d'intellectuels.
Un roman avec des sujets d'actualité tant culturels qu'économiques et planétaires. Il y a de l'art et de la philosophie dans l'air du temps. Un monde imaginaire à notre portée.
Gilles Lagrois, Auclair, Québec
www.livresentete.vip-blog.com
"Chacun sait que la véritable matière--celle qui fait les bons livres--vient à soi par adon, rencontre du hasard et de cette curiosité..."
"Est-ce à cette époque que j'appris l'existence du continent de plastique, cette amérique de déchets couvrant les eaux du Pacifique?"
"Le continent de plastique n'est pour le moment qu'une idée scientifique un peu folle...notre projet constituera un enjeu géopolitique excessivement complexe."
"Mais envisager l'avenir, n'est-ce pas l'un des stratagènes les plus féconds dont dispose notre esprit pour appréhender la réalité présente? "
"Le grand amour est une maladie juvénile: passé un certain âge,on n'en souffre plus. Mêler la raison aux sentiments, un projet de vie commune."
"...au simple appel d'un désir, toutes mes contraintes morales s'étaient évanouies."
Résumé
"Les biographes ont établi que le prolifique auteur de L’ouvreuse de cinéma, de Rentrer de noirceur et de bien d’autres titres a eu recours, pendant pas moins de dix ans, à un assistant. Quel a été le rôle exact de cet assistant dans l’écriture des romans de cette période? À quelles autres plumes a-t-il secrètement prêté son concours? Dans quelles circonstances a-t-il rencontré l’épatante Denise Bruck, grand amour de sa vie? Quelle était la nature de leurs liens avec la mystérieuse Fondation Schasch? Et que venait faire le continent de plastique dans toute cette histoire? À ces multiples questions je crois pouvoir donner une réponse complète et satisfaisante. Cet assistant, c’était moi.
L'éditeur
"David Turgeon ambitionne avec Le continent de plastique d’inventer par la fiction une nouvelle manière de vivre, tout en parodiant – non sans douceur et bienveillance – les us d’un certain milieu littéraire. Discussion en compagnie d’un écrivain pour qui le politique se terre partout.
Nous pourrions d’emblée vous signaler que Le continent de plastique n’est pas un roman fantastique. Cette remarque relèverait du domaine de l’évidence, autant que si nous vous rappelions que le plus récent album de Louis-Jean Cormier ne contient pas d’élucubrations freejazz. Et pourtant, bien qu’il ne s’agisse pas du tout d’une œuvre fantastique ou de science-fiction, Le continent de plastique, troisième roman de David Turgeon, ne se situe pas exactement dans le réel, mais plutôt quelque part dans sa proche marge.
Prémices tout ce qu’il a de plus simple : un « rutilant doctorant ès littératures écrites et dessinées » décroche un emploi comme assistant d’un écrivain réputé, à la fois célébré par la critique et admiré du grand public. « Le maître avait réussi une manière de grand écart : romancier exigeant, il obtenait un certain succès populaire; personnalité médiatique, il émanait l’intelligence, la sûreté de jugement. »
Alors que le jeune littéraire épaule son patron dans l’écriture de chacun de ses nouveaux romans – Le continent de plastique épouse le rythme de ses parutions sur quinze ans –, la possibilité qu’il devienne un jour lui-même l’auteur patenté qu’il se voyait devenir s’évaporera, pendant qu’autour de lui papillonnera un petit groupe d’ambitieux thésards affectueusement surnommés les « quatre cavaliers de l’apocalypse ». Un milieu permettant à Turgeon de doucement parodier l’amour entretenu dans les corridors de certaines universités pour le sujet outrancièrement pointu, bien que la raillerie n’ait jamais autant ressemblé à une forme d’hommage qu’à travers les yeux de l’écrivain aussi connu pour son important travail de bédéiste.
Mais pourquoi disions-nous que ce roman – et son histoire en apparence ordinaire – se situe dans la proche banlieue du réel, mais pas exactement dedans? Parce que David Turgeon adore brouiller les repères géographiques (son roman se déroule dans une ville inventée) et qu’il se plaît à persiller son récit de digressions surgissant toujours comme un cheveu sur la soupe."
http://revue.leslibraires.ca/entrevues/litterature-quebecoise/david-turgeon-alors-on-danse
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